Brigitte Martin juin - 8 - 2012
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Les équidés sont au centre des derniers billets du blog… avec aujourd’hui la petite histoire en TAC de la saison!

A la lecture de cette vignette, nous nous rendons compte combien l’animal va jouer le rôle d’intermédiaire relationnel entre le thérapeute et le patient. L’animal est  le support grâce auquel la médiation va être possible mais à la seule condition que le soignant rebondisse, remette en mots c’est-à-dire donne du sens à ce qui se joue (l’accès au symbolique). Bonne lecture! Sandie Bélair

 

Omar a 8 ans. Enfant malvoyant, psychotique, instable psychomoteur, il déménage tout dans la salle de psychomotricité où je le reçois durant 1 an. C’est un véritable tourbillon !! Très mal dans son corps, très mal dans sa vie, il nous crache souvent dessus, nous insulte aussi. Il est difficile d’avoir une relation apaisée avec lui.

Phobique du toucher, il n’a que peu d’intérêts pour les objets. Il ne peut saisir ce qui est doux ou mou (nounours, coussins, poupées pourvus de cheveux).

Lasse de chercher par quels moyens le « saisir » ou le « toucher », je propose à l’équipe pluridisciplinaire de l’Hôpital de Jour, de l’inclure dans un petit groupe en thérapie avec le poney.

Mis en présence de Donald, il ne peut le toucher à mains nues. : il est doux, il est chaud, il est pourvu de poils.

 

© Photo Association Résilienfance

 

S’il accepte de prendre une brosse, il est là encore en difficulté. Il nous dit et nous répète qu’il ne peut pas le brosser car « ça lui fait mal ». Nous répondons au niveau du réel : « Donald, au contraire, apprécierait ce contact« , mais rien n’y fait.

Pour monter sur son dos, Omar ne peut pas non plus poser ses mains sur le poil. Il a les bras en l’air !! Nous trouvons cela risqué !! Nous lui proposons alors de poser sur le dos de Donald un surfaix de voltige avec des poignées. Grâce à cela, Omar peut empoigner le surfaix et nous aider lors de sa mise à cheval.

Les séances se suivent et se ressemblent jusqu’au jour où nous partons en séjour thérapeutique ensemble. Nous nous apercevons alors que lors de la douche et des soins d’hygiène Omar est effrayé par le fait que nous le touchions. En fait cela le mettait à mal, cela « lui faisait mal », ce que nous n’avions pas entendu jusque là.

Nous l’avons alors sollicité pour qu’il le fasse lui-même, et tant pis s’il n’était pas au début très « astiqué ».

De retour dans sa vie à la maison, nous avons expliqué au papa (c’est lui qui le lavait) notre action, lui demandant, s’il le pouvait, de responsabiliser son fils.

En présence des poneys, nous avons mis en mots cette difficulté d’Omar et au fil des séances, il a pu passer tout doucement la brosse sur le poil, et nous avons pu retirer le surfaix.

Il est souvent dit que les soins apportés au poney sont le reflet des soins que nous avons reçus. Cette histoire montre bien qu’il y a des analogies, que le cheval est un support privilégié de notre histoire.

Brigitte MARTIN

Sur le même thème:

Histoires courtes en Thérapies Avec le Cheval (TAC) # 1: Yanis

Histoires courtes en Thérapies Avec le Cheval (TAC) # 2: Ousmane

One Response to “Histoires courtes en Thérapies Avec le Cheval (TAC)#3: Omar”

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    annick Labrot
    juin 17th, 2012 at 21:50

    Merci Brigitte, pour ces histoires courtes, qui retracent et relatent « trop bien » la réalité de terrain !
    merci de nous faire partager cette clinique et de donner à voir ce que peut être la réalité de la médiation animale : support à une meilleure compréhension du sujet , pour cette situation .
    Annick

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