Brigitte Martin février - 21 - 2009
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Aujourd’hui, Brigitte nous propose une interview d’une grande dame à qui l’on doit beaucoup dans le domaine de la thérapie avec le cheval:  Madame de Lubersac, fondatrice de la FENTAC. A suivre, vous trouverez également l’historique de la cette Fédération. Bonne lecture!

Interview Renée de Lubersac, le 8 février 2009 par Brigitte Martin, coprésidente de la FENTAC.

Madame de Lubersac est née en Janvier 1925. Elle a été psychomotricienne, psychothérapeute, thérapeute avec le cheval et fondatrice de la FENTAC. Elle est docteur honoris causa de l’université de Wroczlav en Pologne.

J’avais envie de parler avec toi de ton parcours, à partir du moment où tu te lances dans les études de psychomotricité.
— Comment as-tu choisi de devenir psychomotricienne ?
Je travaillais alors auprès de mon mari, François Lévy Laffage, qui distribuait des jeux pour enfants. Il était en fait représentant ; mais c’était une époque difficile où nous ne gagnions pas assez d’argent et je me suis dit qu’il fallait que je trouve du travail de mon côté.

— Mais pourquoi la psychomotricité. Comment en as-tu entendu parler ? C’était encore tout récent comme profession ?
Oui, je dois avoir intégré la deuxième promotion …
J’ai une cousine qui était kinésithérapeute et c’est elle qui m’a dit de me renseigner, que les études duraient 2 ans, et que ce n’était pas très difficile…
Je me suis donc inscrite à la faculté. Je dénotais un peu puisque je n’étais pas une petite jeunette mais une femme de 40 ans. J’ai suivi entre autres les cours du Professeur Dublineau (recteur de l’université), de Madame le docteur Masson (directrice de l’enseignement) qui est devenue par la suite une amie, de Madame Pléchot (cours de danse folklorique où l’on s’amusait bien !) et de Madame Orlic, dont la méthode m’a tout de suite intéressée.
Je l’ai beaucoup utilisée au CMP d’Aubervilliers où je travaillais avec des adultes, et c’est elle qui m’a proposé plus tard de reprendre l’enseignement de cette technique pour les étudiants.

— Et le cheval ?
Le cheval s’est imposé à moi dès mes études. Tandis que j’apprenais sur les bancs de la faculté le développement psycho affectif et psychomoteur du jeune enfant, je donnais des cours d’équitation à un groupe d’amis dans un club de la région parisienne. C’était ce que l’on nommait la « reprise du lundi », qui rassemblait un psychiatre, une orthophoniste, mon mari et d’autres encore. Le rapprochement entre ce que j’apprenais et ce que je vivais alors dans le manège (repérage dans l’espace, adaptation aux rythmes, équilibre, tonus, etc) m’a sauté aux yeux. J’ai donc envisagé de m’intéresser à la question de façon plus scientifique et j’ai bâti et présenté mon mémoire de fin d’études qui a fortement surpris et intéressé le jury et je suis donc devenue psychomotricienne.

— Et puis ?
Dans ce centre équestre, il y avait un jeune garçon psychotique qui n’arrivait pas à s’intégrer dans les reprises avec les autres. Je l’ai intégré dans cette reprise et je me suis rendue compte de l’impact que pouvait avoir cette « activité » sur son comportement, sa façon d’être.
Ensuite, ma cousine, toujours la même, a eu vent d’un voyage en Angleterre de responsables de la MAE, de la MGEN et de l’Entraide Universitaire dont elle-même faisait partie, afin d’aller voir des handicapés moteurs que l’on mettait à cheval. Elle se disait que cela devait m’intéresser. J’ai pu me joindre à ce groupe de directeurs. C’était le tout début de la rééducation par l’équitation.
A notre retour, le journal « Plaisirs Equestres » m’a demandé d’écrire un article, ce que j’ai fait. C’est grâce à cela que j’ai rencontré Hubert Lallery qui était kinésithérapeute. Après avoir lu l’article, il m’a téléphoné en m’incendiant. Pour lui, je n’avais pas le droit de mettre à cheval des personnes handicapées, seuls pouvaient le faire les kinés, puisque c’était de la rééducation…
Ensuite un 2ème voyage a été programmé et il s’est joint à notre petit groupe.
La suite est plus connue et je vous renvoie à l’historique de la thérapie avec le cheval telle qu’elle est racontée dans le dépliant de la FENTAC, ci après.

HISTORIQUE DE LA FENTAC
1968 – Création du Comité d’Etudes et d’Action pour la Rééducation par l’Equitation, CEARE , émanation de la MAE, MGEN et APAJH.

1969 – Ecrit princeps sur la question « Rééducation psychomotrice et équitation classique », mémoire de Renée de Lubersac dans le cadre de la Faculté de Médecine de Paris VI, CHU Pitié-Salpêtrière.

1970 – Création de l’Association Nationale de RPE- ANDRE.

1971 – L’enseignement de la Rééducation par l’Equitation (RPE° est introduit à la faculté Paris VI et Renée de Lubersac en assume la responsabilité. Parallèlement, Hubert Lallery, masseur kinésithérapeute, avait entamé une activité rééducatrice fonctionnelle avec le cheval
Tous deux allient leurs connaissances complémentaires et publient « la Rééducation par l’Equitation », ouvrage épuisé et dépassé.

1971,1972 et 1973 voient la naissance des premiers séminaires de formation, car tout de suite est apparue l’absolue nécessité d’une spécialisation pour ceux qui voulaient pratiquer la RPE.

1975 – L’ ASERTAC, aujourd’hui dissoute, a assumé à partir de cette date la responsabilité de ce stage de formation qui se déroulait annuellement , à la même époque, et que tous dénommaient « le stage de février » .

Etant donné la complexité et la richesse des relations entre humains ou entre humains et chevaux, cet enseignement ne pouvait avoir pour cadre qu’une réflexion personnelle et commune et non la pédagogie magistrale et classique, pourtant plus rassurante.

C’est de cette méthodologie qui considère chacun comme responsable et capable de s’assumer que naît « L’Ecole Lubersac ».

Elle comprend à ce jour de très nombreux adeptes, exclusivement et impérativement des médicaux ou para-médicaux – cavaliers.

Beaucoup possèdent ces deux composantes, mais d’autres apprendront à connaître le cheval afin de pouvoir se qualifier.

Ces praticiens, ainsi spécialisés, exercent une discipline qui trouve dorénavant sa place dans l’éventail thérapeutique des établissements.

L’ASERTAC organisait en outre, au mois de mai, une réunion annuelle, « Les Provinciales », qui propose un thème de réflexion chaque fois différent, réservée aux pratiquants.

Un bulletin bi-annuel interne, informe, documente et défend les thérapeutes et leur position de soignants. Il procure, à chaque parution, de nouveaux sujets d’étude et d’approfondissement des problèmes que tous peuvent rencontrer.

1986 : de la RPE à la TAC

Au mois de février 1986, le « stage de février » de l’ASERTAC comprend un groupe dynamique et réfléchi…

Il éprouve le besoin d’affirmer la spécificité de notre travail, ce qu’il réalise en définissant ses particularités essentielles :

1. Nous sommes des thérapeutes.

2. Nous sommes des médicaux ou paramédicaux et cavaliers.

3. Nous possédons les connaissances théoriques et pratiques indispensables.

Ce qui nous amène à définir différemment nos activités. Nous abandonnons la « Rééducation par l ‘Equitation » pour adopter la nouvelle formule de « Thérapie avec le Cheval » (TAC).

Quant à nous, depuis un certain temps déjà , nous parlions de « Thérapie par l’équitation, mais les trois termes de la nouvelle dénomination prennent une signification plus précise et plus adaptée à notre travail ».

« THERAPIE » – elle concerne obligatoirement les seuls thérapeutes et constitue une « ouverture supplémentaire » (professeur Dublineau) venant s’adjoindre à l’ensemble des possibilités dont le but consiste essentiellement à améliorer ou à guérir.

« AVEC » – à la place de PAR. Ce mot AVEC souligne la relation beaucoup plus étroite, la connivence que le thérapeute s’efforce d’établir entre la personne handicapée et le cheval, en montant mais aussi à pies, dans les soins aux chevaux ou les autres activités les concernant. La connaissance de l’éthologie du cheval est indispensable.

« CHEVAL » – à la place d’équitation. « L’équitation, avant tout, c’est la monte. Le cheval, dans la TAC, représente tout ce que nous apporte l’animal cheval, en tant qu’être vivant par sa présence, par son contact, par sa relation à la fois enrichissante et singulière. » (François Lévy-Laffage dans le bulletin intérieur des chevaux du bonheur n° 4)
Cette nouvelle formule a été abusivement adoptée par des non-thérapeutes, mais il est dorénavant plus aisé de les reclasser là où, normalement, ils doivent se trouver. Ils ne sont le plus souvent, ni médicaux, ni paramédicaux, donc non thérapeutes. Ils ne peuvent, dans ces conditions, pratiquer une quelconque thérapie.

1986. – Le 13 décembre, assemblée constitutive de la FENTAC (Fédération Nationale de Thérapies avec le Cheval). Tous ceux qui assistent à cette assemblée reconnaissent la nécessité d’une telle fédération.

1987.- Le 7 février, première assemblée générale de la FENTAC.

Comme nous venons de le constater, une grande confusion règne toujours quant au fait de mettre à cheval les personnes handicapées et quant aux buts poursuivis. La FENTAC vient à son heure. Elle va rassembler par le moyen d’une Fédération nationale, les associations et les personnes qui pratiquent la thérapie avec le cheval et ceux qui s’y intéressent.

Elle établit ainsi une frontière, au sens déontologique du terme, entre des activités fondamentalement différentes. D’un côté, on soigne en vue d’améliorer ou de guérir et de l’autre on se livre à une activité de loisir hautement estimable en ce sens qu’elle apporte de la joie.

Brigitte MARTIN

2 Responses to “Rencontre avec Madame de Lubersac et Historique de la FENTAC”

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    humeau
    octobre 28th, 2009 at 18:41

    madame,
    je cherche à acquérir votre livre thérapie avec le cheval pourriez me dire comment l’acquérrir le plus vite possible

    avatar
    Sandie
    octobre 28th, 2009 at 18:50

    Vous pouvez vous procurer le livre à la FENTAC.
    Le site de la FENTAC se trouve dans les liens de ce blog (en bas de la colonne de gauche de cette page).
    Bonne continuation.

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