Brigitte Martin octobre - 15 - 2015
avatar

Une figure de la psychomotricité et de la thérapie avec le cheval nous a quitté . Mme Renée de Lubersac, la pionnière et la fondatrice de la Fédération Nationale de Thérapies avec le Cheval (FENTAC), dont j’ai repris la présidence depuis Mars 2001 a disparu dans la nuit du 29 au 30 Juillet.

Elle eut une vie d’engagement, de courage, de conviction, d’énergie, de détermination.

 

renee-de-lubersac

 

Elle naît vicomtesse de Lubersac en 1922 ; elle étudie chez les Jésuites, et obtient son bac en 1940.

Elle épouse à l’âge de 17 ans, François Lévy, en dépit des circonstances antisémites de l’époque. Durant la guerre elle devient résistante dans le maquis de Lyon, pour défendre ses convictions de liberté, puis elle devient journaliste au Dauphiné libéré. Comme ses convictions de justice et égalité des hommes ne correspond plus à celle du journal, elle abandonne cette carrière.

La couple va venir habiter Paris où elle devient modéliste de couture pendant 9 ans. Puis, elle aide son mari à développer sa petite entreprise de jeu dont il est l’unique représentant de commerce.

Les temps sont durs. Pour avoir un métier et travailler de son côté, elle veut reprendre ses études qu’elle a dû interrompre après le bac à cause de la guerre. Elle entend parler des études de psychomotricité. Elle s’y inscrit en 1968 et fin 1969, elle est diplômée. La directrice de l’école de psychomotricité, le Dr Suzanne Masson qui l’a tout de suite remarquée, lui confie en 1970 différents cours en amphithéâtre à l’Université de la Pitié-Salpêtrière. Elle y enseigne la méthode d’éducation gestuelle de Mme Orlic, la relaxation Jacobson, et une intervention sur la thérapie avec le cheval.

Elle deviendra proche de la direction de l’école : le Dr Masson, Jean Louis Espinasse et Jean-Claude Carric. Le professeur Duché lui donnera même 2 juments dont il ne savait plus que faire…

En parallèle à ses études, elle donne bénévolement des cours d’équitation. C’est à cette période qu’elle fait le lien entre les avancées de la psychiatrie de l’enfant et ce qu’elle enseigne dans les manèges. Les items de la psychomotricité comme la construction de l’espace, l’adaptation au rythme, l’équilibre, la tonicité, etc. sont travaillés lors des mises à cheval. Mais elle ira plus loin, en considérant que l’approche du cheval peut devenir thérapeutique si l’on donne l’opportunité au patient de découvrir le cheval non pas dans le cadre classique et rigide de l’équitation , mais à pied, en lui proposant des situations de rencontres comme s’occuper du cheval, ou se promener avec lui, en le considérant et lui permettant dans tous ces moments d’être un réel partenaire.

Deux rencontres vont influencer sa vie professionnelle. Tout d’abord, celle avec Hubert Lallery, kinésithérapeute, cavalier, avec qui elle fera son premier voyage en Angleterre pour voir ce qu’il s’y fait, avec qui elle écrira, en 1971, le premier ouvrage « rééducation par l’équitation » ; puis celle avec Jean-Claude Barrey, éleveur de chevaux anglo-arabes, scientifique et éthologue qui lui ouvrira le champ des possibles du travail à pied avec les chevaux.

En 1986, avec des élèves et des stagiaires convaincus, elle fonde la Fédération nationale de Thérapies avec le cheval, affirmant là la nécessité d’une formation de base de soignant relevant de la santé ou du médico-social, mais aussi d’une formation complémentaire pour travailler en médiation avec le cheval, que la FENTAC se propose d’apporter.

Elle convainc et met en place avec le Professeur Basquin (doyen de l’Université) et l’équipe de l’AFPUP, avec toute l’énergie, et la persuasion que nous lui connaissions, un cursus de 600 heures réparti sur 3 ans. C’est ainsi que la FENTAC est retenue dans les propositions de formation permanente et inscrite au catalogue. L’enseignement reçoit par ce biais la caution de l’université.

La première formation aura lieu en 1989.

Mais Mme de Lubersac ne s’arrête pas là. Elle fait rayonner la psychomotricité et la thérapie avec le cheval en Pologne, et plus particulièrement à l’institut de physiothérapie de Wroclaw. Elle y donne des conférences, y fait du travail corporel avec les étudiants. Son premier voyage date de 1993.

En 1997, elle reçoit la médaille du mérite de l’Académie de physiothérapie de Wroclaw.

En 1999, elle est à nouveau récompensée par sa nomination de professeur honoris causa de cette université.

Elle intervient aussi en Belgique, de 1975 à l’an 2000, dans l’association AnthéAnthésis.

Elle se rend aussi en Suisse, au sein de l’ASTAC (Association Suisse de Thérapie Avec le Cheval) ; elle est chargée de cours en Italie ( Milan, Bergame, Treviglio, Ancône, Syracuse), de 1975 à1983.

Mais en l’an 2000, elle a un accident vasculaire cérébral. Elle va en centre de rééducation et se bat pour retrouver un peu d’autonomie. Au grand étonnement de tout le monde elle marche à nouveau, avec une canne !!

Elle quitte ses fonctions à la FENTAC et m’en confie la direction des études ; en 2001, je suis élue présidente, en collaboration avec Dominique Darques, car il fallait bien être 2 pour assurer la relève !!

Son humanisme et son charisme resteront à jamais gravés dans nos mémoires et notre cœur. Nous continuerons à porter haut les valeurs qu’elle défendait.

Brigitte MARTIN

+++ Sur le même thème:

Rencontre avec Madame de Lubersac et Historique de la FENTAC

Leave a Reply

Recevez les articles par mail

A propos

La Médiation Animale ? Telle est la question pour un grand nombre de personnes … Le but de cette pratique, en quelques mots, est la recherche des interactions positives issues de la mise en relation intentionnelle homme-animal. Elle est donc associée à une intentionnalité ... Lire la suite

Sandie

Recherchez sur le blog

A découvrir

Bibliographie

Définition Médiation Animale