Nicolas Perez janvier - 19 - 2009
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Cet article fait suite aux billets intitulés : Quel avenir statutaire pour le titre de psychothérapeute et les titres apparentés (zoothérapeute, thérapeute avec le cheval …) ?

J’ai tenté de rassembler quelques avis des différents syndicats et autres groupements de « « psy » » donc psychologues et psychothérapeutes. Vous découvrirez à leur lecture que la direction prise par le gouvernement dans ce projet (rien n’est encore officiel) tend à restreindre (fortement) l’accès à ce titre. Cette liste d’avis n’est pas exhaustive mais apporte néanmoins un éclairage, à mon avis suffisamment pertinent, sur la question.

Vous trouverez ci-joint le dernier projet rédigé que j’ai pu trouver. Je préfère vous avertir que je ne peux vous en garantir l’authenticité : projet-de-decret-d’octobre-2008. Je ne l’ai trouvé que sur le site http://www.ff2p.fr.

Bonne lecture.

1 – Avis du Syndicat National des Psychologues

http://www.psychologues.org

«Du nouveau sur le titre de psychothérapeute ? (27/11/2008 6:40:00 )

Un projet de décret et d’arrêté d’application de la loi sur le titre de psychothérapeute (art 52) circulent officieusement. Le projet d’arrêté est marqué « version du 22/10/08 ». Le cabinet de la ministre de la santé nous a indiqué lundi 24 novembre qu’il n’y avait à ce jour aucun texte à ce propos encore stabilisé.

D’ailleurs certaines incohérences apparaissent entre les deux textes du décret et de l’arrêté. Il nous faudra donc attendre, vraisemblablement, pour connaître les réels projets du gouvernement en la matière. Voici dans l’état actuel – hypothétique – de ces textes, l’analyse qu’en fait le SNP :

Le projet de décret est identique à la version qui a circulé au mois de Juillet, et qui nous avait déjà paru bien trop faible en terme d’heures de formation théorique (400 heures) et de formation pratique (5 mois de stage). La formation théorique est dispensée dans des établissements d’enseignement supérieur public ou privé. Donc fini le monopole de l’Université. Et la formation en psychopathologie s’impose aussi aux membres de droit (médecins, psychologues, psychanalystes). Sur le plan du décret donc, les recommandations du Conseil d’Etat ont primé, et il n’y a pas d’amélioration par rapport à la version précédente.

Cependant le projet d’arrêté modifie considérablement l’ensemble des dispositions contenues dans la version de Juillet de ce texte . Nous notons plusieurs points positifs, d’autres qui le sont beaucoup moins. Parmi les points positifs:

* Une formation faisant référence à une psychopathologie digne de ce nom, inscrite dans la tradition française de la discipline;
* La possibilité que plusieurs des enseignements adoptent une perspective dominante (mais non exclusive), donnant ainsi un sens saisissable et plus cohérent à la formation dispensée, ainsi que la volonté de s’en tenir à une formation en psychopathologie et non en psychothérapie, ce qui est cette fois-ci dans l’esprit de la loi.
* Le pré-requis d’un master de psychologie, perspective inespérée jusque là puisque la version antérieure ne parlait que de niveau licence sans précision de domaine (seule incongruité : un « master de psychanalyse » peut également tenir lieu de pré-requis, ce qui reflète l’incongruité que ce diplôme a toujours constituée). L’autre pré-requis possible est un diplôme donnant le droit d’exercer la médecine en France.
* Les professionnels non-membres de droit (les « ni-ni ») seraient pris en compte après trois ans d’installation à la date du texte, et auraient quatre ans pour acquérir les éléments de formation manquants constatés par la commission régionale.
* Il y a enfin une disposition peu cohérente sur le régime d’habilitation des formations en psychopathologie dispensées par les établissements publics ou privés : c’est la même commission régionale mentionnée ci-dessus qui délivrerait les habilitations à renouveler tous les quatre ans. Si bien que la mission de cette commission régionale serait sans objet au bout de quelques années quand elle aura étudié tous les dossiers des « ni-ni ». En revanche, elle deviendrait pérenne (en se réunissant au moins tous les quatre ans) pour habiliter les formations… A cette occasion, on découvre dans l’arrêté que ces commissions régionales comprendraient deux universitaires, ce que le décret n’avait pas indiqué… Preuve que tout cela n’est pas encore bien ficelé.
* Mis à part cette dernière étrangeté, les propositions précédentes constituent à nos yeux une nette amélioration du texte. Mais un dernier point apparaît beaucoup plus discutable : il concerne le régime des dispenses partielles ou totales de formation pour les professionnels inscrits de droit. Si le principe paraît bon, une disposition ruine ce système : c’est la mention des « psychologues cliniciens » dans le tableau des dispenses. D’une part, le terme de « psychologue clinicien » n’est n’est pas protégé légalement (seul celui de « psychologue » l’est), mais surtout le terme de « psychologie clinique » est maintenant utilisé dans des diplômes aux contenus et orientations les plus divers : psychologie de la santé ici, psycho du développement là, neuro-psychologie ailleurs… et le terme de « psychologue clinicien » ne permet pas de faire la différence avec ceux qui ont reçu une vraie formation de psychopathologie dont la mention figure dans le titre de leur diplôme. Cette disposition devrait absolument être revue, afin de n’accorder de dispense totale de formation qu’aux psychologues dont la mention ou la spécialité du diplôme est la psychopathologie, les autres pouvant évidemment disposer d’une dispense partielle.

Reste donc à savoir dans quel sens ces textes vont évoluer. Pour l’instant ils apparaissent comme les moins mauvais de tous ceux auxquels a donné lieu ce trop long feuilleton… qui reste quand même pour les psychologues un film catastrophe.»

2 – Avis de fédération française de psychothérapie et psychanalyse :

http://www.ff2p.fr/

«Pour les Fêtes de fin d’année (2009), le Gouvernement nous a réservé une surprise : une 8e version du décret d’application de la loi sur le titre de psychothérapeute, assortie d’un arrêté – contradictoire avec cette loi !
En effet, la loi prévoit deux catégories de psychothérapeutes, ceux « de droit » et « les autres professionnels ».
Or l’arrêté supprime, d’un trait de plume, cette 2e catégorie – qui représente plus de moitié des psychothérapeutes certifiés ! Les psychologues cliniciens « ni-ni-ni-ni » auraient droit d’emblée au titre de « psychothérapeute », sans aucune formation complémentaire (ni sélection, ni travail sur soi, ni formation à une méthode, ni supervision), mettant en danger des usagers fragiles.
La FF2P, en concertation avec les principales organisations professionnelles, a fait part immédiatement de ses vives protestations auprès des ministères de la santé et de l’enseignement supérieur, ainsi qu’auprès des services du Président de la République.»

6 Responses to “Avis des groupements professionnels sur le décret encadrant le titre de psychothérapeute”

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    Nicolas E
    janvier 20th, 2009 at 12:44

    Et concernant le projet d’arrêté lié au projet de décret, une version officielleuse circule également :
    http://www.lta.frdm.fr/20081022-Article-52-Projet-de-decret-et-d-arrete-d-application-156#inter2

    Il y a de quoi être inquiet face à ce qui se profile, et en particulier face au fait que l’Etat entend définir jusque dans les détails les contenus de formation, tout en limitant les volumes horaires. Je vois mal comment un tel cadre permettrait de former un psychothérapeute en 400 heures sur lesquelles au mieux 150 pourront être consacrées à l’apprentissage d’une approche théorique et pratique spécifique – alors que cette partie représente actuellement parfois plus de 1000 heures de formation dans certaines écoles de psychothérapie, qui n’auront alors plus aucune « valeur ajoutée » par rapport aux formations qui ne manqueront pas de se créer sur le modèle étatique…

    Après les psychothérapeutes mal protégés, nous en arriveront aux psychothérapeutes protégés, détenteurs d’un savoir validé par l’Etat, mais hors du champ clinique !

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    Nicolas
    janvier 21st, 2009 at 10:15

    Les formations qui se profilent sont effectivement, à mon sens, trop légères… même si elles restent nettement supérieur à ce que propose certains « instituts ».
    D’où l’intérêt pour tous de parler d’une même voix et d’employer un langage similaire …

    A suivre donc …

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    Nicolas E
    janvier 21st, 2009 at 13:13

    C’est vrai qu’il s’agit d’un enjeu important que celui de donner une base commune à tous les psychothérapeutes (ou plus exactement à tous les futurs psychothérapeutes).
    Mais je trouve qu’on est loin du compte dans le projet actuel.

    L’idée de n’ouvrir les formations qu’aux psychologues, aux psychanalystes et aux médecins me semble tout a fait incongrue alors qu’on souhaite créer une profession (et non une spécialisation). Et celle de définir 4 domaines d’enseignement aussi ciblés (alors que ces contenus théoriques sont a priori au programme des 3 années de licence en psychologie), tout en laissant aussi peu de place à des enseignements obligatoires relatifs à l’utilisation d’une technique de psychothérapie (analyse, PNL, EMDR, Gestalt, relaxation, cognitive, comportementale, hypnose, humaniste, systémique, TOS, etc.) ne peut conduire qu’à des formations au rabais.

    Comment peut-on devenir praticien dans un domaine aussi vaste que l’hypnose Ercksonnienne, par exemple, en ayant reçu au plus 150 heures de formation dans ce domaine (c’est seulement 1 mois à temps plein !) et en ayant abordé pendant au moins 250 autres heures des aspects théoriques et cliniques liés à d’autres pratiques ? Ou le législateur compte sur les 5 mois de stage (mais on connaît tous les difficultés et le côté aléatoire de l’apprentissage en stage : trouver un stage adapté, un maître de stage qui vous implique et vous supervise, pouvoir être autonome, etc.), ou il a lui-même bien du mal à savoir ce qu’est la psychothérapie et comment on l’exerce.

    C’est vrai que ce cadre est déjà une avancée par rapport à ce qu’on peut voir de pire aujourd’hui, mais en tout cas c’est un net recul par rapport à ce qu’on peut trouver de mieux.

    Mais a votre avis, pourquoi ces décrets pourraient-ils changer quelque chose à la situation des thérapeutes en médiation animale ?

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    joelle guidi
    janvier 22nd, 2009 at 7:29

    Finalement , tout en étant certainement et à juste titre interpellés et concernés par ces évènements , je crois que ces derniers nous permettent plus clairement d’apparaitre : vous l’avez dit Nicolas , nous sommes des thérapeutes à médiation –
    Je crois qu’en fait on assiste à une sorte de besoin d’identification, voire de réassurance, certainement dangereuse tant sur le plan de l’éthique que sur celui de la pratique : le pouvoir du verbe , le dictat des mots mais … ça existait déjà . Il semblerait que le malaise est si intense que seule LA LOI puisse l’apaiser.
    Ca ne changera rien au problème : il y a des souffrances , ou alors des symptômes ? , qui ne reconnaisent pas les mots , ou au contraire s’en amusent et s’en nourrissent pour amener plus loin dans la folie .
    Certes , nous aussi , thérapeutes à médiation , avons la capacité à dire , penser , et même analyser , mais nous avons surtout l’objet de médiation , celui qui vient entre , et qui pour le coup , nous définit aussi . Cette querelle de chapelles me semble plutôt révéler les manques et les limites , en appelant aux instances suprêmes pour asseoir un pouvoir : ça ne donne pas la puissance . Je serais d’avis d’en profiter pour avancer d’autant dans nos recherches , nos échanges , nous régaler d’être ce que nous sommes : des thérapeutes à médiation .La terminologie, s’ils y tiennent , je leur laisse , moi , ce qui me concerne , c’est l’être .

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    Nicolas E
    janvier 22nd, 2009 at 18:49

    Bonsoir Joëlle,

    Mais effectivement, quand on envisage la thérapie comme une mise à disposition de son « être » à un tiers – et même si ce n’est pas exclusif, à mon sens, à la fois du réaliser, du faire, du transmettre, du sentir, et même parfois de l’avoir et du donner – ce qui est (je l’espère) le cas de tous les psychothérapeutes, on ne peut pas se satisfaire d’entendre le législateur décider d’octroyer un titre sur la seule et unique base de connaissances livrèsques mal appropriées au vécu clinique ; et au passage de destituer ceux dont la compétence clinique ne s’asseoit pas sur une formation initiale universitaire.

    Effectivement, il ne s’agit « que » du titre de psychothérapeute, titre que très peu de thérapeutes en médiation revendiquent.
    En revanche la quasi totalité des thérapeutes (sérieux) en médiation souhaitent – chacun à leur échelle – voir leur situation légale se clarifier par la définition d’un statut qui reconnaisse leur fonction. Pour éviter les mélanges de genre entre soin et loisir, et pour que le public y voit clair entre les thérapeutes et les marchands du temple. Comment pourrait-on ne pas être inquiets à la vue de ce qui se profile pour les psychothérapeutes, alors qu’ils représentent jusqu’à maintenant le modèle même du spécialiste en relation d’aide ?

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    joelle guidi
    janvier 23rd, 2009 at 7:52

    Comme ça fait du bien de pouvoir avoir ces échanges !! (au passage , encore une fois merci à celles et ceux qui nous permettent ces moments !)
    Nicolas , il est évident que j’adhère complètement à ce que vous écrivez d’autant que je suis aussi formée à la Gestalt et que le problème nous concerne directement . L’Institut Français De Gestalt Thérapie – d’où je viens- a pris position : il refuse de s’inscrire sur les listes préfectorales car , je cite : » le psychothérapeute ne peut être un officier de santé mentale . Il ne peut faire partie d’un corps d’état sous tutelle de la santé publique ou de l’éducation nationale . Il exerce une activité professionnelle dans la marge , là où se trouvent ceux qui souffrent précisément des normes et de la pensée unique « .
    Pour moi , oui , il est bien là le problème ! Attention aux pièges ! Ne risquons pas notre âme à trop vouloir…? quoi , au fait , un titre de psychothérapeute . J’ai peur que du coup , on se manque , on s’éloigne de notre propre objet – ça ne veut pas dire être inconscient , je dirais bien au contraire , essayons de rester dans la conscience , l’ici et maintenant , l’awareness..et je crois qu’on y verra plus clair ….peut-être .
    Encore un truc -pardonnez mon bavardage -en parlant de titres et diplômes : j’en ai un également bien reconnu , avec formation universitaire et diplôme d’Etat à la clè : psychomotricien ….. Est il nécessaire de repréciser dans quelle situation nous sommes ? Un si beau métier , une formation si chouette et holistique !! ben , désolée mais le statut ;, le mot ,le diplôme sont ici plus un frein qu’une sécurité , un DE bafoué, mis à mal , non reconnu- voyez notre statut hospitalier !!! Mon exemple a un peu tendance à prouver ma mauvaise foi. , je l’admets !!! Je devrais le dire différemment: : la pratique de la thérapie avec le cheval m’a permis de m’identifier plus clairement , peut-être en me démarquant , justement , de titres ou statuts peu satisfaisants , dans tous les cas dans lesquels j’avais du mal à évoluer à l’aise . Aujourd’hui , j’ai vraiment très envie qu’à la fois on se protège mais surtout qu’on se donne les moyens d’avancer tant dans le fond que dans la forme
    En fait , je prends conscience que je ne suis pas vraiment dans la bonne rubrique ou dans la même problématique : je crois que la reconnaissance de notre statut et de nos fonctions en thérapie à médiation semble se placer en priorité dans la hiérarchie de .. mes besoins ? Je plaisante , bien sûr , et suis vraiment ravie , il me faut le redire,de pouvoir partager ces moments d’échanges et de questionnements .

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