Une expérience corporelle qui donne une autre dimension à la rééducation .

Elodie est venue à ânikounâ accompagnée par sa Kinésithérapeute. En effet cette adolescente (porteuse d’une hémiplégie) bénéficie d’un suivi régulier en rééducation depuis son plus jeune âge et cela plusieurs fois par semaine . On peut facilement imaginer l’essoufflement légitime qui peut s’installer tant du côté de la jeune, dont le corps est vécu comme instrumentalisé, que du côté du professionnel aussi confronté aux limites de ses techniques rééducatives et à la répétition de celles-ci . Aussi, pendant la période des vacances, c’est le moment de partager d’autres expériences et de prendre du bon temps ensemble , des fois qu’il y aurait à restaurer une relation « obligée » et pas toujours sereine, à cette période si particulière de l’adolescence .
Tel est le projet sous-tendu ,d’une visite pour voir ! à ânikounâ . Nous déterminons le contenu de la séance pendant la préparation de l’âne . Guider l’âne sur le parcours ? attelage ? ou âne monté ? Elodie se détermine assez rapidement pour le choix de monter l’âne . Surprise ! pour sa Kiné, qui elle avait imaginé une balade attelée … Mais pas de souci nous suivons Elodie dans son projet et dans sa bonne humeur .

Vous percevez sans doute comme nous, à ce moment, par ces quelques photos, combien cette adolescente a fait preuve d’engagement corporel , d’attention dans cette séance coachée par sa Kinésithérapeute qui, on ne se refait pas , à très vite perçue toutes les mobilisations motrices à développer , dans les situations proposées … Elodie de son côté , comme toute ado qui se respecte, s’est imposée des défis et des challenges …qu’elle a pu maîtriser dans un réel plaisir d’éprouvés corporels . C’est cette relation au corps qui m’a le plus surprise , cette authenticité à habiter son être , à maîtriser son corps . Sans doute ce contexte de médiation animale a été facilitateur voire libérateur d’attitudes . Il est vrai que nous offrons là un lieu d’expérimentation sécure, protégé et accompagné. Ce cadre à la fois de loisir et thérapeutique répond à un besoin, chez les enfants et adolescents touchés par une atteinte motrice, de relation privilégiée étayante, constante . Besoin de présence et d’attention de l’adulte pour entreprendre et apprendre . Elodie s’est saisie de cet espace pour vivre et être avec l’animal,dans un rapport vrai .
De toute évidence, nous avons partagé pendant cette séance un moment d’une grande fluidité, d’apaisement et de dépassement de soi . Dans les yeux d’ Elodie il y avait quelque chose qui ressemble au bien être …

Ce type d’expérience aide a enrichir la motricité, à la valoriser ainsi qu’à affiner les perceptions et à se les approprier. En prenant soin de se dégager de toute notion de mouvement parfait, conforme, dans la séance on vit son corps au delà du handicap . Ce médiateur âne y aide bien .
Reste que l’adolescence « est une découverte personnelle … chaque sujet est engagé dans une expérience – celle de vivre – dans un problème , celui d’exister  » (Winnicott) . Il est loin d’être prouvé, que la capacité de vivre pleinement sa fonction de sujet soit une moindre aptitude chez les sujets handicapés physiques que chez les individus physiquement normaux . Mais il est fort à parier que le soutien de la médiation animale permet à l’humain en construction et en recherche d’un être authentique d’avancer sur cette voie de « se connaître mieux » voire de s’apprécier!

Annick

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