Nicolas Perez janvier - 7 - 2009
avatar

Afin d’éviter toute polémique, je tiens à préciser que je ne vais pas m’appesantir sur ce qu’il me semble être le plus approprié comme définitions en médiation animale. Je n’ai pas cette prétention et connaître ma position sur ce sujet n’est pas difficile pour qui se donne la peine de chercher…

Je veux seulement vous faire part de passages que j’ai selectionné d’un article Wikipédia traitant de la communication. Je l’ai trouvé extrêment pertinent et particulièrement éloquent. Il démontre intrinsèquement l’importance d’adopter des définitions communes (en l’occurence pour nous: en médiation animale) avant même qu’une reconnaissance de cette activité puisse être envisagée.

Je me permets de citer avant d’entrer dans le vif du sujet « Le prince » de Nicolas Machiavel « Jamais les hommes ne font si bien que par nécessité; mais là où chacun, pour ainsi dire, est libre d’agir à son gré et de s’adonner à la licence, la confusion et le désordre ne tardent pas à se manifester de toutes parts».

La communication est l’action, le fait de communiquer, d’établir une relation avec autrui, de transmettre quelque chose à quelqu’un, l’ensemble des moyens et techniques permettant la diffusion d’un message auprès d’une audience plus ou moins vaste et hétérogène et l’action pour quelqu’un, une entreprise d’informer et de promouvoir son activité auprès du public, d’entretenir son image, par tout procédé médiatique.

De cette communication découle différents enjeux :

1 – Aspects culturels

La communication est le vecteur de la connaissance et de la culture. Envisager la culture sur un plan strictement individuel, comme celle d’un érudit, serait négliger les aspects de civilisation. La communication constitue le mode d’échange pour des communautés de personnes souhaitant partager des cultures communes.
Au niveau historique, depuis quelques décennies, les historiens (école des Annales) ont montré l’importance des représentations sur ce point. On peut remonter aux modes de communication du Moyen Âge (voir Georges Duby). Les historiens contemporains prennent en compte le contexte culturel, afin d’éviter les erreurs d’interprétation (historicisme).
Aujourd’hui comme hier, la communication et ses canaux sont les moyens de diffuser des informations à caractère culturel – au sens large – sur les évènements, les découvertes et les traditions, et d’en garder la trace.

Les entreprises elles-mêmes deviennent sensibles à cet aspect des choses lorsqu’elles entretiennent une culture d’entreprise.

La culture d’une communauté de personnes est sans doute l’élément le plus déterminant du contexte.

2 – Identité

L’image que nous donnons doit être confirmée par autrui. Le fait que le rôle, le statut et la place des acteurs soient bien identifiés permet aux interlocuteurs de se reconnaître dans une position sociale, d’éviter les mal-entendus, les conflits, et d’assurer la crédibilité. L’identité situationnelle du locuteur est repérable dans l’énonciation.
Pour une entreprise, l’image de marque correspond à l’identité de l’entreprise perçue par ses parties prenantes. Toute atteinte à l’image de marque est un risque de réputation, préjudiciable à la bonne marche de l’entreprise, à sa crédibilité, et à la confiance que lui accordent ses clients.

3 – Souveraineté

Une communication habile peut faciliter les processus d’influence, légaux ou non. Le phénomène de développement des ONG dans le contexte de mondialisation est révélateur à cet égard. La souveraineté et l’indépendance des États peut être menacée par la prolifération de messages non contrôlés en source ouverte.
La communication est une composante essentielle de la diplomatie et de l’exercice de la souveraineté d’un État. Lorsqu’un chef d’État ou un représentant d’un gouvernement s’exprime lors d’une réunion internationale, d’un sommet de la Terre, d’une conférence internationale sur un sujet d’intérêt mondial (commerce international, gestion de l’eau, santé, biodiversité), la communication est essentielle sur le plan de la perception de l’autorité.

En réalité, sur le fond, la communication cherche bien à répondre à l’un des objectifs suivants :
• faire passer une information, une connaissance, ou une émotion ;
• créer une norme commune pour se comprendre ;
• créer une relation pour dialoguer fréquemment, ou relancer le dialogue ;
• obtenir une influence pour inciter l’autre à agir selon sa volonté ;
• donner son identité, sa personnalité au tiers, pour être connu.

Adaptons ces enjeux à la médiation animale : des définitions communes vont permettre :
– un enrichissement des pratiques par une mise en communauté des expériences de chacun. Or, ce n’est qu’en adoptant un langage « formel » [1] que celle-ci ne sera possible.  Ce qui évitera ainsi ambiguïté et conflit, vecteurs de divisions.

– Ces discours « communs » permettront de donner une meilleure crédibilité à la pratique des AAA. En effet, penser qu’employer un concept ou un autre pour la même chose est sans importance est une erreur fondamentale !!! Jouer (volontairement ou involontairement) sur une confusion sémantique auprès des élus ou au sein des institutions auxquelles les activités sont proposées ne peut que nuire au bon développement des A.A.A.
Un exemple : Je propose de la thérapie. Le sens que je donne à thérapie n’est pas le même que celui qu’emploie l’institution. Mes résultats sont « corrects » mais ne correspondent pas à l’attente que peut avoir l’institution d’une thérapie ; je nuis à l’ensemble des professionnels … Evidents non ?

Il faut donc être extrêmement attentif au discours employé, aux propositions faites et aux actions menées.

– Enfin, cette unité linguistique permettra d’être mieux entendue par nos dirigeants et d’obtenir plus rapidement un encadrement des pratiques. A ce titre, le positionnement de la fédération (FITRAM) au sein du Conseil de l’Europe et sa capacité de proposition règlementaire des pratiques sur le plan national vont être déterminants.

A mon sens, il est désormais indispensable de s’accorder sur des définitions, concepts théoriques et pratiques.

Je terminerai par un proverbe de Larochefoucauld-Doudeauville): « La modestie ajoute au mérite, et fait pardonner la médiocrité ».

Pour en savoir plus :

Article de wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Communication

 

Nicolas


[1] Le langage formel d’une discipline scientifique est un langage obéissant à une syntaxe formelle stricte, servant à exposer des énoncés de manière précise, si possible concise et sans ambiguïté ; ce qui l’oppose au langage naturel

2 Responses to “De l’importance d’adopter des définitions communes … en médiation animale!”

    avatar
    Natacha
    janvier 10th, 2009 at 12:07

    Effectivement ces définitions communes vont également permettre des recherches plus précises et ainsi nous permettre de cibler au mieux et de façon commune les objectifs que nous cherchons à atteindre, qu’ils soient de l’ordre de la pratique ou de l’évaluation de la médiation animale. Merci Nicolas pour cette éclaircissement !

    avatar
    Nicolas E.
    janvier 12th, 2009 at 20:14

    On ne peut qu’être d’accord avec ces grands principes : le problème des définitions est le combat de toujours.
    Qui peut proposer du soin ? Comment définir un soin ? La thérapie est-elle un soin ou peut-elle n’être qu’une activité jugée à ses effets ? Que peut-on inclure parmi les AAA ? Peut-il y avoir un cadre normatif dans des activités de soin psychique ? L’intention suffit-elle pour qualifier une pratique, ou bien doit-on tenir compte d’autres facteurs comme les activités manifestes, les résultats, ou encore la formation du praticien ?

    Je vais toujours parler dans le cadre du cheval, qui est celui que je connais le mieux. Nous avons un passif historique assez singulier en France, mais qui a ses pendants dans a peu près tous les pays ayant une culture équestre.

    Chez nous, les activités équestres ne sont connues quasiment qu’à travers la monte, et la presque totalité du public ne peut avoir affaire à un cheval qu’à travers un enseignement sportif ou un loisir (ce qui est, sur ce point, très différent du chat, du chien ou de la vache). Dans les années 60, on s’est aperçu un peu par hasard que le cheval pouvait aussi être utile pour réparer le corps dans un cadre de soin. Depuis lors, les idées ont foisonné, aussi bien de la part des « gens de cheval » (enseignants, instructeurs, puis comportementalistes en tous genres) que des spécialistes de l’aide de tous bords (du monde médical, puis paramédical, social, éducatif, ou encore vétérinaire, technique et scientifique).
    En 50 ans, il s’est développé chez nous au moins une dizaine de chapelles ayant chacune leurs sous-écoles de pensée. Cette diversité relativement unique devrait faire notre fierté et notre richesse, mais ce serait oublier que dans un milieu relativement restreint (qui concerne au mieux un bon millier de professionnels toutes tendances confondues), beaucoup de chapelles doivent communiquer pour vivre, quitte à le faire au détriment des autres.

    Nous avons un problème institutionnel : nous ne sommes pas riches, nous sommes divisés, nous sommes tous issus les uns des autres, et nous ne trouvons personne de mieux que nous pour nous représenter. La plupart des organismes préfèrent tirer la couverture pour se faire entendre (de qui…?) et pour montrer qu’ils sont là (mais où…?).
    Nous n’avons pas, à notre modeste échelle, les moyens de nous asseoir tous autour d’une table commune, d’oublier nos petites querelles de clocher, et de penser que l’un ou l’autre d’entre nous pourrait représenter l’ensemble d’une façon neutre. Pour l’heure, nous ne pouvons pas nous écouter car nous ne savons pas nous entendre.

    Que transmettons-nous dans ce cadre ? Un message vaguement audible sur fond de brouhaha. Plus nous nous multiplions, tout en nous regroupant dans des fédérations puis des fédérations de fédérations elles-mêmes liées à telle ou telle chapelle, et plus le bruit de fond prend le dessus.
    Le public entend que nous défendons a peu près la même idée mais que personne n’est d’accord sur laquelle.

    Aussi oui, il nous incombe à nous tous de définir nos identités et nos rôles. Même s’il n’y a pas de modèle de définition qui permettrait de les comparer… Mais celà restera une bien belle utopie tant que nous ne serons pas prêts à céder une are de nos prés carrés et à reconnaître les qualités des autres.
    Nous avons besoin d’une organisation neutre et consensuelle qui puisse faire l’unanimité : d’un syndicat interprofessionnel de l’aide aux personnes en difficulté par la médiation du cheval. Ensuite, nos chapelles prendront un sens audible.
    Mais comment le créer dans un monde où on ne peut pas voir le jour sans passer par les moyens matériels et financiers d’une chapelle ?

Leave a Reply

Recevez les articles par mail

A propos

La Médiation Animale ? Telle est la question pour un grand nombre de personnes … Le but de cette pratique, en quelques mots, est la recherche des interactions positives issues de la mise en relation intentionnelle homme-animal. Elle est donc associée à une intentionnalité ... Lire la suite

Sandie

Recherchez sur le blog

A découvrir

Bibliographie

Définition Médiation Animale