Marine Grandgeorge juillet - 27 - 2011
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Comme promis dans le billet « L’animal dans le soin: entre théories et pratiques # 1 », voici la suite du compte-rendu de Marine sur le 1er colloque organisé par le CEPIHA (Cercle d’Etudes Pluridisciplinaire des Interactions Homme-Animal)!

N’oubliez pas de revenir pour la fin… Sandie

Les interventions assistées par l’animal

1. Quelles connaissances? Quelles perspectives?

J’ai donc eu la chance de participer à cette journée et de présenter la question des interventions assistées par l’animal : quelles connaissances et quelles perspectives? A cette occasion, j’ai rappelé le manque de consensus sur la définition des interventions assistées par l’animal en illustrant par les nombreux termes utilisés pour définir des pratiques similaires. Après un court historique sur la pratique (les premières traces remontent au 11ème siècle en Belgique), j’ai proposé de faire une synthèse sur la littérature actuelle en m’appuyant sur différentes revues de littérature. Ainsi, il apparait que les publics les plus concernés sont les jeunes enfants, les personnes handicapées physiques et/ou mentales et enfin les personnes âgées, les plus « étudiées ». Ces recherches se basent d’ailleurs sur différentes méthodologies, avec une prédominance des questionnaires, interviews et études de cas (peu d’observations).

Enfin, la question des espèces est aussi abordée : le chien apparait être l’animal le plus couramment présenté dans les études, bien qu’un tiers de ces dernières ne mentionnent pas l’espèce impliquée (i.e. utilisation du terme « pet », animal de compagnie en anglais). Malheureusement, la littérature n’est pas le reflet de la pratique et aujourd’hui encore, les données scientifiques manquent pour étayer la question des interventions assistées par l’animal (nombreux biais méthodologiques).

Avant de faire un focus sur l’animal et les personnes avec autisme, j’ai rappelé que l’animal pouvait avoir un impact sur 4 sphères du développement : social, émotionnel, physique et cognition.

Enfin, j’ai fini mon exposé sur la recherche que j’ai mené au cours de mon doctorat, sur la question des relations entre les enfants avec autisme et les animaux de compagnie, en portant ici mon attention sur les animaux non familiers. Pour avoir les détails, je vous propose de vous reporter aux deux articles sur mon blog : celui concernant le développement de la méthodologie et des résultats avec les enfants typiques et l’autre sur les résultats avec les enfants avec autisme.

© Photo Marine Grandgeorge

 

2. Les apports de la compréhension de la relation homme – cheval pour la recherche dans le domaine IAA

Par la suite, Sandra Toro Pena, doctorante à l’université Paris V a présenté les apports de la compréhension de la relation homme – cheval pour la recherche dans le domaine des interventions assistées par l’animal. Après une présentation de la situation des centres dans différents pays, illustrant leur augmentation tant en nombre qu’en fréquentation, elle a présenté une synthèse des études sur la question des interventions assistées par le cheval.

En résumé, cette pratique influence, chez le partenaire humain :

– la sphère physique (posture, équilibre, latéralité)

– la sphère psychologique (anxiété, contrôle des émotions, confiance en soi)

– la sphère éducative (fonctions cognitives, structuration, autonomie)

Son exposé s’est terminé par des illustrations photographiques, mettant en avant des observations de la pratique qui pourrait poser problème dans l’établissement du lien homme-cheval.

 

© Photo Marine Grandgeorge

 

3. Quelle méthodologie utiliser pour analyser les programmes d’intervention assistée par l’animal ?

Enfin, pour finir la matinée, Marie Maurer, Docteur en Psychologie, post-doctorante à l’Université de Sherbrook (Canada), nous a parlé de la question : quelle méthodologie utiliser pour analyser les programmes d’intervention assistée par l’animal ? Elle a rappelé, selon Lajoie (2003), qu’il existe plus de 20 définitions différentes des interventions (ou thérapies) assistées par l’animal et 12 termes anglophones pour le même phénomène (i.e. pet therapy, pet psychotherapy, pet-facilitated therapy, pet facilitated psychotherapy, four-footed therapy, animal-assisted therapy, animal facilitated counseling, pet-mediated therapy, pet-oriented psychotherapy, companion-animal therapy, and co-therapy with an animal).

D’un point de vue théorique, il ne semble pas y avoir – là aussi – de consensus. Ainsi, deux grandes catégories semblent se dessiner :

1. la catégorie des attributs de l’animal, avec:

– l’hypothèse de biophilie

– un effet général anxiolytique

– un effet distracteur

– la théorie de l’attachement

– la théorie de l’effet transitionnel

– l’animal comme facilitateur social

– l’absence de jugement

 

2. la catégorie de l’animal comme agent cognitif:

– les 5 compétences socles de Montagner

– l’animal est un partenaire « plus accessible »

M. Maurer a discuté l’ensemble de ce point pour nous montrer qu’aucun de ces modèles ne semble parfait et la diversité de la question des relations homme-animal. Ensuite, elle a abordé la question de la méthodologie en nous proposant deux approches : celle de l’éthologie et celle du Q-Sort.

Elle a utilisé l’éthologie lors de son travail de doctorat, s’intéressant aux interactions entre 11 enfants avec TED (troubles envahissants du développement) et 13 dauphins. Par une méthode rigoureuse, elle s’est intéressée aux réactions des enfants et a montré qu’en majorité (60%), ils ont des expressions faciales neutres lors de leur rencontre avec les dauphins. Par contre, lorsqu’elles avaient une valence, les expressions faciales étaient plutôt positives (16%) que négatives (4%). Elle a aussi observé peu d’émissions sonores, plutôt positives (environ 80% des cas)). Ce qui est intéressant à noter est la variabilité individuelle des enfants : alors que 4 sur 11 semblent très attirés, un des garçons a vécu cette expérience assez négativement.

Concernant le Q-sort, il s’agit d’une méthode de tri d’items selon une distribution forcée (i.e. attribuer des rangs), ce qui permet selon Gauzeute, d’accéder à la représentation. M. Maurer a mené une recherche sur la question : est-ce que certains traits de tempérament prédisent le succès d’un chien de service? Pour cela, 40 adjectifs positifs comme négatifs ont été listés (d’après la littérature existante) et ont été soumis à différentes personnes pour un tri avec le Q-sort (e.g. entraineur, famille).

Ce qui en ressort :

– en majorité, le chien idéal est calme, attentif et obéissant

– pour les familles avec une personne TED, s’ajoutent : tolérant et affectueux

– et les aspects les moins appréciés : agressif, peureux et méfiant

Cette méthode s’avère très utile pour choisir l’espèce animale la plus appropriée pour les interventions assistées par l’animal, pour apparier un couple homme-chien ou encore, favoriser le succès d’une adoption.

Marine

Pour en savoir plus:

L’animal dans le soin: entre théories et pratiques # 1

Le CEPIHA (Cercle d’Etudes Pluridisciplinaire des Interactions Homme-Animal)

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La Médiation Animale ? Telle est la question pour un grand nombre de personnes … Le but de cette pratique, en quelques mots, est la recherche des interactions positives issues de la mise en relation intentionnelle homme-animal. Elle est donc associée à une intentionnalité ... Lire la suite

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