Laetitia Gianelli mai - 16 - 2014
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C’est avec un grand plaisir que nous vous présentons aujourd’hui un de nos coups de cœur… A la vidéo, Sandie, et au clavier, Laetitia… une petite collaboration entre rédacteurs du blog pour vous permettre de découvrir une association qui œuvre dans le domaine de la médiation équine…

Lors du colloque de l’Ifeq, le 26 avril dernier, sont intervenus, en DUO, Jacki Herbet, équithérapeute et Emmanuelle Tizon, monitrice et experte Equihandi. Si j’utilise le terme de « duo », c’est parce qu’il souligne très bien, à mon sens, la complémentarité de ces deux personnes et la façon qu’ils avaient d’articuler leurs discours et la vision de leur travail. Jacki Herbet et Emmanuelle Tizon font tous deux partie de l’association Equithé’A et interviennent auprès d’enfants, de jeunes et d’adultes en situation de handicap physique, psychique, mental, handicaps associés ou rencontrant des difficultés sociales. Avec deux autres professionnels, Frédéric Hiberty, Moniteur d’équitation spécialisé dans les Activités Adaptées avec le Cheval et expert Equihandi ainsi que Marie Loncelle, Certificat de Qualification Professionnelle Animateur Soigneur Assistant, ils effectuent un travail d’éducation, de ré-éducation ou de thérapie… par la médiation avec le cheval.

Jacki et Emmanuelle intervenaient autour de la question «Pourquoi et comment travaillons-nous ensemble ? ». Et ce qu’ils ont pu notamment souligner c’est que ce partenariat mis en place entre le moniteur d’équitation adaptée et l’équithérapeute permet des « regards croisés » et crée également ce qu’ils ont nommé un « Espace des possibles ».

 

logo EquiThé'A

Des « Regards Croisés »

D’après Jacki, l’équithérapeute possède les connaissances des mécanismes humains, des interactions et des pathologies, il travaille sur les émotions et les ressentis… L’accent est mis sur le travail au sol.
Pour Emmanuelle, la fonction du moniteur d’équitation adaptée se situe dans la rencontre avec le cheval et dans l’adaptation de moyens pédagogiques et matériels ainsi que dans la proposition d’activités équestres adaptées aux personnes qu’il accompagne. Il va également poser le cadre qui va permettre à la personne d’approcher les chevaux dans la sécurité.
C’est la complémentarité et la continuité entre ces deux regards qui vont permettre un enrichissement de la pratique.

L’ouverture d’un « Espace des Possibles »

Les termes de « va-et-vient » ou d’ « aller-retour » ont été employés plusieurs fois au cours l’intervention de Jacki et Emmanuelle. En effet, il s’avère qu’au sein d’une même séance, ce va-et-vient est possible entre l’équitation et l’équithérapie, entre le moniteur et l’équithérapeute. Les deux propositions cohabitent grâce à la « double compétence ». Comme l’explique Jacki, à un moment donné, le fait de monter à cheval et de pouvoir galoper peut s’avérer bénéfique et thérapeutique pour un patient ; or, les compétences de l’équithérapeute ne lui permettent pas de mettre les personnes à cheval. C’est là qu’intervient le moniteur d’équitation… A l’inverse, lorsqu’en séance la pratique adaptée de l’équitation active des émotions, déclenche des phénomènes qui ont plus à voir avec un travail de soin, l’équithérapeute prend la main. Ainsi, la « palette des possibles » s’étend… Les objectifs, le projet mis en place évoluent en fonction de la propre évolution de la personne accompagnée.

Un autre partenariat à souligner

Jacki a bien insisté là-dessus : « Les parents font partie de l’équipe ». Ils sont complètement intégrés au travail avec leur enfant s’ils le souhaitent. Ils suivent alors le même cursus de formation que les stagiaires accueillis par l’association afin de pouvoir travailler en séance avec le cheval. C’est aux parents de choisir leur place, leur engagement sera plus ou moins important selon leur volonté.

 



[Le blog de la Médiation Animale] – EquiThé’A par resilienfance

Deux propositions particulières

Jacki et Emmanuelle ont pu nous parler plus particulièrement de deux types d’intervention : La « Monte en double » et la « Thérapie familiale dissociée ».

L’utilisation de la « Monte en double » est utilisée depuis leur rencontre avec Rupert Isaacson, père d’un enfant atteint d’autisme et auteur de l’ouvrage The Horse Boy. Pour Emmanuelle, le fait de monter à deux sur le cheval, l’intervenant se situant derrière l’enfant accompagné, a de multiples avantages surtout dans la prise en charge d’enfants autistes. Cela évite notamment la confrontation avec le regard, le contact visuel. De plus, la position de la personne sur le cheval est sécurisée par le moniteur d’équitation. Ainsi, c’est dans une sécurité maximale que peut s’effectuer le travail autour du mouvement créé par l’allure du cheval, permettant un apaisement et des stimulations physiques et sensorielles particulières.

La mise en place de la « Thérapie familiale dissociée » part du principe que l’enfant accueilli fait partie d’un système familial, c’est l’approche systémique. Pour Jacki, il est évident qu’on ne peut prendre en charge un enfant sans que les parents soient acteurs du travail engagé par cet enfant, d’où cette approche holistique de l’accompagnement. Mais pourquoi thérapie « dissociée » ? Parce que chacun vient en séance pour son propre compte, les enfants de leur côté et les parents de l’autre. Le débriefing permet ensuite de mettre du sens et de remettre de la communication.

Pour terminer, je dirais que j’avais déjà eu la chance d’entendre Jacki Herbet s’exprimer autour de sa pratique lors d’une présentation de l’association CALI (Cheval Aide Loisirs et Intégration) dont il est l’administrateur. Dans sa conclusion, il notait déjà que l’essentiel est de « créer des conditions et d’attendre, sans se lasser ». Il me semble ici que l’association Equithé’A, par la complémentarité des intervenants dans l’équipe et par la coopération dont ils font preuve, se situent bien dans cette « création de conditions » permettant que quelque chose se passe, que quelque chose advienne du côté du Sujet…
Et enfin, je souhaiterais insister sur le fait qu’un partenariat essentiel n’a pas été développé dans cet article puisqu’il apparaît comme une évidence : la collaboration avec le partenaire cheval. Et à ce propos, dans le livret d’accueil du colloque, l’équipe de l’association Equithé’A rappelle que « Travailler ensemble c’est se centrer sur le cheval car c’est avant tout lui que la personne vient rencontrer et avec lui qu’elle vient se rencontrer »…

Pour en savoir plus:

Le site de l’association Equithé’A

Lætitia Gianelli

 

3 Responses to “EquiThé’A ou comment Equithérapie et Equitation Adaptée coopérent…”

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    Dupuis Jean-Jacques
    mai 16th, 2014 at 10:45

    Très bon article et démarche intéressante.

    Un point me paraît cependant à éclaircir « créer des conditions et d’attendre, sans se lasser » …

    Pense personnellement que l’on peut faire mieux qu’attendre !

    Bien cordialement

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    Isabelle
    mai 17th, 2014 at 10:29

    Effectivement, la spécialité de chacun crée la complémentarité, permettant ainsi d’ouvrir le champ des possibles. Actuellement, j’ai un jeune qui désire travailler le trot enlevé dans le grand manège avec le moniteur, ensuite il vient dans le petit manège et fait de la détente sans selle au pas et à l’arret avec moi (éducatrice et monitrice). Au manège, nous travaillons, le moniteur et moi le plus souvent séparément(choix de petits groupes, par 2 ou 3)mais des séances ensemble parfois nous permettent d’échanger et d’ajuster nos points de vue, de revoir les objectifs si besoin. Nous effectuons le plus souvent la préparation des poneys ensemble, moi je suis axée davantage sur le coté détente et exploration sensorielle, lui davantage sur le pansage.
    Dans ce cadre, nous créons des conditions pour que chaque jeune se sente en sécurité et développe du désir et se sente davantage sujet. Ainsi, on peut voir par exemple un jeune s’essayer au trot enlevé et partir de lui meme sur la piste, après s’etre relaxé contre l’encolure pendant un long moment. Attendre sans se lasser, oui, mais aussi pouvoir varier les propositions suivant ce qui se passe, se joue et ajuster, réajuster notre distance. . Certains jeunes handicapés mentaux ont plus besoin d’étayage, d’impulsion que d’autres. Le role de moi-auxiliaire est donc important également, la fonction contenante essentielle. Progressivement, les actions effectuées prennent sens et les jeunes cherchent à les reproduire et explorent davantage par eux meme car ils ont gagné en sécurité. Alors, le sentiment d’identité se développe.

    Cordialement.

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    laetitia
    mai 24th, 2014 at 22:12

    Jean Jacques,

    je me permets de rebondir sur votre remarque intéressante pour préciser dans quel contexte cette expression « attendre sans se lasser » a été prononcée : Jacki évoquait une expérience avec un jeune homme atteint de psychose, qui, pendant plusieurs mois, refuse d’approcher et de toucher un poney, mais il est là, dans le manège, il regarde, il est présent.A force de patience, de mise en place de conditions favorables (notamment le fait de toujours prévoir un poney pour lui même sil restait en retrait), de prise en compte de la façon d’être de ce jeune homme, après ces quelques mois, le jeune homme accepte de brosser un poney, ensuite, progressivement, d’en mener un en longe et de partager des activités, d’aller le chercher au pré… Jacki expliquera ensuite qu’il faudra encore de longs mois avant que le jeune homme parvienne à un réel apaisement, chaque résistance du poney, chaque difficulté ayant pour effet la colère, toujours dirigée contre lui…
    Au final, tous ces longs mois auront permis à ce jeune homme de s’apaiser, de refaire le parcours de la relation à l’autre, de retrouver de la confiance en lui et en l’autre…

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