Laurence Bruder-Sergent juin - 27 - 2017
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Christine s’est fait mordre par son chien cette semaine. Il avait un amas de glace entre les coussinets et elle a voulu le lui retirer.

Paco est un chien plutôt sympathique d’habitude, d’un tempérament facile et collaborant. Mais après une grande balade dans la neige au Donon, il n’a pas du tout apprécié que Christine veuille le soulager et il l’a mordue lorsqu’elle a tiré sur ses poils pour le libérer de la froide sensation.

Question de perception

Nombreux sont les témoignages de professionnels ou particuliers qui relatent des expériences négatives alors que leurs intentions étaient amicales vis-à-vis d’animaux en détresse ou en souffrance. Les réflexes de défense des animaux sont effectivement fréquents car ils ne perçoivent pas la situation de la même manière que nous.

Nous voulons les aider, certes, mais ils ne le savent pas. Certains croient qu’on les agresse puisque l’on apporte un désagrément supplémentaire lors d’un moment qui est déjà douloureux. Ils ne raisonnent pas sur le fait qu’il faut en passer par une intervention pour obtenir ensuite la cessation du mal. D’où leurs vives réactions. « Un mal pour un bien » ne fait pas partie de leurs considérations.

Réconfort et confiance en son maître

Lorsque le chien et le maître ont une relation de confiance, on augmente la tolérance au contact tactile. En effet si le chien a appris que son propriétaire était bienveillant à son égard en toutes circonstances, les chances qu’il accepte un instant déplaisant sont augmentées. A l’inverse, s’il y a peu de moments heureux dans le quotidien du binôme, que le chien et l’humain cohabitent sans valeur affective forte, les probabilités que l’animal ne se laisse pas faire seront-elles aussi impactées défavorablement. Il réagira de manière moins placide voire plus vigoureuse en cas de désagrément physique, car il n’a pas de raison d’accorder sa confiance à quelqu’un qui n’en est pas vraiment digne…. à ses yeux.

 

© Photo Sandie Bélair

 
Un moyen assez fréquemment utilisé par certains zoos pour limiter les risques de conduites agressives par irritation ou douleur est de pratiquer ce que l’on appelle le « medical training ». Il s’agit de préparer très fréquemment les animaux à être touchés dans des moments où il n’y a pas de pathologie, afin d’éviter de recevoir des manifestations violentes le jour où il faudra intercéder car il y a un problème. Si l’animal a appris à tolérer une petite contrainte, la contention ou l’immobilisation, il ressentira moins de stress et se comportera différemment dans un moment délicat.

Les propriétaires de chiens de compagnie pourraient s’inspirer de ces méthodes en leur apprenant dans la douceur à supporter ces petits inconvénients pour que le jour où survient un vrai problème, ils coopèrent plus facilement. Bien entendu il s’agit de procéder avec parcimonie et modération, il ne serait adapté d’entraîner tous les jours son chien à supporter qu’on lui examine les oreilles, les yeux ou les dents.

Comme toujours avec nos animaux, il y a lieu de veiller à créer une ambiance chaleureuse au quotidien : il n’y a que des bénéfices à enrichir sa relation à l’Autre.

Laurence Bruder Sergent

4 Responses to “Les chiens ne connaissent pas nos intentions!”

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    Koenig Marie-Claude
    juin 28th, 2017 at 7:19

    Merci Laurence pour ce témoignage que je partage. J’ai la chance d’avoir 5 chiens je prends le temps de moments de complicité et d’affection chaque jours et avec chacun. Suite à une formation de secourisme pour chiens je fais des petites mises en situation pour les habituer à se faire « soigner » ils prennent cela pour un jeu et acceptent bien les soins.

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    Alain WEISS
    juin 29th, 2017 at 12:35

    Bonjour,
    Je voudrais réagir à l’article paru sur votre blog qui s’intitule « Les chiens ne connaissent pas nos intentions ! »
    L’histoire qui est relatée où l’on apprend que le chien Paco a mordu sa maîtresse Christine alors qu’elle tentait d’enlever un amas de glace prisonnier entre ses coussinets et les commentaires qui accompagnent cet article m’amènent à plusieurs réflexions.
    Il n’est pas rare en effet que des maîtres se fassent mordre par leur propre animal. Les raisons en sont nombreuses et variées mais dans la grande majorité des cas la personne qui a été mordue, lorsqu’il s’agit d’un membre de la famille, savait que le risque était présent. En général elle avait déjà constaté que son chien avait manifesté des menaces ou était même passé à l’acte en mordant dans certaines circonstances. Elle l’a empêché d’aller à un endroit donné ou de faire quelque chose, elle l’a dérangé alors qu’il dormait, elle l’a surpris : autant de raisons que l’on entend de la bouche des maîtres, victimes des morsures de leur chien. Ces raisons invoquées ne sont pas toujours les bonnes… mais… c’est une autre question. En revanche ce qui est plus rare et plus stressant pour le maître c’est de ne pas comprendre pourquoi son chien l’a mordu ou menacé alors que lui était « rempli » de bonnes intentions. Les cas les plus fréquents concernent les personnes, souvent les enfants, qui, approchant leur visage de la tête du chien pour l’embrasser, le câliner se font mordre à la face en subissant un traumatisme physique et psychologique dont on imagine les répercussions ! Une autre situation similaire est celle où une personne vient au secours de son chien heurté par une voiture ! Attention aux morsures !
    Pour comprendre les raisons de ces événements et ce comportement particulier du chien, ainsi que la réaction du maître ou de la maîtresse, on doit bien cerner ce qui s’est passé. C’est en écoutant la personne mordue relater l’histoire que l’on comprendra qu’elle savait ou ne savait pas que son chien pouvait mordre, que ce dernier avait ou n’avait pas déjà mordu, qu’il avait menacé avant de mordre, que ce chien présente des signes d’agression dans des contextes particuliers, etc…autant de circonstances importantes qui génèrent des explications différentes.
    Il est aussi tout à fait possible que ce chien n’ait jamais montré de signes d’agressivité dans aucune circonstance préalablement à sa morsure. Alors si ce comportement est arrivé soudainement, si le chien a mordu son maître dans les circonstances décrites, sans aucun « avertissement » à court ou long termes, il existe une autre et sérieuse raison, présente à ce moment-là et très inhabituelle qui justifierait, expliquerait ce comportement (Présence d’un autre animal menaçant, douleur extrême due à une pathologie particulière, grande frayeur au même moment, etc…)

    Nous l’avons évoqué, il peut arriver que des propriétaires de chien n’imaginent pas que leur animal puisse mordre. On invoque souvent la confiance comme sentiment indispensable à la bonne entente entre maître et chien. Ici, dans le cas qui nous préoccupe il est dit ou sous-entendu que si le chien avait eu confiance en son maître il ne l’aurait pas mordu ou il y aurait eu moins de risque qu’il ne morde. « Lorsque le chien et le maître ont une relation de confiance, on augmente la tolérance au contact tactile. En effet si le chien a appris que son propriétaire était bienveillant à son égard en toutes circonstances, les chances qu’il accepte un instant déplaisant sont augmentées »
    S’il est sans doute vrai qu’un chien se laissera « manipuler », examiner plus facilement par une personne qu’il connait depuis longtemps, comme son maître et dont il n’a pas crainte, il est tout aussi vraisemblable qu’un animal dont le seuil de réactivité face à la douleur ou à la frustration est bas, se traduisant par l’agressivité, réagira en mordant, qu’il connaisse ou non la personne qui lui inflige ce qu’il n’aime pas.
    Confrontés à un événement douloureux ou qui leur fait peur, les chiens apprennent au cours des expériences vécues comment réagir face à cet événement. On peut dire qu’ils utilisent la stratégie qui leur convient. Si au cours de leur vie ils ont constaté que la fuite était le meilleur moyen pour eux de se soustraire à la peur ou à la douleur (le plus rapide, le plus efficace, le moins dangereux) ils vont l’utiliser (fuir, prendre de la distance par rapport à la cause de la peur,…) ou au contraire s’ils ont pu constater qu’en utilisant l’agression, la menace ils obtenaient ce qu’ils cherchaient (ne plus avoir peur ou mal) c’est cette stratégie qu’ils vont désormais « choisir ». Reste une question importante : pourquoi certains chiens choisissent-ils au départ telle stratégie plutôt qu’une autre ? Pourquoi certains chiens agressent-ils au lieu de fuir dès le premier événement désagréable ? Nous l’avons dit les expériences vécues apprennent à l’animal ce qui « marche » le mieux pour lui mais cela se fait en relation avec le propre caractère de l’animal, une prédisposition pourrait-on dire qui incite le chien à réagir de telle ou telle façon. Ce caractère est en lien avec la race, l’hérédité, la sélection….
    Dans ce lien si particulier qui unit l’homme et l’animal et dans leur façon de communiquer des erreurs peuvent apparaître. Ils sont sans doute plus fréquents qu’on ne le pense, ces malentendus qui font penser à tort au maître que son chien l’a compris et réciproquement qui font agir le chien en un sens que n’attendait pas son maître. Dans la plupart des cas il n’apparait aucune conséquence fâcheuse à ces travers. Mais quand cela se traduit par la violence d’une morsure il faut essayer d’en comprendre le sens.
    Pour dire un mot du « medical training » et citer un exemple qui vient appuyer la thèse de l’efficacité de cette méthode largement employée de nos jours aux Etats-Unis, regardons le déroulement d’une « classe pour chiots », dans laquelle, les chiots sont manipulés, regardés sous tous les angles et par tous les propriétaires présents et sous surveillance attentive d’un spécialiste du comportement afin de les habituer à l’être quand ils seront devenus adultes et iront, par exemple, se faire couper les griffes chez la toiletteuse sans sourcilier ou enlever une herbe plantée dans l’oreille par le vétérinaire sans tranquillisation !
    En conclusion et pour revenir à notre couple maître et chien « mordeur », apprenons au maître à comprendre son chien, à bien communiquer avec lui. Apprenons aussi au chien à réagir différemment avec son maître. La notion de confiance n’est pas une notion simple. Il nous faudrait plusieurs autres « blogs » pour échanger sur le sujet qui est particulièrement complexe. Ainsi nous ne pouvons pas répondre simplement à ces questions qui le concerne : Comment définit-on la confiance ? Existe-t-il des niveaux de confiance ? La confiance est-elle un sentiment du tout ou rien ? Quelles sont les raisons de l’existence d’une confiance ? Existe-t-il un risque à faire confiance ?

    En tout cas…je vous remercie de votre confiance ?

    Alain Weiss

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    LBS
    juillet 8th, 2017 at 9:09

    Merci Marie-Claude pour ce message, belle vie avec vos chiens,
    Laurence

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    Sandie Bélair
    juillet 18th, 2017 at 16:14

    Bonjour Alain, merci pour toutes ces précisions fort intéressantes.
    Je tenais juste à préciser qu’un article sur un blog est soumis à un nombre de signes car sinon il n’est pas lu dans sa totalité. Le média concerné n’est pas, ici, une revue. Sans parler pour Laurence, je pense qu’elle est en accord avec tes apports et est en capacité d’évoquer ou de questionner les notions dont tu fais mention mais elle était limitée en nombre de signes par le cahier des charges! Et oui, ça pourrait faire l’objet d’un autre billet et à la longueur de ton commentaire, cela confirme que le sujet est vaste…
    Mais nous avons toute confiance en Laurence pour nous éclairer sur ces diverses notions… bien à toi.

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