Natacha Darduin novembre - 11 - 2009
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Souvenez-vous, il y a quelques jours, Natacha nous présentait la première partie de son étude de cas réalisée dans le cadre de sa recherche en Master 1 de psychologie clinique et psychopathologie: L’atelier à médiation animale: l’impact de l’attachement au chien sur le développement des compétences socles des enfants déficients mentaux insécures.

Aujourd’hui, elle nous présente la seconde partie de ce travail très riche!

Analyse psychopathologique : articulation clinico-théorique

Nous allons dans cette partie reprendre les éléments cliniques de la problématique de Weda et les articuler avec des éléments théoriques afin d’apprécier les processus psychologiques mis en jeu dans l’interaction avec la chienne.

L’épisode anorexique

L’apparition des troubles alimentaires de W., est en lien avec la naissance de son petit frère et donc à une rupture de la relation d’attachement à la mère. Les différentes études menées par Chatoor et al. depuis le début des années 1980, ont permis de mieux comprendre les troubles du comportement alimentaire rencontrés chez l’enfant. De ce fait, pour le cas de W., l’anorexie apparait en lien avec un trouble de l’attachement, selon l’auteur,  l’enfant ne parvient pas à construire un « attachement sûr » à la figure d’attachement principale, il a tendance à minimiser ses besoins par méfiance devant les réponses chaotiques qu’il reçoit.

Le manque de réciprocité dans la dyade est manifeste, les parents souffrent en général de troubles psychiatriques à type de dépression ou de troubles de la personnalité (ce qui est le cas de la mère de W.). Les travaux de Chatoor, viennent donc appuyer la problématique familiale de W. et permettent de mettre en lumière l’étiologie de cet épisode anorexique. En effet, après avoir vécu cet état symbiotique avec sa mère, W. s’en est vu détachée violemment à l’arrivée de son petit frère, sa mère effectuant une pression à l’autonomisation, alors que W. a pendant six années était infantilisé et traité comme le « bébé » de la famille. Kreisler et al. (1987) décrivent alors les troubles anorexiques comme le maintien d’une relation de dépendance aux objets parentaux avec lutte contre celle-ci (conflit déplacé sur l’objet nourriture), ceci correspond à une forme dépressive. Ces symptômes ont généralement pour origine une rupture dans la continuité du maternage et une séparation d’avec la figure principale d’attachement. Ce qui est le cas pour W., qui rejoue cette relation avec la chienne. L’épisode anorexique de W. a pris fin quelques mois après le début des ateliers et de son entrée en CLIS.

Les angoisses de séparation

Dans la relation avec la chienne, comme nous avons pu en discuter précédemment, W. présente des comportements d’agrippement qui correspondent à l’un des prérequis du comportement d’attachement décrit par Bowlby (1969). Ainsi W. est en recherche de rencontre avec « l’objet chien ». Ceci passe donc par une étape de symbiose avec l’animal, qui est précurseur de l’étape de séparation-individuation. W. revit alors des expériences sensorimotrices et perceptives à travers les moments de régressions temporelles qu’elle s’accorde, la chienne lui permettrait d’expérimenter un phénomène d’attachement et un ensemble de sensations faisant défaut chez elle, ou d’en retrouver les traces. Ceci vient donc apaiser ses angoisses d’abandon et de séparation. La relation à l’animal vient donc pour W. comme le support de sa sécurité affective.

La problématique du corps

Nous souhaitons dans cette partie, revenir sur la demande régulière de W. de monter sur la chienne comme sur un cheval. On peut alors attribuer au chien, suite à cette demande originale, un rôle de portage et d’effets contenants. Le psychologue clinicien est garant d’un portage psychique, ici, le chien, matérialise celui-ci physiquement. Cette capacité de contenance de ce mode de prise en charge avec le chien, a pu très nettement s’observer dans le temps et notamment dans la communication non verbale de W. à travers ses postures : moins d’éparpillement, moins d’agrippements.

pattes et mains

Conclusion

Les ateliers à médiation animale, ont permis à W. de reconstruire une base de contacts sensoriels, contacts de peau, de sonorités, d’odeurs, de kinesthésies rythmiques. Sa problématique corporelle a pu être travaillée ainsi que ses angoisses de séparation.

L’attachement à l’animal qui s’exprime dans la proximité physique à la chienne mais aussi dans l’échange verbal qu’elle a régulièrement avec elle (murmure à l’oreille de l’animal) vient appuyer les résultats obtenus au lors d’un questionnaire permettant de mesurer le degré d’attachement à l’animal (Pet Attachment Survey). En effet, W. obtient un degré d’attachement fort à l’animal. D’autre part, W. suite à la passation d’un test permettant de mesurer sa qualité d’attachement (CCH) présente un attachement insécure. Ainsi, la chienne, partenaire qui ne juge pas, qui ne renvoie pas aux difficultés personnelles ou familiales, qui ne trahit pas, et dont les manifestations comportementales sont apaisantes et rassurantes, peut conforter W. sur le versant de la sécurité affective. Même dans le cas où ce processus est freiné par un attachement « non sécure » avec sa mère. Le rétablissement de la sécurité affective de W. lui a permis de développer la gamme des cinq compétences socles.

Ainsi, les ateliers à médiation animale ont eu un impact thérapeutique sur le développement relationnel et affectif de W.

Pour en savoir plus:

L’atelier à médiation animale: l’impact de l’attachement au chien sur le développement des compétences socles des enfants déficients mentaux insécures.

Les processus affectifs et relationnels mis en jeu lors des ateliers à médiation animale associant le chien : étude de cas clinique. Acte 1

Natacha

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