Marine Grandgeorge juillet - 13 - 2011
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Il y a quelques semaines, nous vous présentions grâce à une interview de Fabienne DELFOUR, le CEPIHA (Cercle d’Etudes Pluridisciplinaire des Interactions Homme-Animal) et son premier colloque. Aujourd’hui, Marine vient nous faire un petit compte-rendu de ce dernier… Au cours de ce colloque 4 axes ont été abordés:

– Représentations et croyances autour de l’animal dans le soin

– Interventions Assistées par l’Animal

– Bien-être animal

– Récits d’expériences: une expérience d’activités associant l’animal en famille basée sur la bientraitance animale de l’association Animaux au cœur de nos familles et une expérience de plusieurs années d’une intervenante de Paroles de chien.

Sur le blog, nous avons fait le choix de développer seulement les trois premiers axes. Pour le quatrième, nous vous conseillons de prendre directement contact avec les associations concernées (voir programme du colloque). Nous publions déjà de nombreux récits d’expériences et préférons, dans ce cas,  laisser la parole aux porteurs de projet par le biais des interviews ou par un billet qu’ils rédigent eux-mêmes!

Il y aura donc trois parties! Voici la première… N’oubliez pas de revenir pour la suite…

Sandie


 

Le samedi 2 juillet s’est tenu, à Paris, le colloque international intitulé « L’animal dans le soin : entre théories et pratiques », colloque auquel je participais. Les présentations et échanges ont été riches. Je vous propose donc de vous faire le compte rendu des différentes interventions.

Représentations sociales & Croyances autour de l’animal dans le soin

1. Itinéraires de la question des « représentations sociales » dans la recherche autour des Interactions avec l’Animal à but Thérapeutique

Jérôme Michalon, doctorant en Sociologie et Anthropologie Politique à l’Université J. Monnet de St Etienne (Centre Max Weber) nous a proposé d’explorer la question des représentations sociales dans la recherche autour des interactions avec l’animal à but thérapeutique grâce à une revue de littérature très complète qu’il a menée pour la Fondation Sommer il y a quelques temps. Il définit les représentations sociales comme les représentations que les patients ont des animaux et propose de voir comment la littérature a traité cette question. Pour cela, il a découpé trois grandes périodes de temps que je vous propose de résumer ici :

les origines (de 1962 à 1980) : dans les études (e.g. Levinson, Corson & Corson pour les précurseurs), la question du contact avec les animaux faisait sens pour les patients. Néanmoins, les auteurs n’ont pas pour autant creuser les expériences antérieures des patients avec les animaux, travaillant plus sur des spéculations.

De 1980 à 1995 : cette période peut être considérée comme une phase d’expansion avec constitution de la communauté humain-animal interactions. Les recherches se sont majoritairement tournées vers le lien « animal et santé » (e.g. Friedmann et al., 1980, 1983), utilisant des méthodes statistiques et une approche expérimentale. Dans cette période, la question des représentations sociales est évacuée de manière implicite, comme si la signification de la relation homme-animal ne devait pas influencer l’effet thérapeutique.

De 1995 à 2007 : cette période est considérée comme celle des nouvelles perspectives où de nombreuses revues de littérature voient le jour. Seules les nursing sciences mettent en avant le besoin d’explorer les représentations sociales, ce qu’elles explorent par le biais de questionnaires.

J. Michalon en déduit que la question qui a principalement occupé les chercheurs n’est pas « comment » mais « combien » l’animal peut apporter des bénéfices. Ce modèle peut être nommé « evidence based medecine« . L’animal est une variable comme une autre que l’on teste. La question de la relation de sens est laissée de côté. Un virage est néanmoins amorcé depuis les années 1990 où l’animal prend le rôle « d’un être qui compte ».

© Photo Pierre RYBARCZYK

Dans ce même exposé, Emmanuel Gouabault, Docteur en Sociologie à la Haute École de Travail Social, Genève (Suisse) nous a fait part de son travail sur « des formes intuitives contemporaines de la relation aux animaux ». Avant de poursuivre, je tiens à préciser que c’est l’étude du phénomène qui l’intéresse et qu’il prend de la distance face à son sujet, sans prendre parti. Pour ma part, je vais vous présenter ce travail avec la même neutralité, dans un but informatif et non de prise de position.

Pour mener sa recherche, E. Gouabault a utilisé des sources dites secondaires, c’est-à-dire des magazines, des sites Internet, des blogs… La communication intuitive se dit être à la croisée des interventions assistées par l’animal, les médecines alternatives et la sensibilité zoocentrique. Il a pu observer que les personnes pratiquant la communication intuitive – principalement des femmes – se nomme « interprète animalière », « communicante avec les animaux » ou encore « animal communicator » en anglais. Dans la pratique, il s’agit de d’entrer en communication avec l’animal – par le biais de télépathie notamment – afin de réaliser des soins vers l’animal. Si certains travaillent au contact direct de l’animal, d’autres communiquent avec eux à distance, via des photos par exemple (sur la base de la voyance classique). Ce mouvement est né aux USA, avec Pénélope Smith (1971) pour ensuite s’être développé au Québec (C. Leroux, 1992) puis en Europe au milieu des années 1990.

2. Comment penser l’animal d’aide? Le statut du chien guide d’aveugle

Enfin, cette session s’est achevée par Caroline Vincelet, qui a présenté son travail de Master 2 en Anthropologie sociale et historique, mené à l’Université de Toulouse 2. Elle s’est intéressée à la question « comment penser l’animal d’aide? Le statut du chien guide d’aveugle ». Elle a fait un focus sur la question de l’anthropomorphisme. Ce terme, dans son sens le plus général que l’on retrouve dans les dictionnaires signifie : « tendance à concevoir la divinité à l’image de l’homme ».

 

Pour illustrer cette question, C. Vincelet nous a expliqué la spécificité du chien guide, c’est à dire être utile. De là, découlent des attentes, des normes, des représentations et des traitements adaptés à son rôle. Par exemple, il y a une symbolique des outils utilisés. Si la laisse est un outil de domination et du lien affectif, le harnais est quant à lui un outil de subordination et de lien utile (i.e. symbole de la mise au travail pour le chien). Concernant la question des attentes, elle a cité :

– le guidage (anticipation, logique, endurance…)

– la motivation (conscience professionnelle, dévotion, goût du travail…)

– la compagnie (attachement, affection, patience…)

– les normes (rigueur éducative, entrainement régulier…)

– l’affect (sentiment de dette, présence continue…)

– la dérogation aux normes (place du chien, nourriture…)

L’ensemble de ces éléments pose la question du traitement du chien-guide : est-il un compagnon ou un outil ? Elle conclut sa présentation par le fait que, grâce aux chiens, les personnes aveugles deviennent autonomes en toute confiance. « Mon chien, c’est quelqu’un mais je n’ai besoin de personne ».

Marine

Pour en savoir plus:

L’inventaire critique commenté et approfondi des connaissances disponibles principalement en langue française et anglaise sur les interactions entre les hommes et les animaux à des fins thérapeutiques et/ou éducatives – Jérôme Michalon – Fondation Sommer

L’interview de Jérôme Michalon sur le blog – 6 novembre 2008

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