L’écart est une réaction latérale de peur souvent imprévisible parce qu’il ne dépend pas des mouvements volontaires du cheval. Ceux-ci sont élaborés et contrôlés au niveau de la couche V du néocortex, la couche motrice. L’écart, lui, est une réaction d’origine thalamique (prenant naissance dans le thalamus, la zone du cerveau archaïque où arrivent les informations sensorielles), qui emprunte un circuit court et rapide, purement émotif et non contrôlé.

Les réactions thalamiques, telles que les écarts brusques, les coups de pieds imprévisibles et, d’une manière générale, les réponses automatiques à des signaux d’alerte particulièrement prégnants, ont la particularité de ne pas être conditionnables : elles sont réfractaires aux inhibitions conditionnées, et à tous processus d’apprentissage destinés à les empêcher.

Ainsi, il ne sert à rien de punir le cheval qui botte parce qu’une ombre passe derrière lui pendant qu’il mange : il ne comprendra pas la raison de cette punition et constatera seulement que vous êtes agressif. Par contre, le cheval qui, après avoir couché les oreilles, botte quelqu’un qu’il a vu approcher, sera sensible à une punition : il reliera celle-ci à son coup de pied, et le retiendra la fois suivante.

Le seul moyen d’éviter une réaction thalamique est donc d’empêcher que le cheval perçoive le signal d’alerte, à condition, bien entendu, que nous soyons nous-mêmes en mesure de prévoir ce signal.

Ainsi, lorsqu’un cheval fait régulièrement un écart au même endroit en raison d’une ancienne frayeur conditionnée, il suffit, un peu avant d’arriver à cet endroit, de focaliser l’attention du cheval sur autre chose. Un excellent moyen pour cela est, si le danger vient de la gauche, de mettre le cheval en épaule droite en dedans. Ce mouvement nécessite une certaine attention de la part du cheval et le met dans une position où il est difficile de faire un écart. Encore faut-il savoir faire correctement une épaule en dedans, en ployant le cheval sur des actions de jambe interne et non sur des actions de rêne contraire interne, ce qui ne ferait qu’ajouter des défenses à la réaction thalamique…

Jean-Claude Barrey

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