Sandie Bélair mars - 1 - 2018
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Voilà quelques semaines maintenant que nous n’avons pas publié de billet (oups)… le temps pour nous de travailler sur des articles de fond et de nouveaux partenariats en plus du quotidien qui anime notre vie associative chez Résilienfance… mais aussi en plus de nos projets professionnels plus personnels (pour ma part mon activité libérale de psychologue à Bordeaux). La poursuite de ce blog me tient à cœur et je souhaite qu’il reste un outil, un média au service des praticiens de la médiation animale, qu’il favorise les découvertes, permette les débats, qu’il bouscule parfois certaines idées dans le but de participer, d’accompagner la professionnalisation et la réglementation de la pratique.

Je suis donc, aujourd’hui, ravie de vous présenter CANIDEA- La confédération des organisations de chiens de médiation et d’aide à la personne – que j’ai découvert il y a quelques mois grâce à Christine His de l’Arche des Associations. Dans notre démarche de « créer du lien », je suis allée à la rencontre de Yasmine Debarge, chargée de mission pour CANIDEA et Docteure en sciences sociales.

La bonne nouvelle c’est que vous pourrez lire Yasmine régulièrement sur ce blog car Résilienfance et CANIDEA sont aujourd’hui partenaires et que Yasmine vient rejoindre l’équipe des rédacteurs officiels… Pour ma part, je trouve que c’est un partenariat très riche, plein de bon sens qui s’inscrit largement dans les préoccupations et réflexions actuelles de Résilienfance et de la médiation animale. Merci CANIDEA!

Pour le moment, je vous laisse découvrir CANIDEA grâce à cette interview de Yasmine que j’ai réalisé il y a quelques jours! Bonne lecture et bonne découverte! Et bienvenue à Yasmine et CANIDEA!

Let’s go!

 


1/ Comment est née CANIDEA? Quels constats ont entraîné sa création? Qui sont les fondateurs?

CANIDEA a été fondée en juillet 2015. Les membres fondateurs sont la Fédération Française des Associations de Chiens guides d’aveugles, Le CESECAH qui est la maternité et le centre d’élevage du réseau des chiens guides et des chiens d’assistance, la Fondation Frédéric Gaillanne (FFG) qui remet des chiens à des enfants déficients visuels et des enfants autistes et l’association des Chiens médiateurs et d’Utilité de l’Est (CMUE) qui éduque et remet des chiens de médiation. Cette création est partie du constat que tous les chiens éduqués pour devenir guides d’aveugles ne le deviennent pas et ces mêmes chiens ont des qualités extraordinaires qui leur permettent d’exercer d’autres activités telles que l’assistance pour d’autres types de handicaps ou la médiation. La première idée fondatrice est donc de faciliter la réorientation. La deuxième est de soutenir les expérimentations de sorte à faire émerger les innovations. Cela passe par l’accompagnement des associations dans leur développement.

 

2/ Quelles sont ses missions? Et à qui s’adresse-t-elle?

Depuis 2015, CANIDEA a doublé de taille et ses missions se sont élargies avec la volonté de ses membres de partager les bonnes pratiques et d’établir ensemble des normes d’activités qui feront office de référence. Dans ce cadre, CANIDEA propose à ses membres un appui sur des questions de réglementation dans un contexte où les textes ne sont pas encore adaptés et stabilisés du fait de la nouveauté du secteur. En effet, aujourd’hui la réglementation sur les chiens d’assistance ne prend pas en compte les spécificités de nouveaux types d’assistance telles que pour la surdité, l’autisme, le diabète ou l’épilepsie. Il faut la faire évoluer pour permettre à ces autres spécialités de se développer. En ce qui concerne les chiens de médiation, la réglementation est tout simplement inexistante, ce qui pose toutes sortes de problèmes en ce qui concerne la reconnaissance de cette pratique par les institutions sociales et médico-sociales et pose des questions quant aux conditions de travail des chiens, avec les éventuels risques pour les animaux et les bénéficiaires. Par ailleurs, CANIDEA a mis en place un transfert d’expertise scientifique et technique, grâce à un conseil scientifique et technique (CST) de haute qualité et une capacité d’élaboration de protocoles d’activités sous forme de recommandations. 

Étant donné que CANIDEA est une confédération, elle réunit des personnes morales. Son cœur de métier est l’éducation et la remise de chiens d’aide à la personne, ce vocable réunissant les chiens guides d’aveugles, les chiens d’assistance et les chiens de médiation. C’est exactement et strictement ce que font la FFAC, le CESECAH, la FFG, l’Association des Chiens du Silence, ACADIA qui remet des chiens à des enfants diabétiques, les Chiens Médiateurs et d’Utilité de Provence Côte d’Azur Corse (CMUPCC) et ESCAPE, la petite dernière qui remettra des chiens à des personnes épileptiques. Parmi les membres, AGATEA, qui est un institut de formation à la médiation par l’animal et Lien K-NIN qui pratique la médiation par l’animal avec un chien guide réorienté, font figures d’exceptions. Pour autant, ces deux associations jouent un rôle important en tant que praticiens expérimentés de la médiation en apportant leurs compétences sur ce qui est attendu des chiens de médiation et leurs conditions de travail.

3/ Handi’Chiens est connue et reconnue dans le domaine de la médiation animale mais elle n’a donc pas le monopole de l’éducation et de la remise de chien de médiation (d’accompagnement social pour HC)? D’autres associations proposent également cela?

Handi’chiens faisait partie du tour de table au moment de la création de CANIDEA. Cette association a fait le choix de ne pas rester mais la porte lui est toujours ouverte. Elle aurait toute sa place au sein de la confédération de par ses activités.

Effectivement, les CMUE, les CMUPCC et d’autres associations avec lesquelles des discussions sont en cours quant à leur adhésion éduquent et remettent entre autres des chiens de médiation à des professionnels et des établissements. Le label « chien d’assistance dit d’accompagnement social » appartient à Handi’chiens de part une insertion juridique dans le texte relatif au chien d’assistance. Étant donné que le texte spécifie que l’éducateur canin doit avoir reçu une attestation d’Handi’chien, cette association est la seule qui puisse remettre ces chiens « labellisé ».

Il faut cependant savoir qu’un chien d’assistance ne l’est que dans la mesure où son maître est détenteur de la carte d’invalidité, ce qui est rarement le cas des professionnels de la médiation. Le terme « chien d’assistance dit d’accompagnement social » est donc absurde. De plus, la réglementation sur le chien de médiation en tant que tel n’existe pas : les établissement n’ont donc aucune obligation à accueillir un chien labellisé. Ils peuvent parfaitement accueillir un chien non labellisé.

Il n’empêche que le travail d’Handi’chiens pour l’éducation des chiens de médiation est tout à fait remarquable. Je me permettrai cependant de souligner que celui de nos associations l’est également, avec des critères de sélection des chiens, des protocoles d’éducation adaptée aux futures activités de l’animal et un suivi de l’équipe constituée tout à fait similaire à ceux d’Handi’chiens. Il suffit de rencontrer les professionnels qui travaillent avec nos chiens et nos chiens pour le constater.

4/ Quel socle commun unit les membres? Existe-t-il une charte de déontologie? Quelles sont les valeurs communes?

Le socle commun des membres est l’éducation, la remise et le travail avec les chiens d’aide à la personne. Dès sa création en août 2016, le CST de CANIDEA a considéré prioritaire l’élaboration d’une charte éthique et déontologique qui a été adoptée par l’ensemble des membres en Janvier 2017. Tout candidat à l’adhésion doit y souscrire, sous peine de non admission et le non-respect de la charte entraîne l’exclusion. Cette charte reprend les valeurs communes qui sont le respect des animaux et des bénéficiaires, le bien-être du chien, la centralité de la personne bénéficiaire et de ses besoins, l’importance du lien social créé par l’animal, la réciprocité de la relation entre la personne et le chien. Outre ces principes inscrits dans le texte, je constate au quotidien, en tant que chargée de mission, combien les membres sont volontaires dans l’amélioration de leurs pratiques à la fois pour les chiens et les bénéficiaires et bienveillants les uns avec les autres. Ces deux derniers points peuvent paraître secondaires : ils sont pourtant essentiels pour fédérer et avancer ensemble.

 

© Photo Les chiens du silence

5/ Quels sont les travaux en cours de CANIDEA? Et comment s’organisent vos réflexions? Quels sont les futurs « chantiers »?

A la suite des premières canidéennes en 2017, évènement qui a réuni l’ensemble des membres (administrateurs, bénévoles et salariés), trois commissions ont été créées en fonctions des enjeux prioritaires : partenariat et développement ; certifications et procédures ; réglementation. Ces commissions vont se réunir tous les trois mois. La première va se concentrer sur le développement de la confédération, notamment par la mise en place de partenariats et l’élaboration d’une campagne de communication. La seconde a un gros travail de « définitions » des chiens par spécialité. Contrairement au chien guide d’aveugle dont le protocole d’éducation et de remise est formalisé, notamment avec un certificat d’aptitude au guidage à passer, les autres spécialités ne sont pas encore prêtées à l’exercice de mettre sur papier ce qui est attendu. Les travaux de cette commission alimenteront ceux de la commission réglementation dont le rôle est de faire des propositions aux autorités réglementaires pour faire évoluer les textes. Voilà les trois grands chantiers de CANIDEA… Et en parallèle, il y a les affaires courantes. Par exemple, il faut organiser les prochaines canidéennes, sachant que pour cette année 2018, CANIDEA ambitionne d’organiser un colloque ouvert au public. Il y aussi aider au démarrage d’ESCAPE (Education et Suivi des Chiens d’Alerte et de protection des Personnes Epileptiques) qui a le projet ambitieux d’éduquer des chiens d’alerte en même temps que de mener un programme de recherche pour identifier ce que les chiens détectent pour alerter. C’est une association innovante que CANIDEA a contribué à créer et qui fait partie des membres.

6/ Comment communiquez-vous et comment faites-vous du lien avec les praticiens en MA?

Pour communiquer, il y a le site internet et la page Facebook. Une lettre d’information a été mise en place et est diffusée tous les quatre mois : il suffit d’aller sur le site pour s’y inscrire. Comme indiqué précédemment, deux de nos membres (AGATEA, Lien K-NIN)  sont des praticiens actifs qui nous informent des actualités du secteur de la médiation. De plus deux autres membres (CMUE, CMUPCC) éduquent et remettent des chiens de médiation à des praticiens.  Plusieurs membres du CST sont actifs en tant que praticiens (Jean-Marie Sillou, Florence Perraud) ou sont des experts scientifiques du secteur (Véronique Servais, Jérôme Michalon). Nous participons également aux évènements importants tels que des journées d’études ou des séminaires. Moi-même, je n’hésite pas à contacter des personnalités de la médiation par l’animal pour échanger avec elles sur certaines problématiques. Réunies, ces multiples sources d’information nous permettent d’avoir une bonne visibilité sur les enjeux du secteur, l’idée étant de comprendre ce qui se passe pour adapter au mieux nos pratiques dans nos associations.

 

© Photo Martine Desplat – Canidéennes 2017

7/ Comment peut-on vous aider?

Nos associations manquent en permanence de familles d’accueil pour pré-éduquer les chiens. Vous pouvez devenir bénévole auprès d’elles. Elles ont aussi besoin de coup de main pour des actions plus ponctuelles donc n’hésitez pas à prendre contact avec elles ! A l’échelle de CANIDEA, nous recherchons des mécènes.

8/Le mot de la fin est pour vous…

Ce mot de la fin est l’occasion pour moi de féliciter le blog de la médiation animale pour sa grande qualité. J’en suis les publications avec grand intérêt. Enfin, notre époque vit un tournant dans lequel les relations humains-animaux occupent une place particulière. Alors que les technologies sont devenues omniprésentes, il n’est pas un hasard que l’on redécouvre les bienfaits de la présence animale, qu’elle soit dans l’assistance ou la médiation. C’est une chance que de pouvoir œuvrer à changer le regard de nos contemporains sur les animaux et sur les personnes handicapées. C’est aussi ce qui fait la beauté d’une association comme CANIDEA ou toute autre organisation qui a comme cœur de métier les relations entre humains et animaux.

Merci Yasmine! A très vite…

Sandie Bélair

Pour en savoir +

Le site de CANIDEA et la page facebook

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