Rédacteur invité janvier - 13 - 2009
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Nous vous proposons aujourd’hui un « avis très personnel » de Marguerite WEITH, psychologue, thérapeute avec le cheval, secrétaire de la FITRAM, coordonnatrice de la FEETAC,  « sur la valeur de la mediation animale dans notre rapport aux « persons with disabilities » « . Marguerite nous a présenté cet écrit lors d’une réunion de travail entre porteurs de projets et acteurs AAA. Nous avons souhaité vous le faire partager! Et nous la remercions vivement d’avoir accepté!

Marguerite se présentera plus longuement lorsqu’elle viendra nous parler du rôle de la FITRAM.

Bonne lecture

 

Mon lien avec l’animal est mon rapport à tout être animé, y compris l’homme, qui manifeste à l’état brut son ressenti immédiat dans son être au monde.
Il peut le manifester autant par son plaisir, sa joie à être, que par sa souffrance due à son impuissance à ne pas pouvoir être tel qu’il le ressent. Impuissance qui, chez l’animal domestique, mais autant sinon plus chez le petit de l’homme, peut mener jusqu’à la mort.

C’est en comprenant progressivement cet enjeu-là que le petit homme s’est fabriqué des outils qui lui ont permis de s’adapter à son environnement. Mieux encore, de s’y faire une place, de s’y imposer à la force de son intelligence: Redoutable outil, car s’il permet de comprendre et donc de maîtriser beaucoup de choses, il permet aussi de masquer ce rapport immédiat au Sensible qu’avait le petit homme, et que l’animal a gardé…masquer ce rapport jusqu’au point de le perdre.
Nous constatons les effets pervers de cette perte dans les ratés actuels de notre société dite d’homo sapiens.

Or, nous autres qui travaillons avec les « persons with disabilities » (« manque d’habilités » à quoi? eh bien justement à s’adapter suffisamment aux exigences de la société!) nous constatons le pouvoir de l’animal à créer des liens entre ces personnes et la société: le pouvoir de « médiatiser ».
Mais médiatiser comment? Simplement par son appel exprimé dans sa manière d’être authentique au monde: l’appel à notre propre authenticité:

la médiation de l’animal est le lien qu’il tisse entre les authenticités.

Il nous fait nous replonger dans notre être sensible, et à partir de là il nous permet de construire notre être humain en ce qu’il a de responsable de par sa capacité à » inter-ligere ».

C’est ce qui est, c’est ce qui se fait spontanément….mais qui peut aussi ne pas se faire à cause de tout ce que nous avons mis en place pour que cela ne se fasse pas. A cause de cette carapace physique et psychique que nous nous sommes forgée. Carapace « adaptée » dans le cas de l’homme dit normal, incomplète ou inadaptée dans le cas des personnes qui nous sont confiées, ou qui se confient à nous.

La question est alors: « comment faire pour que cela puisse se faire?
Et comment faire pour que ce qui se fait spontanément entre l’animal et l’homme puisse « ad-venir »?
Ceci dans un processus évolutif permettant à la fois à cet homme de devenir lui-même et de s’adapter aux exigences sociales sous leur aspect pragmatique, certes, mais ethique surtout.

Alors, comment faire?
S’agit-il d’un « faire » ou essentiellement d’un « être »?
Etre pour que quelque chose se fasse:
Cela représente tout le travail sur nous-même: le travail pour être au plus proche de notre propre être, et en même temps au plus proche de celui de l’autre.
C’est tout d’abord, en de ça de toute compétence, une question de personnalité. L’animal nous aide à la découvrir en nous remettant en contact avec notre « petit homme »..;ce que d’aucuns appellent nos « archaïsmes ».
Et qu’en faisons-nous? Cette question est à la base de la sélection des accompagnants des « persons with disabilities ». La personnalité est à la base de toutes compétences

C’est ensuite une question d’écoute, et là encore l’animal nous aide: il répond tout de suite à ce qui est la « vraie » demande, implicite ,cachée sous les mots, et peut ainsi nous éviter des réponses hâtives à la demande explicite.

Cela suppose des connaissances sur le comportement de cet animal: avec quel animal travaillons-nous? Qu’en savons-nous? Et que sait-il de nous?
Ceci pose le problème de l’élevage de l’animal médiateur, pour qu’il puisse conserver, et développer ses capacités de médiation.

C’est une question de désir, de notre désir d’aider à faire des humains, à valoriser cette humanité dans l’être plutôt que de juger hâtivement ses fautes.

C’est aussi une question de capacité à ne pas être aimé: frustrer pour permettre la « défusion », la marche vers l’autonomie…quitte à rester soi-même sur le bord du trottoir.

 

 

 

 

…..ensuite, bien sûr, on apprend aussi pleins de techniques….qui sont ce qu’elles sont…..

 

Marguerite  WEITH

3 Responses to “Avis très personnel sur la valeur de la médiation animale dans notre rapport aux « persons with disabilities »”

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    jojaba
    janvier 14th, 2009 at 20:36

    Bonjour !
    Lecture intéressante. Marguerite est vraiment une passionnée !
    Il serait peut-être intéressant d’ajouter (avec son accord) une photo d’elle ? En voici une sur le site de la Féetac tirée de la galerie photo de la fédération : photo de Marguerite en bonne compagnie. Ceci dit, elle pourra peut-être vous en fournir une autre !

    Cordiales salutations, Joël

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    Nicolas
    janvier 14th, 2009 at 21:27

    Bonjour,

    Nous avons prévu tout ceci lorsque Marguerite viendra présenter la FITRAM en détail.

    Donc patience, patience …

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    annick
    janvier 15th, 2009 at 19:04

    C’est avec un grand intérêt que je découvre, lis et relis cet article. Cela provoque un vif écho dans ma pratique de médiation avec l’âne et des personnes en situation de handicap . J’apprécie plus particulièrement ce concept d’authenticité , d’appel et/ou de réveil de notre authenticité , de celle du sujet a qui est proposé cette expérience de médiation avec l’animal .
    Cela m’inspire un prochain billet (vignette clinique) où je tenterais de vous relater une rencontre entre une adolescente(porteuse d’une hémiplégie) et un âne médiateur d’ânikounâ !
    Merci de nous faire découvrir ces écrits, j’ai hâte de mieux connaître Marguerite .
    A très bientôt sur ce blog !
    annick
    PS; je découvre aussi ce terme de  »personn with disabilities » qui m’évoque une autre formulation celle de « personne à necéssités spéciales  » utilisée au Portugal .

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