Véronique décembre - 16 - 2008
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On peut lire dans de nombreux articles, livres, sites Internet les effets bénéfiques que peuvent avoir des activités associant l’animal (aaa) avec un chien, auprès d’adultes ou d’enfants malades, handicapés, ayant des troubles émotionnels et/ou de la communication…
Si ces effets bénéfiques sont régulièrement cités, en revanche, les questions de bien-être, de bientraitance du chien dans le cadre de telles activités sont, quant à elles, bien moins souvent abordées.
Comment appréhender l’état de santé du chien impliqué dans de telles activités? Comment repérer les signes de souffrance et de malaise et quelles attitudes adopter ? Les besoins comportementaux du chien sont-ils satisfaits ? Comment le chien perçoit-il le contact et les activités avec l’homme au cours de séances d’aaa ?
Ce cadre de questions n’est bien sûr pas exhaustif, certaines réponses pouvant susciter de nombreuses autres interrogations…
Au fil de quelques billets, je tenterai d’évoquer quelques-unes de ces questions.
Pour commencer, j’ai choisi d’évoquer des définitions et théories assez générales qui pourront nous guider par la suite dans ces questionnements autour de la bientraitance vis-à-vis du chien
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PREMIERE PARTIE: DEFINITIONS

Définition de la douleur

L’IASP (International Association for the Study of Pain) définit la douleur comme : « une expérience sensorielle et/ou émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle qui provoque des réactions motrices et végétatives protectrices conduisant à une modification du comportement spécifique de l’individu».

Définition du stress

En biologie, l’usage du terme de stress date du début du vingtième siècle. C’est à Hans Selye, chercheur canadien, que revient véritablement l’introduction du terme stress dans le langage médical. Il définissait le stress comme une réponse non spécifique du corps à une agression ou plus précisément « une réponse physiologique de l’organisme face à une situation non programmée ».
D’après Selye, répondre aux sollicitations externes tout en maintenant une relative stabilité du milieu intérieur demande à l’organisme des ajustements permanents. Le stress est décrit comme un syndrome général non spécifique avec une phase d’alarme, puis de résistance. Une troisième phase peut apparaître, celle de l’épuisement, lorsque la réponse à la demande ne peut plus être honorée.
Le stress physiologique est nécessaire aux rythmes biologiques, « à la fixité du milieu intérieur » selon Claude Bernard, à « l’homéostasie » selon Canon. Tous les rythmes biologiques, aminergiques, métaboliques, endocriniens, cellulaires, veille-sommeil sont modulés par les afférences extérieures. En revanche, une stimulation excessive, par son intensité, sa durée ou sa répétition est dangereuse et peut, si elle dépasse les capacités d’adaptation du sujet, laisser un état pathologique irréversible.
Dans le syndrome de stress défini par Selye, on déduit aisément que la pathogénicité du stress ne réside pas dans la nature de l’agent, mais dans sa durée. Dans cette conception, il s’établit un continuum entre la résistance, du domaine de la physiologie et l’épuisement et la rupture, du domaine de la pathologie.
Le terme de stress recouvre aujourd’hui un processus complexe impliquant différents systèmes en interaction. On distingue le « stress cognitif », c’est-à-dire reconnu directement par le système nerveux central (blessures physiques, émotions) du « stress non cognitif », c’est-à-dire perçu de façon secondaire (infection et inflammation). En fait, le terme cognitif suppose le traitement des perceptions par différents systèmes de mémoire, traitement qui lui même dépend du contexte émotionnel et donc du stress. Par ailleurs, des stress « non cognitifs » auront un retentissement sur le système nerveux qui pourra s’exprimer sous une forme psychique. Une différenciation stricte a donc un caractère un peu illusoire.

Théorie du coping

A la différence de la théorie du stress, qui a un profond ancrage biologique, la théorie du coping a été formulée par des psychologues davantage concernés par la manière dont l’individu fonctionne que par sa structure. En anglais, « to cope with » veut dire faire face à de manière active. Selon la théorie du coping formulée par Lazarus et Folkman dans les années 50, l’individu ne subit pas passivement les contraintes du milieu environnant. Il est actif et face à la contrainte, il forme une perception et une représentation mentale de la situation. Ceci va l’amener à mettre en place des stratégies d’ajustement.
A la différence de la théorie de Selye qui établit une relation linéaire entre l’événement et la réaction, la théorie du coping introduit un certain degré de liberté qui va assurer un découplage, en quelque sorte, entre l’événement et la réaction. C’est donc dire que l’adaptation n’est pas réductible au seules modalités physiologiques et comportementales ; elle est fonction de ce que permet l’appareil mental.
Ainsi, cette théorie tend à montrer, que ce qui est déterminant, ce n’est pas le stress réel, mais c’est le stress perçu par le sujet. Elle introduit donc une grande part de subjectivité.

Définition du bien-être

Il existe de nombreuses définitions à la notion de bien-être.
D’une manière générale, on entend par bien-être un état physique et mental d’harmonie avec l’environnement. Cependant, la dimension esthétique de cette notion d’harmonie est peu compatible avec une démarche scientifique objective.
En fait, la grande diversité des points de vue peut s’ordonner en trois grandes catégories. La première met l’accent sur l’état de santé, la seconde fait jouer un rôle important aux capacités d’adaptation et la troisième prend en compte le monde subjectif de l’animal.
Ainsi, certains auteurs mettent l’accent sur l’absence de souffrance. Pour eux, le bien-être est un état de bonne santé physique et mentale, caractérisé par l’absence de maladie, de stress, de douleur et d’inconfort. (Dawkins, 1983)
D’autres insistent sur les capacités d’adaptation des animaux. Ainsi, selon Broom (1988) :
« Le bien-être fait référence à l’état d’un individu faisant face à son environnement, c’est-à-dire pouvant s’y adapter ».
Enfin, la notion de bien-être renvoie directement à la perception que l’individu a de la situation. Si les animaux sont des êtres sensibles, ils sont capables de percevoir et de se représenter leur environnement.
Selon Claude L. Milhaud, « chacun, par sa sensibilité, son expérience, ou son bon sens, peut donner une définition du bien-être animal. Cependant le caractère fondamentalement empathique de la définition proposée lui retire, dans l’immense majorité des cas, toute objectivité. Par ailleurs, il peut être constaté que cette définition, très variable dans ses termes selon l’interlocuteur, est fortement influencée par la société dans laquelle ce dernier vit. »

Définition de la souffrance

Pas plus que pour la notion de bien-être, il n’y a d’unanimité sur la façon de définir et reconnaître la souffrance. L’état de souffrance s’oppose à l’état de bien-être.
La difficulté majeure dans l’étude du bien-être et de la souffrance est de décider à partir de quand, en terme d’intensité ou de durée, un état émotionnel désagréable est source de souffrance.

Définition de la bientraitance

Selon Claude L. Milhaud, « la bientraitance, traduction du mot anglais welfare constitue, pour une société donnée, en la formalisation morale ou règlementaire, d’une volonté visant à satisfaire les besoins physiologiques et comportementaux propres à chaque espèce et à chacun de leurs milieux de vie, dans le but d’atteindre, chez l’animal, un état imaginé comme comparable à l’état de bien-être chez l’homme. Cette formalisation, à visée pratique, se fonde sur un consensus prenant en compte la sensibilité du public, les contraintes légales, l’expérience des professionnels et les progrès réalisés dans la connaissance objective des besoins des animaux. »
Pour Claude L. Milhaud l’intérêt à la notion de bientraitance résiderait dans le fait que : « ne s’intéressant qu’à des faits et non pas à un principe plus ou moins confus, la souplesse du concept de bientraitance autorise un dialogue ouvert, relativement apaisé, capable d’aboutir aux équilibres qui restent à établir entre les souhaits des protecteurs des animaux, les responsabilités du législateur et les contraintes des professionnels. »

Prochainement, je me pencherai sur les différentes approches scientifiques permettant d’apprécier les notions de bien-être et de souffrance, plus particulièrement chez le chien.

Pour en savoir plus:

Bibliographie

BURGAT, F., DANTZER. R.
Les animaux d’élevage ont-ils droit au bien-être ? 1e édition. Paris : INRA, 2001. 191 p.

MILHAUD, C Activités associant l’animal : du bien-être animal à la bientraitance. Compte-rendu des rencontres francophones sur les activités associant l’animal (8 et 9 décembre 2005)

RULIE, M. Etude bibliographique des notions de bien-être et de souffrance animale dans le cadre de la relation homme-carnivores de compagnie. Th : Med.vet : Toulouse : 2002-TOU 3, 27.

THURIN, J.M., BAUMANN, N. Stress, pathologies et immunité.  1er édition. Paris : Flammarion, 2003, 125-133.

VOISIN-DEMERY, V. Contribution à l’étude des modifications comportementales d’origines immunitaire et inflammatoire chez les animaux. Th : Méd.vet : Toulouse : 2004-TOU 3, 17

Véronique

 

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