Véronique février - 9 - 2009
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2ème partie (suite) Les différentes approches scientifiques des notions de bien-être, de souffrance, de douleur : les critères utilisables pour apprécier la douleur chez le chien

En médiation animale, toute douleur est susceptible de déclencher des séquences d’agression par irritation. C’est pourquoi, il me semble important que l’on se penche sur les critères pouvant être utilisés par les référents afin qu’ils puissent détecter toute manifestation douloureuse chez le chien impliqué dans un programme de médiation animale.

Critères utilisables par les cliniciens face à la douleur

A la question « l’animal souffre-t-il ? », il n’est pas toujours aisé de répondre. L’animal ne peut exprimer verbalement cette douleur.
L’évaluation de la douleur est une tâche difficile, complexe et souvent très subjective.
Pour plus de facilité, des grilles d’évaluation de la douleur sont mises à la disposition des vétérinaires. Ces échelles multiparamétriques tentent de diminuer l’aspect subjectif et de renforcer le volet objectif dans l’évaluation de la douleur. Ces échelles reprennent un certain nombre de paramètres (données physiologiques, réponse à la palpation, activité, état psychique, postures, vocalisations…) auxquels on attribue des points en fonction de leur présence, de leur absence, de leur nature. Le total des points permet d’attribuer un « score » à la douleur et donc de la quantifier en quelque sorte. L’étude du comportement général de l’animal ne doit pas être oubliée dans la sémiologie de la douleur, car les signes comportementaux paraissent relativement faciles à aborder et présentent un réel intérêt.

Ces grilles ne sont pas parfaites ; elles n’en sont pas moins indispensables au praticien vétérinaire, car elles constituent le seul moyen de savoir si l’animal souffre.

Les manifestations comportementales répertoriées au cours d’affections douloureuses

Les grilles ne présentent pas d’intérêt pour le quotidien du référent de chien. Néanmoins, elles peuvent nous renseigner sur des signes d’appel. Ces différents signes doivent éveiller l’attention sur un phénomène douloureux possible et conduire le référent du chien à une consultation chez le vétérinaire.

Les manifestations comportementales sont des éléments importants à prendre en compte, chez le chien dans l’évaluation de la douleur. Les manifestations comportementales qui doivent amener le référent à suspecter une affection douloureuse sont :

• Dépression : mélancolie, refus de jeu, indifférence, absence de fête au maître.

• Agressivité : indocilité, agressivité spontanée ou provoquée, instabilité caractérielle.

• Appétit capricieux, jusqu’à l’anorexie.
• Insomnies.

Bien entendu, ces signes pris de manière isolés ne peuvent pas conduire à la conclusion de phénomène douloureux (ils doivent être associés à d’autres signaux : modification de l’habitus, faciès douloureux, vocalises, mimiques posturales et gestuelles, manifestations cardiorespiratoires et sécrétoires), mais ils doivent éveiller l’attention sur un phénomène douloureux possible et conduire le référent canin à une consultation chez le vétérinaire qui orientera la décision, suite à la consultation, d’un retrait temporaire (« arrêt maladie ») ou définitif (retraite) du chien impliqué dans des activités associant l’animal.

Les affections douloureuses fréquemment à l’origine d’agressions

Certaines affections douloureuses sont fréquemment à l’origine d’agressions par irritation. Il conviendra donc d’être particulièrement vigilant si le chien inclus dans un programme d’aaa présente de telles affections :
• des otites externes ou moyennes
• des affections ostéoarticulaires type arthrose, douleur cervicale, maladie discale
• des fistules périanales (et de la plupart des lésions au niveau de l’anus lorsqu’elles sont le siège de processus inflammatoire)
• des dermatoses (problèmes de peau) profondes
• parmi les affections particulièrement douloureuses, on trouve encore certains troubles viscéraux (problèmes de prostate, inflammation du pancréas, certaines tumeurs abdominales), certaines affections de l’œil (ulcère superficiel de la cornée, glaucome, uvéite) et certaines affections dentaires (en particulier les abcès).

Les douleurs chroniques

La douleur chronique, parfois consécutive à une douleur aigue et d’installations beaucoup plus insidieuse que la précédente, peut se prolonger sur plusieurs mois à plusieurs années de façon continue ou intermittente. Elle est liée soit à un processus malin hautement évolutif (cas des douleurs cancéreuses), soit à une maladie dégénérative d’évolution lente (cas des douleurs rhumatismales et des douleurs post-traumatiques). Elle a des répercussions préjudiciables sur l’état général : inappétence, perte de poids, troubles du sommeil, désintérêt pour l’entourage en relation avec un état dépressif, agressivité, sont autant de signes classiquement associés à la douleur chronique chez l’Homme comme chez l’animal.
La douleur chronique répond mal à un traitement étiologique souvent difficile à établir. Aussi le recours à diverses médications (antalgiques, sédatifs…) n’est pas toujours suffisant pour en venir à bout. Un chien manifestant des douleurs chroniques doit être réformé ou mis à la retraite.

Evolution possible d’une affection douloureuse pouvant conduire à la réforme du chien : le syndrome agressivité réactionnelle des états algiques

Les signes de douleur du chien sont à prendre très sérieusement pour un chien investi dans une activité de médiation animale, d’une part pour le risque d’agression ponctuelle cité ci-dessus, d’autre part, en raison d’un risque d’évolution vers un syndrome d’agressivité réactionnelle des états algiques qui, suivant le stade, risque de déboucher sur une réforme de l’animal.
Il ne s’agit pas de considérer comme pathologique l’apparition exceptionnelle d’une agression par irritation chez un chien souffrant d’une affection douloureuse. En revanche, certains sujets vont développer progressivement des réponses agressives de fréquence croissante, persistantes alors même que la douleur a disparu.

Dans un prochain billet, nous aborderons les critères utilisables par les chercheurs pour apprécier le bien-être du chien, et les informations qu’on peut en tirer pour essayer de développer des outils d’évaluations sur les questions de « bien-être » du chien dans le cadre d’activités associant l’animal.

Pour en savoir plus:

1. CADORE, J.L.Comment reconnaître la douleur ? Le point vétérinaire, 1993, 24, 149, 587-592
2. HEERIBOUT, B.La douleur : données actuelles. Réalisation et analyse d’une enquête sur les pratiques et les besoins auprès des praticiens du Grand Ouest.Th : Méd. Vét. : Nantes : 2002. 266p.

3. PAGEAT, P.Pathologie du comportement du chien. 2e édition. Maisons-Alfort : Editions du point vétérinaire, 1998. 382 p.

4. TRONCY, E., KEROACK, S.Bien gérer la douleur Pratique médicale et chirurgicale de l’animal de compagnie, Mai-Juin 1999, 34, 405-419.

Véronique

One Response to “Bientraitance et bienveillance vis-à-vis du chien impliqué dans les activités associant l’animal 2ème partie (suite)”

    avatar
    oreiller cervical
    juillet 13th, 2010 at 14:43

    merci pour votre article de la part de tous les toutous ! 🙂

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