Rédacteur invité janvier - 23 - 2015
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Comme vous le savez, ce blog est un espace d’expression et de débat… et plus que jamais nous y tenons! Que nous soyons en accord ou pas, il nous semble important de donner la parole à d’autres acteurs de la MA qui souhaitent partager leurs idées, opinions, avis… Aujourd’hui, nous accueillons de nouveau Nicolas Emond, équithérapeute et responsable de formation à l’IFEq. A votre tour, venez commenter ou mieux encore proposer une contribution qui sera soumise au comité de publication/de rédaction! Bonne lecture. Sandie


S’il est un serpent de mer qui s’invite sur le rivage à chaque marée, la question de l’hypothétique statut de la médiation équine dans le monde professionnel est sans doute celui qui passionne et divise le plus souvent les acteurs.
Notamment, deux représentations, semble-t-il inconciliables, s’opposent : le camp de la spécialisation contre celui de la professionnalisation. Revenons sur les visions et arguments des uns et des autres, et essayons de sortir de la bipolarité avec une nouvelle représentation qui, nous l’espérons, pourra – au moins un peu – nous rapprocher.

La vision de l’approche “spécialisation”

Les tenants de la spécialisation fondent leur approche sur le constat que, à l’heure actuelle, l’absence de réglementation spécifique à la médiation équine ne leur permet pas de concevoir leur exercice professionnel comme autonome vis-à-vis d’un statut dit « initial », « de base » ou « d’origine ».
Pour eux, on est légitime pour exercer l’équithérapie (ou toute autre thérapie médiatisée) si et seulement si on réfère cette activité médiatisée à un statut initial réglementé (psychomotricien, médecin, orthophoniste, éducateur, etc.).
Tout l’avantage de cette approche réside dans le fait que, pour les fédérations de professionnels, elle permet facilement de clarifier la question de la compétence et de la formation des acteurs.

Ainsi, pour devenir équithérapeute, il faut avoir :
un titre réglementé ou une formation officielle dans un domaine intimement lié à la santé (professions médicales, paramédicales ou médico-sociales), qui est le prérequis qualifiant le professionnel pour pratiquer la relation d’aide et le légitimer en tant que thérapeute ;
réalisé une formation complémentaire en médiation équine, formation qui s’intéresse de fait à apporter des outils montrant comment le cheval peut intervenir dans un cadre thérapeutique.

Dans cette optique, la formation complémentaire ne cherche pas à “formater” le professionnel à des techniques ou modèles communs à tous, mais place le professionnel en situation de créer lui-même et d’après ses propres références un cadre d’intervention en médiation équine qui soit cohérent avec son « métier de base ». En conséquence de quoi, la formation complémentaire ne permet à personne d’élargir sa pratique de soin, mais elle permet à chacun d’intégrer le cheval à une pratique de soin déjà existante.
Ce qui signifie qu’un orthophoniste spécialisé en thérapie avec le cheval restera toujours un orthophoniste et rien d’autre, mais il sera légitime pour exercer l’orthophonie en intégrant des chevaux. En revanche, rien ne le légitimera pour intervenir, par exemple, sur des problématiques de psychomotricité, puisqu’il n’a pas de qualification initiale dans ce domaine.

L’inconvénient de cette vision est qu’elle fait reposer la légitimité de fonction sur la légitimité de statut (on ne peut faire des actes de psy que parce qu’on est psy), et qu’elle renie l’autonomie de la médiation équine (il est impossible de n’être “que” thérapeute avec le cheval, car ce n’est pas une fonction autonome, c’est une fonction toujours liée à un statut autre).

La vision de l’approche “professionnalisation”

Les tenants de la professionnalisation veulent quant à eux privilégier l’idée que la médiation équine est un métier à part entière, puisque son exercice demande des qualifications particulières, et permet de gagner sa vie qu’on l’exerce à titre indépendant ou à titre salarié.

Pour eux, la question de la formation initiale est une question secondaire, dans la mesure où ils pensent qu’une formation diplômante en médiation équine est nécessaire et suffisante pour apporter la garantie qu’un professionnel est compétent. Leur préoccupation est de défendre que ce métier existe, qu’il est spécifiquement défini, et qu’il permet de gagner sa vie.
Dans l’approche professionnalisation, les formations visent ainsi à définir en amont quelles sont les tâches réalisées par les acteurs (qui constituent un référentiel d’activité), puis à préparer les étudiants à réaliser ces tâches (c’est la partie formation à proprement parler), et enfin à s’assurer que les étudiants ont acquis la capacité à réaliser ces tâches (évaluation et certification).
L’un des revers de cette approche est que, en autonomisant les professionnels de la médiation équine vis-à-vis des professions médico-sociales, elle prend le risque de mettre sur le terrain médico-social des professionnels peu identifiables et dont la crédibilité reste à établir. Car quoi qu’on puisse en penser, cette démarche implique pour le public qu’il doive d’abord repérer et cautionner la formation et le diplôme pour pouvoir repérer et cautionner le professionnel.

Si on prend l’exemple de l’équicie, en créant un nouveau métier autonome, la FNHC s’est assuré une parfaite définition du métier, un référentiel clair et exact car établit en dehors d’un métier objectivement préexistant, et une capacité de certification forte car issue d’un modèle théorique totalement adapté à la réalité créée en même temps que le diplôme la sanctionnant. Mais en créant un nouveau métier, dans lequel nous pourrions être nombreux à nous reconnaître, on a aussi créé un grand inconnu statutaire qui peine à trouver une place dans les représentations, y compris chez les plus initiés : qu’est-ce qu’un équicien vis-à-vis d’un orthophoniste, d’un animateur, d’un psychologue spécialisé en TAC, d’un équithérapeute, ou d’un moniteur d’équitation équihandi ? Les référentiels technocratiques trouvent là leur limite, car s’ils identifient bien les compétences, ils n’identifient pas pour autant les professionnels qu’ils certifient, au point que la proportion d’équiciens préférant annoncer qu’ils sont équithérapeutes provoque des interrogations quant à l’intelligibilité et à la pertinence d’une démarche de professionnalisation isolée de son contexte.

 

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© Photo Association Résilienfance

Une réalité de terrain qui dépasse les clivages théoriques

Un premier constat s’impose : les querelles entre l’une et l’autre approches ne pourront pas être résolues avant que chacun ne s’entende sur le fait que les tenants de la spécialisation souhaitent mettre en avant la question du statut (étiquette sociale liée à un titre) comme déterminante des fonctions (tâches réalisées), quand les tenants de la professionnalisation veulent que ce soient les questions de fonctions (ce qu’on fait) qui prévalent pour qu’un statut (représentation sociale) puisse émerger de fait.

Mais qu’en est-il sur le terrain ? J’ai toujours été perplexe et gêné par le débat « métier ou spécialité » car je pense qu’il y a autant de bons arguments que d’assertions discutables d’un côté comme de l’autre, et je n’ai jamais pu me résoudre à y prendre part autrement qu’en essayant d’avancer vers une position nuancée permettant à la filière de grandir.

En faveur de la professionnalisation, rappelons que les exemples d’équithérapeutes vivant de leur pratique sont nombreux, qu’ils exercent à temps plein ou à temps partiel. Mais cela n’empêche pas que, dans le monde salarié, la plupart des intervenants occupent des postes référencés exclusivement d’après des statuts médico-sociaux courants (où c’est « la psychomotricienne qui s’occupe des ateliers TAC »).

En faveur de la spécialisation, redisons qu’il est généralement plus facile pour un professionnel d’être pris au sérieux en se présentant d’après un statut initial clairement identifié que d’après son diplôme en médiation équine. Mais qu’il n’empêche que les demandes de prise en charge en médiation équine sont dans l’immense majorité des demandes de suivi médiatisé par le cheval, et rarement des demandes d’intervention d’après un métier initial (les familles veulent qu’on mette en place quelque chose d’aidant « avec le cheval », et rares sont celles qui ont au départ une demande pour que ça soit une prestation « de psychologue » ou « d’orthophoniste »).

En guise de réconciliation, actons que l’absence de réglementation du titre et des fonctions permet à chacun d’exercer d’après son statut initial (en tant qu’infirmier spécialisé en TAC par exemple) ou par référence à ce qu’il fait (équithérapeute ou équicien par exemple). C’est une question de choix personnel qui autorise une souplesse qui est très profitable aux acteurs et qui, à mon avis, bénéficie en premier lieu aux demandeurs de prise en charge qui ont de fait une offre diversifiée.

Vers une vision unitaire de la filière : et si on prenait les choses à l’envers ?

En voulant se démarquer, les organismes de formation puis les réseaux créent, défendent et cherchent à valoriser des appellations qui clivent ensuite les professionnels en chapelles exclusives, alors qu’il existe au final assez peu de différences quant à leurs pratiques de terrain – puisqu’il y a autant de diversité entre les profils des diplômés et adhérents de chaque chapelle.
Bien entendu, un psychologue-équithérapeute exercera probablement plus avec des objectifs psychologiques qu’un kinésithérapeute spécialisé en TAC. Mais pas forcément plus qu’un équicien. Il y a des nuances dans les pratiques, mais depuis toujours on résume la question au fait que ce soit le métier initial qui détermine la pratique en médiation équine, ou que ça soit la formation en médiation équine qui soit déterminante.

On commet une erreur dans cette approche chronologique (ancien métier VS nouveau métier), car elle nous amène à cliver les professionnels d’après un statut initial ancien, plutôt qu’à apporter une vision globale de leur identité commune liée à leurs fonctions actuelles. Et car elle trace de la vie professionnelle une ligne droite déterministe n’autorisant pas de détours ni de recours.
J’ai été moi-même d’abord psychologue avant de m’annoncer thérapeute avec le cheval, puis équithérapeute et parfois même praticien en psychothérapie assistée par les équidés. Mais finalement, dans toutes mes pratiques liées au cheval, j’ai toujours beaucoup plus ressemblé à tous mes confrères « médiateurs équins » qu’à un psychologue lambda.
Je crains que nous fassions fausse route dans notre façon de concevoir ce qui est notre métier et ce qui est notre spécialité : car quand nous sommes sur le terrain en médiation équine, c’est notre spécialisation qui devient notre métier de base, et notre métier de base qui devient notre spécialité.

C’est pourquoi je propose de concevoir une nouvelle approche par récence, c’est-à-dire de nous considérer premièrement comme des professionnels de la médiation équine (ce qui est notre base commune à tous, acquise le plus récemment, que nous venions de la Fentac, d’Handicheval, de l’AUERE, de la SFE, de l’IFEq ou d’ailleurs), et secondairement que nous puissions y adjoindre une spécificité d’orientation, qu’elle soit liée ou pas à notre métier initial acquis plus anciennement.
Je pense qu’aujourd’hui, quand j’exerce avec le cheval, je suis bien mieux défini si je me dis « équithérapeute spécialisé en psychologie du développement » qu’en me disant « psychologue développementaliste et équithérapeute ». De même, qu’un confrère me dise qu’il est équicien spécialiste de l’insertion (approche par récence) me renseigne immensément plus que s’il m’avait dit être éducateur pratiquant l’équicie (approche par spécialisation) ou simplement équicien (approche par professionnalisation). N’est-ce pas de rendre les pratiques plus parlantes dont nous avons besoin en premier lieu ?

Ce renversement de vision me semble résoudre différents problèmes :
— il identifie prioritairement d’après ce que le public recherche et qui est notre socle commun (accompagner avec le cheval médiateur), et secondairement d’après un éventuel domaine de spécialité (dont chacun peut être est le garant) ;
— il permet de dépasser le débat manichéen « métier ou spécialité » en valorisant les formations (qu’elles se veuillent professionnalisantes ou spécialisantes) sans pour autant renier le statut initial (qui garde sa pertinence et maintient la précieuse diversité des approches) ;
— il replace les questions de statut et de fonction à leur juste place en médiation équine : le diplôme en médiation équine accorde un statut principal global et des fonctions « cœur de métier » à tous, le diplôme initial (et les autres expériences) accorde une compétence sur des fonctions supplémentaires “optionnelles” dans le sens où elles n’ont pas besoin d’être partagées par tous ;
— il autorise toute démarche de professionnalisation (certification professionnelle, référentialisation, labellisation qualité) sans empêcher l’exercice d’après le métier initial.

Première ébauche de réflexion organisée, cet article est aussi mon plaidoyer pour avancer ensemble vers un dialogue constructif et dépasser des positions catégorielles clivantes. Poursuivons le débat, discutons, échangeons sur les réalités de terrain, et envisageons notre unité : que ces questions soient l’occasion de nous retrouver et de construire la médiation équine de demain.

Nicolas Emond

7 Responses to “L’équithérapie : métier ou spécialité ? Sortir d’une dichotomie qui n’a que trop vécu.”

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    Marjorie
    janvier 23rd, 2015 at 23:03

    Je pense que c’est un non -débat…si on décide d’être éduc, psy, orthophoniste avec une spécialisation on va vers un formation spécialisante et on se nomme psychologue,kiné, orthophoniste spécialisé en médiation équine (ou autre dénomination:équithérapeute, thérapeute avec le cheval… ) Sachant que normalement il faut être thérapeute en formation de base pour exercer ces métier autant le préciser….Et si on veux avoir un métier direct en médiation équine, on fait la formation correspondante et on se nomme comme tel…y’a pas de conflit en cela, et s’est clair pour les personnes accompagnées…ce qui n’empêche que tout le monde peut travailler ensemble, s’enrichir des expériences de chacun, et plut^t se poser de réelle questions telle que la place du cheval, son bien être, comment accompagner au mieux le public….Pour moi il n’y a pas de « dichotomie » mais seulement des choix individuels que l’on se doit de respecter…

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    Denis Tallon
    janvier 24th, 2015 at 7:32

    Formation initiale architecte, métier ânier, gérant de l’entreprise La Forez’Äne sarl depuis 5 ans…
    La proposition de Nicolas Emond est conciliante et je me sens invité au bal de la médiation équine !
    Mes expériences professionnelles et personnelles m’ont permis l’aventure d’accueillir des publics en situation d’handicap avec leurs accompagnants professionnels. Une structure de type IME est fidèle depuis 5 ans à raison de 35 séances par an !
    Dans la récente définition proposée par Résilienfance, la médiation est définie comme une relation d’aide, « au moins triangulaire ».Et moi je suis le quatrième proposant l’âne d’accordage, La Forez’Äne un d’accueil par le contact avec l’âne. Quel métier, quel spécialité ?!

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    Nicolas Emond
    janvier 24th, 2015 at 14:22

    Marjorie :
    Pour reprendre ici ce que nous échangions par d’autres médias.
    J’aurais tendance à être très en accord avec vous, c’est-à-dire à être pragmatique et à laisser les débatteurs pinailler, mais le débat existe depuis les années 80 et marque aussi bien les réseaux que les professionnels, et il est lourd de conséquences sur le paysage et les rapports institutionnels.
    C’est notamment la raison qui a conduit aux lignes de fracture sport/soin, puis soin/relation d’aide, politique de certification ou pas, ouverture des formations au grand public ou pas, conditions d’accès aux réseaux, organisation pyramidale ou transversale de la filière, etc. C’est un des principaux motifs assurant le positionnement des institutions les unes vis-à-vis des autres, et justifiant la diversité des appellations et les esprits de chapelle.

    Mais ne vous trompez pas de cheval : je suis un défenseur de la professionnalisation tout comme vous l’êtes, simplement j’aimerai que la spécialisation pèse moins sans pour autant qu’elle disparaisse. Mes propos rapportent ce qu’on entend tous les jours dans les institutions nationales, et que vous comme moi véhiculons.
    De fait, je ne pense pas qu’il soit vain de prendre un peu de temps pour s’intéresser à nos valeurs et à nos façons de nous représenter la filière et nos confrères en dehors de nos chapelles. L’unité de la filière (que je ne veux pas confondre avec l’homogénéité ou la standardisation), n’est pas forcément une lointaine chimère si les acteurs se saisissent de cet enjeu, quitte à remettre les politiques des réseaux en question.

    Je tends régulièrement la main dans ce sens : mais si vous souhaitez vous engager dans une démarche de rassemblement, réunissons-nous avec des confrères de tous bords et discutons ouvertement de ce que nous voulons pour notre avenir.

    Denis : vous êtes le bienvenu !

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    boesch Isabelle
    janvier 24th, 2015 at 19:04

    Nous n’éviterons pas les querelles de clocher et c’est humain, mais où est donc l’animal dans tout cela ? C’est lui le principal concerné qui aura la lourde responsabilité du contact réussi ou pas. L’intervenant en médiation animal doit avant tout connaitre son animal précisément et non les généralités de l’espèce, le respecter dans son individualité, afin de garantir son bien être et donc celui du bénéficiaire. Celui qui travaille sincèrement avec l’animal à depuis bien longtemps compris que dans ce monde là, votre casquette, telle quelle soit n’a aucune importance, votre amour pour l’animal et l’humain par contre sont la seule clef de la réussite. J’ai vu dans le cadre de ma pratique de médiation par l’animal, des professionnels lourdement diplômés faisant des erreurs monumentales simplement parce qu’ils n’ont pas tenu compte des besoins basiques d’un animal et mettre ainsi des personnes en danger. Alors ce serait vraiment formidable que, pour cette approche avec l’animal, vous mettiez vos « bagages » au fond d’un tiroir et vous vous donniez corps et âmes à votre objectif et tout coulera de source…Je rejoins donc le groupe de denis tallon qui travail avec le cœur et la passion même si je comprend qu’il faut cadrer cette activité pour éviter les dérives.

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    Nicolas Emond
    janvier 25th, 2015 at 14:45

    Isabelle,

    Pour ce qui concerne les clochers, je vous rejoins. Mon propos n’est pas d’empêcher les chapelles, mais plutôt d’essayer de pacifier leur coexistence, ce qui passe à mon avis par le fait de définir des valeurs communes et des points d’accord.
    Pour les animaux, ce n’est simplement pas le sujet de mon article. En étant provocateur, je dirais que dans ma vision, l’animal est facilement l’arbre qui cache la forêt. Mais c’est un vrai point d’accordage de la filière, chacun souhaitant être bien traitant et respectueux.

    Ceci dit, les notions de bien-traitance et les conditions de mise en œuvre d’une relation homme-animal respectueuse restent propres à chacun, et à ce niveau, on pourrait dire que le respect de l’animal est la qualité la mieux partagée dans le monde de la MA. Personne ne pense en manquer.
    Au point que ça puisse devenir un sujet d’achoppement, puisque rares sont les confrères (parmi lesquels je me range) ouverts aux critiques qu’on pourrait adresser à leur façon d’éduquer et faire intervenir leurs animaux. De même que peu de parents acceptent qu’on remette en question leur façon d’élever et éduquer leurs enfants.

    Bien des aspects sont discutables. Suffit-il d’être aimant envers ses animaux pour garantir la réussite des interventions ? Où se trouve la frontière réelle entre éducation et dressage ? Quel degré de mal-être est acceptable ? Ne sommes-nous pas condamnés à exploiter nos animaux, quelle que soit notre perception du travail que nous leur demandons ? Le bien-être de nos animaux doit-il prévaloir sur celui de nos patients ou sur le notre ? Le respect de bonnes pratiques codifiées empêche-t-il les accidents, et le bon sens des intervenants est-il garant de bonnes pratiques et de professionnalisme ? Entre l’animal, le professionnel et le bénéficiaire, où sont les responsabilités et comment se partagent-elles ?

    Quand on est « seulement » praticien en MA, ces questions un peu abstraites ont sans doute peu de sens concret.
    Mais quand on a aussi pour mission de former et certifier les professionnels de demain, quand on doit choisir ceux qui vont travailler avec ou pour nous, quand nos missions impliquent de valider un professionnel au sein d’un réseau, ou encore quand on est appelés à évaluer ou sanctionner des pratiques litigieuses – bref quand on est en vient à quitter notre cadre clinique pour travailler pour la filière – ces questions prennent beaucoup de sens, s’intègrent dans des perspectives plus larges et impliquent une vision plus nuancée. Car les situations réelles et leurs enjeux ne se résument, hélas, pas aux bonnes intentions, autant vis-à-vis de l’animal que de la profession ou des bénéficiaires.

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    Lemeri
    janvier 29th, 2015 at 16:25

    Je note que les propos concernent beaucoup les « médiateurs » et leurs besoins de reconnaissance. Je note les réflexions quant au bien être et besoins des animaux , ici utilisés. Je regrette le peu de regard sur les personnes en situation de prise en charge. Il me semble pourtant que c’est du point de vue de la demande que les choses devraient se refléchir. Si l’on sait exactement dans quel cadre nous avons à intervenir, la défénition découlera d’elle même.
    Quoi qu’il en soit, dans une pratique dite thérapeutique, il serait bon que le thérapeute maitrise son sujet ainsi que l’éthique qui s’y rapporte, et qu’en tant que médiateur avec le cheval, il soit tout autant capable de « lire »et de respecter son partenaire équin…

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    Lyne Fricker
    février 4th, 2015 at 23:34

    Professeur EPS spécialisée dans l’encadrement des activitées physiques adaptées je m’installe en 2009 en tant qu’équithérapeute indépendant puis qu’aucun autre terme ne faisait écho auprès du public pour parler de médiation animale avec les chevaux.Ce fut pour moi une lourde responsabilité que de s’afficher thérapeute.
    Aujourd’hui j’accueille une quarantaine de personnes chaque semaine, particuliers et établissements spécialisés.La pérennité des actions menées me conforte dans ma position.Et la réponse au débat que vous posez Nicolas est évidente, oui être équithérapeute est un métier à part entière. Ces années de pratique m’ont appris,pour parler trivialement, que le rôle du cheval médiateur ne se limite pas à remplacer le tapis de gym du prof de sport ni le canapé du psychothérapeute….
    Ce métier s’articule autour de la connaissance de l’humain certes, du monde du handicap et de la différence, des outils qui vont permettre au professionnel de faire le lien et de construire un projet, de définir des objectifs et le contenu de ses séances mais surtout et avant tout dans la définition de l’équidé comme médiateur.L’élément central c’est lui! Comment parler de médiation si l’on ne connait pas son principal partenaire??? Comment parler de médiation si l’on ne sait pas reconnaître ce que cet équidé peut amener à la personne que nous accueillons??
    Il est temps effectivement de repenser l’activité autrement. La spécialisation était sans doute un passage obligé mais elle est dangereuse. On ne s’improvise pas professionnel de la MA avec les chevaux, même si je suis un psychothérapeute très compétent dans ma matière ou un technicien hors pair….j’ai récemment évité le pire(perte d’un poney) en acceptant(ce que je ne fais quasiment jamais) une stagiaire dans le cadre d’une convention pôle emploi type EMT, psychologue clinicienne et cavalière..
    Etre professionnel de la MA avec les chevaux c’est être garant de la sécurité des personnes accueillies, du bien être des animaux avec qui l’on travaille et de sa propre intégrité. Et cela s’apprend.
    Alors…..pour un vrai cursus…avec comme dans tous les métiers du monde….la possibilité de se spécialiser dans une technique (kiné, ortho, psy, TAC, hippo etc….) mais pas d’équipsy :), pas d’équicien mais un métier qui pour moi se justifie pleinement aujourd’hui, celui d’équithérapeute.

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