Marine Grandgeorge août - 19 - 2011
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Suite et fin du compte-rendu de Marine sur le 1er colloque organisé par le CEPIHA (Cercle d’Etudes Pluridisciplinaire des Interactions Homme-Animal)! Bonne lecture! Sandie

Bien-être animal

1. Bien-être animal : l’arbre qui cache la forêt

Florence Burgat, philosophe à l’INRA, a ouvert l’après-midi avec sa présentation « bien-être animal : l’arbre qui cache la forêt ». Elle a rappelé que cette question était encore anecdotique il y a une vingtaine d’années.

Il existe différentes définitions générales du bien-être, par exemple :

– état du corps et dans l’esprit dans lequel on se sent bien

– le bien-être, c’est la privation d’être mal (selon Montaigne).

Et donc, simplement, satisfaire ses désirs et besoins ainsi que disposer de soi-même

Le programme de recherche, Welfare Quality, s’est intéressé à cette question pour mesurer le bien-être de 7 espèces animales de rente. Il a mis en évidence 12 items importants portant sur la physiologie, l’environnement, le sanitaire, les aspects sociaux et psychologiques.

F. Burgat a aussi appuyé son discours sur la différence essentielle à faire entre bien-être et bien-traitance. Si la première notion, place l’individu animal au cœur de la question, la seconde se place au niveau du comportement de l’homme et néglige donc, en partie, l’animal (on laisse de côté le comportement des animaux et les problèmes issus de la sélection génétique par exemple).

Enfin, la question du bien-être de l’animal dans les interventions assistées par l’animal a été rapidement abordée. Elle y prend tout son sens car c’est une affaire de rencontre entre deux individus, une relation sur la base de réciprocité, d’écoute, etc. Si l’animal est choisi pour aider, il doit l’être pour son individualité et pas sur ses compétences (au risque de le considérer comme une machine). Ceci souligne bien l’importance de la spécificité de chaque relation : l’animal a une existence et pas qu’une vie!

 

2. Les IAA : les enjeux d’une réglementation

Ensuite, Romy Sauvageot, Master 2 en éthologie appliquée et médiatrice des relations homme-animal a abordé la question des enjeux d’une réglementation des interventions assistées par l’animal. Depuis quelques années, un certain nombre de ces interventions se sont développées dans des structures accueillant différents publics. Professionnels et non professionnels exercent, sans qu’aucune réglementation ne vienne cadrer ce type d’exercice. Une réflexion autour de ce point permettrait de considérer à la fois le respect de la personne bénéficiaire et de l’animal médiateur et de mettre en avant la notion d’individualité. Pour cela, elle nous a offert un point sur la question.

D’un point de vue religieux, l’animal est au service de l’homme. Selon Descartes, l’animal est une machine. En illustrant son propos par différentes définitions, R. Sauvageot nous a montré que l’animal se définit, non pas par ce qu’il est, mais par ce qu’il n’est pas (e.g. n’est pas un homme, pas un végétal).

Aujourd’hui, dans les textes de lois français, il faut savoir que l’animal est :

– une bien selon le code civil,

– un être vivant selon le code pénal

– un être sensible selon le code rural

Le droit évolue avec les représentations mais ce n’est pas le cas sur le statut juridique de l’animal….Ainsi, pourquoi légiférer? Tout d’abord, pour que l’animal soit reconnu comme un être sensible, pour être protégé et que l’on lui reconnaisse ses droits. Ainsi, un cadre juridique pourra être posé concernant les activités associant l’animal. En mai 2005, une proposition de réforme de loi avait été amorcée mais n’a finalement pas été suivie.

C’est pourquoi, aujourd’hui, les seules « réglementations » pour les interventions assistées par l’animal sont :

– des chartes propres aux associations

– des certificats de capacité sans suivi ultérieur

Mais est-ce qu’une réglementation simple va suffire? De nombreuses questions subsisteront sur une hiérarchie entre espèces, l’application des lois, la mise en place du seuil de maltraitance, le devenir des « animaux hors la loi », etc…

Lors d’une discussion suivant cette intervention, un avocat belge a fait justement remarquer qu’au delà d’une réflexion sur les animaux, c’est une réforme globale qui devrait être entreprise sur le statut de la nature en général.

3. Quel bien-être pour l’animal mis au service de l’homme ?

Mélanie Caritey, Master 2 éthologie appliquée et psychologue, a fini cette session par la question : quel bien-être pour l’animal mis au service de l’homme ? De nouvelles attentes découlent des récentes fonctions que l’on attribue à l’animal (de compagnie), telle que celle de « co-thérapeute » ou « adjoint thérapeutique ». Différentes espèces sont utilisées, bien que, la majorité soit des mammifères, plutôt de petite taille.

Les interventions assistées par l’animal œuvrent pour le bien-être de l’humain. Cependant dans quelle mesure le bien-être de l’animal est respecté au cours de ces pratiques (e.g. ses choix, ses préférences, sa fatigabilité) ? Par cela, il faut déjà saisir ce qu’est le bien-être et M. Caritey en propose un complément aux définitions précédemment citées. Selon Mason (1977), il s’agit de la perception de l’individu de la menace qui induit un stress, qui peut être aussi provoqué par la non-réalisation d’un comportement naturel (Mason et al., 2001).

Ainsi, le bien-être peut être mesuré selon 4 dimensions:

– zootechnique

– sémiologique (relation santé et bien-être)

– physiologique (e.g. dosage d’hormones, fréquence cardiaque)

– éthologique (e.g. capacité à répondre, richesse comportementale)

 

 

Brambell (1965) a proposé 5 libertés pour les animaux de rente, mais qui sont tout à fait applicables aux animaux de compagnie, notamment ceux impliqués dans les interventions assistées par l’animal :

1. Respect des besoins alimentaires (Freeedom from thrist, hunger and malnutrition) : eau fraiche ad libitum (à volonté), nourriture adaptée (qualité et quantité)…

2. Fourniture d’un habitat approprié (Appropriate confort and shelter) : espace suffisant et pourvu d’abris en quantité nécessaire, température et lumière adéquates (rythme jour/nuit), absence de nuisances ou de conditions de vie anxiogènes…

3. Accès aux soins (Prevention or rapid diagnosis and treatment of injury and disease)

4. Possibilité d’exprimer des comportements propres à l’espèce et à l’individu (Freedom to display most normal patterns of behaviour) : opportunités d’exprimer des comportements sociaux dirigés vers les congénères et de se familiariser aux humains voire à d’autres espèces, possibilités d’expérimenter diverses stratégies adaptatives…

5. Protection contre la peur et respect des émotions (Freedom from fear) : conduite appropriée vis-à-vis d’un animal exprimant la peur, absence de violences (physiques ou émotionnelles)…

Marine

Pour en savoir plus:

L’animal dans le soin: entre théories et pratiques # 1

L’animal dans le soin: entre théories et pratiques # 2

Le CEPIHA (Cercle d’Etudes Pluridisciplinaire des Interactions Homme-Animal)

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