Catherine Collignon décembre - 9 - 2008
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MON CHIEN A MORDU UN ENFANT

Quoi de plus traumatisant quand un enfant se fait mordre par un chien. Traumatisant pour tout le monde : l’enfant, les maîtres du chien et le chien à qui malheureusement on ne laisse que rarement une alternative.
La plupart des enfants mordus le sont par un chien qu’ils connaissaient : chien de la famille, des voisins, d’amis, etc.
La première des constatations est que ce n’est pas parce que l’enfant et le chien ont des échanges réguliers que cela préserve de tout accident ; il semblerait même, au vu des statistiques, que cela soit plutôt l’inverse. Mais l’on peut supposer que les chiens n’ayant que de rares contacts avec les enfants obligent les maîtres à plus de vigilance et de prudence lors de ces contacts.
D’un côté, cela veut dire qu’il est courant de penser qu’un chien qui a eu la possibilité d’interagir avec les enfants se comportera bien avec eux, et de l’autre, que le chien qui ne les connaît pas risque de les mordre.
Malheureusement ce n’est pas aussi simple.

Un éleveur ayant fait un bon travail de socialisation avec l’humain préservera le chiot de peurs panique ou de phobies, voire d’une méfiance vis-à-vis des enfants. Et, encore une fois, ce n’est pas aussi simple, car il faudra tenir compte de la génétique, du nombre d’interactions et de la qualité de ces interactions. Cependant, il est à retenir que tout ne peut pas être sous notre contrôle, qu’un chien reste un chien, que le maître se doit donc de continuer à entretenir cette socialisation qui devra toujours introduire les notions de proximité, de contacts, d’approches et de stimulations. L’important est de contrôler les conséquences des interactions : il vaut donc mieux choisir peu d’interactions avec de bonnes associations plutôt que beaucoup sans prêter attention à leurs conséquences sur l’émotionnel du chien, tout en sachant que l’idéal est de nombreuses interactions avec de bonnes associations.

Il serait trop long de développer tous les cas de figure qui peuvent amener un chien à mordre un enfant (excitation dans le jeu, compétition, douleur, peur…). J’ai choisi de mettre l’accent sur la réponse des maîtres dans beaucoup de cas de morsures auxquels j’ai été confronté dans mon travail, qui a souvent été : « Nous ne comprenons pas, il a grandi avec des enfants, il était habitué, jamais il n’a grogné, il n’a jamais montré de signes de peur ou d’agressivité… ». À chaque fois, j’étais réellement attristée, car je savais que le chien avait depuis des mois signalé son insécurité vis-à-vis du contact avec des enfants, mais que les maîtres, n’ayant pas appris à reconnaître ces signes, n’avaient pu les appréhender et réagir en fonction. Il aurait été tellement facile de prévenir…
Une Norvégienne nommée Turid Rugaas a mis en évidence et répertorié depuis une quinzaine d’années des signaux de communication émis par le chien lorsqu’il cherche à modifier, arrêter ou exprimer son intention de sortir d’un début d’interaction émotionnellement insécurisante pour lui.
En tant que maîtres, nous nous devons d’observer et d’être en mesure d’identifier tout message (signaux d’apaisement, d’évitement… ) émis par notre chien nous renseignant sur son inquiétude vis-à-vis de certaines interactions et nous donnant ainsi la possibilité d’y répondre. Si notre chien est inquiet, nous devons toujours le prendre au sérieux, et dans le cas qui nous intéresse il est impératif d’entreprendre un travail de socialisation.

Voici quelques exemples de situations et signaux d’apaisement que vous pourriez observer :
Un enfant entre en contact avec votre chien : ce dernier est en laisse et ne peut donc pas partir. Vous observez que votre chien s’assoit et regarde au loin comme s’il ne remarquait pas l’arrivée de l’enfant. Il s’agit ici de deux signaux d’apaisement que votre chien émet à l’approche de l’enfant, vous signalant ainsi qu’il n’est pas à l’aise avec cette approche : le assis et le regard au loin.

Votre chien est libre et, à l’approche d’un enfant, se met à flairer le sol, occupé à tout autre chose. Flairer le sol est aussi un signal d’apaisement. Le rappeler au pied serait une erreur, laissez-le flairer et s’approcher quand il sera prêt. À l’inverse, ne laissez pas l’enfant se diriger vers lui, il y aurait non-respect du signal émis par votre chien – qui ne désire pas pour l’instant être en contact -, ce qui aurait comme effet d’augmenter l’insécurité du chien vis-à-vis des enfants.

Votre chien tourne la tête à droite puis à gauche, le regard au loin. Il exprime également son inquiétude. Peut-être que l’enfant arrive trop vite, trop près, de face… Les chiens n’aiment pas les approches frontales de la part d’inconnu(e)s.

Votre chien est près de vous, assis, le regard fixe, dans une attitude relativement naturelle et sans inquiétude particulière, mais quand l’enfant veut créer un contact physique avec lui, le chien tourne le regard de droite à gauche ou bien fait volte-face et présente son arrière-train à l’enfant. Il s’agit là également de signaux d’apaisement, votre chien n’est pas inquiet tant que l’enfant est à proximité, mais il est inquiet d’un éventuel contact physique.

D’autres signaux peuvent être émis par un chien lorsqu’un enfant entre en contact avec lui comme le contournement par la droite ou par la gauche, le baîllement ou l’étirement.

Tous les chiens mordeurs ont bien souvent émis en amont ces signaux d’apaisement. Malheureusement, ils n’ont pas été reconnus par les maîtres et le chien se voit au fil du temps confronté à une peur qui augmente sans qu’il ait la possibilité d’en contrôler la source : l’approche de l’enfant. Le dernier et le plus sûr moyen pour la contrôler est tout naturellement la morsure.

Ce qui est à retenir :
• On ne doit jamais forcer un chien au contact.
• Le premier des comportements que l’on doit apprendre à un chien qui a peur d’un enfant est de partir.
• Le meilleur moyen pour apprendre à un chien que interactions et présence des enfants riment avec plaisir est de lui offrir ou lui faire offrir ce qu’il aime par les enfants (friandises, jeux, promenades…).
Faites que chaque rencontre avec des enfants soit pour votre chien l’opportunité d’obtenir ce qu’il aime le plus au monde : chaque chien étant unique, observez votre chien et vous saurez rapidement ce qu’il aime.
Faites-le pour eux, faites-le pour lui.

Catherine Collignon

4 Responses to “Les signaux d’apaisement du chien”

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    Deluc Anabelle
    janvier 11th, 2009 at 19:28

    J’ai trouvé votre article très intéressant et ces quelques exemples sur les signaux d’apaisement ont été particulièrement pédagogiques. Je pense que ce genre de message préventif devrait être beaucoup plus diffusé auprès des personnes qui cherchent à posséder un chien. En effet, encore trop de gens oublient que l’animal qui entre chez eux est un être vivant et que cela induit une responsabilité qui ne doit pas être prise à la légère. Dans le même ordre d’idées, je pense que chaque personne devrait être plus renseignée sur la race de chien qu’elle veut adopter, car un petit chiot est toujours attendrissant et il est facile de craquer pour un chien qui ne correspond ni à notre style, ni à notre rythme de vie. Peut-être qu’une prévention et un éclairage sur les demandes du chien que l’on souhaite posséder limiterait les abandons (ou les don après quelques mois) de trop nombreux chiens. Pour conclure sur votre article, j’aimerai rajouter, de façon un peu naïve, que chaque adulte doit garder en mémoire que leur animal est un être vivant avec ses propres comportements et ses propres réactions et qu’il ne doit jamais laisser un enfant seul avec un chien même si on pense avoir une confiance aveugle en son animal.

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    ARQUILLIERE Nathalie
    octobre 4th, 2009 at 18:27

    En effet, cet article est intéressant, mais le travail de tout éleveur consciencieux et sérieux ne s’arrête pas à la socialisation du chiot, il est aussi de son devoir d’informer les futurs propriétaires sur le comportement du chien et son éducation. L’éleveur doit me semble-t-il pouvoir conseiller les futurs acheteurs, assurer un suivi de ses chiots et rester à l’écoute des propriétaires en difficulté et les orienter vers un éducateur canin si besoin.
    Malheureusement, beaucoup de chien sont vendus via les foires ou les animaleries avec tous les risques que cela comporte.
    Il faut aussi sensibiliser les personnes sur le fait que le chien n’est pas un objet, ni un jouet , il doit être respecter dans sa dimension physique et psychique, un « bon » maître fera preuve d’autorité, compréhension et équité.

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    Isa
    décembre 27th, 2009 at 21:06

    Certes, l’éleveur doit renseigner mais il ne peut pas (malheureusement) livrer le chien avec le mode d’emploi complet… Il y a des livres & des livres forts intéressants sur le comportement & l’éducation des chiens..

    & les nouveaux acquéreurs doivent vouloir entendre !…

    Il y a peu de temps encore, j’ai revu un bébé né chez moi, avec ses maîtres.. Qui se sont étonnés que l’éducation donnée en club n’ait pas fonctionné alors que je leur ai dit dès le départ & écrit dans le livret d’accueil que les méthodes coercitives ne fonctionnent pas avec un spitz-loup !..
    Avec la bonne façon, en 1/4 d’heure, la chienne savait marcher au pied & se coucher… Magique, m’ont-ils répondus…. Mais non, simplement adapté.
    Ils n’avaient pas entendu, ils n’avaient pas lu… Espérons que cette démonstration visuelle les aura mis dans la bonne direction.

    Ce sont TOUS les maillons de la chaîne qui doivent travailler ensemble.. Ce n’est pas que l’éleveur, que l’éducateur, que le maître.

    Mais revenons au principal : merci Catherine pour cet excellent article !..

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    muriel
    mars 20th, 2015 at 15:44

    votre article est très complet et bien expliqué. Mais dans le coeur de l’action, je pense que ce n’est pas si simple de bien saisir les signaux envoyés par son chien quand on n’a pas l’oeil aguerri. Ce demande de travailler son sens de l’observation.

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