Une petite surprise quelques jours avant Noël… Nous avons décidé d’enrichir le blog d’une chronique intitulée « Les Echos du DU RAMA « (Relation d’Aide par la Médiation Animale).  Elle va vous permettre d’aller à la rencontre de porteurs de projets aux profils et compétences très variés!! Didier VERNAY se propose de la conduire et vous amène à la rencontre d’Eric GOBERT et de ses lamas! Sandie

Le RAMA a démarré à la fac de médecine de Clermont-Ferrand. Les étudiants de la première mouture, promo « Marie-Claude Lebret », sont en travail préparatoire. Les sessions théoriques débutent en février. En amont des inscriptions, chaque candidat a été auditionné par la commission pédagogique. Nous avons retenus 30 personnes aux itinéraires aussi riches que variés. Cela fut l’occasion de contacts fructueux et je vous propose une chronique « Echos du DU RAMA » pour vous donner quelques infos et donner la parole à certaines personnes porteuses d’actions ou de projets remarquables. Elle est inaugurée par Eric Gobert, éleveur de lamas dans les Pyrénées.

Pouvez-vous vous présenter Eric?

Après plus de vingt années au service du Ministère de la Défense, j’ai décidé de changer de voie afin de donner priorité à ma vie de famille. C’est pourquoi en 2004, j’ai créé l’élevage Les Lamas du Val d’Azun. Sur la base de cette activité, je propose des visites de l’élevage pour le grand public et les scolaires, dans le cadre du réseau Bienvenue à la Ferme. De plus, persuadé des effets bénéfiques des animaux sur l’être humain, j’ai fondé l’association Pat’à Coeur, au sein de laquelle nous organisons des séances de médiation animale pour tous types de handicaps avec nos lamas.

© Eric GOBERT

Comment avez-vous connu les lamas ?

C’est un pur hasard. En effet, j’ai toujours voulu avoir des lamas sans vraiment les connaître. Je savais simplement qu’ils étaient d’excellents débroussailleurs. Il y a cinq ans alors que je m’installais avec mon épouse à Estaing, nous avons décidé d’en acheter un ou deux pour entretenir notre terrain. Ne les connaissant pas, nous avons d’abord visité des élevages et avons recherché des informations sur Internet, sur des sites français et anglo-saxons. Nous avons découvert alors tout ce qui pouvait être fait avec ces animaux atypiques et nous nous sommes lancés…

Quelles sont les aptitudes du lama qui vous semblent intéressantes dans le domaine des AAA ?

En dehors du principe que tous les animaux éduqués peuvent faire des actions d’AAA, le lama présente des aptitudes qui peuvent être utilisées avec plusieurs pathologies. En préambule, il est important de préciser que tous les lamas ne sont pas adaptés à ce genre d’activités, comme tous les chiens ne le sont pas ou tous les chevaux. Ils sont sélectionnés puis entraînés.

Pour répondre précisément à votre question, tout d’abord son gabarit permet de passer presque partout (ascenseur, escalier, etc). Il peut aussi se pencher sur une personne alitée ou assise sans qu’elle ait le besoin de bouger et lorsque la personne est debout, il est à sa hauteur. De plus, en un clin d’œil on peut dire que le lama est un animal vertical. En effet, lorsque l’on est face à lui, sa tête peut représenter la tête d’une personne, le cou et le torse peuvent être comparés au corps d’un être humain et les deux pattes antérieures à celles des jambes. De plus, le lama regarde souvent dans les yeux.

C’est un animal qui est de plus très silencieux et qui, pour communiquer, va utiliser le plus souvent son corps. Je compare cette communication corporelle à des idéogrammes chinois. En fonction de la position de la tête, des oreilles, du nez, du cou et de la queue, ces différents signes effectués en partie ou tous voudront dire des choses différentes, qui seront très appréciables dans la communication infra-verbale avec des personnes en souffrance.

Y a-t-il dans votre expérience une indication ou un public particulièrement sensible à ce que produit la rencontre avec les lamas ?

Pour tous les publics, la première rencontre avec un lama provoque l’étonnement car peu de personnes ont l’habitude d’en rencontrer. Nous avons la chance d’avoir plusieurs lamas médiateurs qui seront choisis pour travailler avec telle ou telle pathologie. Si nous avons des activités avec des jeunes en difficulté, nous prendrons un lama imposant et qui demande beaucoup d’efforts pour arriver au contact physique. Les « dits jeunes » devront donc canaliser leur énergie afin de pouvoir « domestiquer » l’animal. En revanche, avec nos aînés, nous utiliserons un lama calme, patient et qui saura se faire apprécier par la douceur de ses attitudes et de son pelage.

© Eric GOBERT – Rencontre avec les aînés

Il n’y a pas de couleur de robe type chez le lama, ce qui nous permet aussi de choisir en fonction du public. Certaines personnes sont plus impressionnées par le noir alors on utilisera un lama clair ou blanc.

Pouvez vous nous décrire quelques interventions types ?

Avec des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer, nous interviendrons au sein même de leur lieu de vie et l’on va, après un premier contact tactile, travailler avec un psychologue et/ou orthophoniste, sur l’animal lui-même par des séances de brossage et de nourrissage et même de câlins. Puis, après le départ des animaux, on va organiser des séances avec le praticien spécialiste de la diction par exemple (on a de la chance lama c’est facile à articuler) et travailler la mémoire en présentant des photos d’animaux, etc…

En revanche, si nous avons un public de personnes trisomiques, après un contact, brossage, etc… nous allons les initier au guidage du lama en longe. Nous organiserons ensuite un parcours d’obstacles ludiques ou la personne déficiente pourra s’exprimer corporellement accompagnée de son lama. Pour en arriver, après plusieurs séances, à des balades adaptées.

© Eric GOBERT – Balade adaptée

Y a-t-il des références bibliographiques ou des sites dédiés aux lamas qui retiennent votre intérêt ?

La seule référence bibliographique existante sur les lamas est un ouvrage, édité il y a quelques années, par le Docteur Vétérinaire Bernard Giudicelli et son épouse Christiane qui élèvent des lamas et des alpagas depuis plus de vingt-cinq ans. Ce livre « Lamas alpagas, les connaître, les élever » est considéré comme la bible des détenteurs de petits camélidés. Concernant les sites dédiés aux lamas, en France comme à l’étranger, ils ne délivrent que des informations superficielles, donnant certes l’envie d’en savoir plus, mais ne rentrent pas dans les détails.

En revanche, à ma connaissance aucun site ni ouvrage ne traite de l’AAA avec des lamas.

Quels conseils donneriez vous aux personnes qui souhaiteraient travailler avec des lamas dans des programmes d’AAA ?

Le plus important est de bien connaître son ou ses animaux afin de pouvoir offrir des activités de qualité, mais aussi dans une ambiance de sécurité maximale. Même si le risque zéro n’existe pas, on peut tenter de le diminuer. Je sais, ces conseils sont adaptables à toutes les espèces, mais il paraît important de le souligner encore et encore.

Il est un peu plus difficile de promouvoir des activités avec les lamas, car un grand nombre de personne, ne connaissant pas cet animal ou l’ayant coudoyer dans un cirque ou un parc zoologique, ont beaucoup de préjugés à son égard. De ce fait, lorsque l’on prend contact avec une structure pour proposer des AAA, avant même de rechercher l’intérêt pour les résidents, on s’interroge sur le lama….. On travaillerait avec des lions que les réactions ne seraient pas plus étonnantes.

Après la première prise de contact ou la première visite des « décideurs » sur notre lieu de vie : tout s’arrange fort heureusement…..

Pour en savoir plus sur:

L’élavage d’Eric: Les Lamas du Val d’Azun.

L‘association Pat’à Coeur

Les Lamas: « Lamas alpagas, les connaître, les élever » de Bernard et Christiane Giudicelli environ 30 euros

Le DU RAMA:

– les billets: Diplôme Universitaire – Relation d’Aide par la Médiation Animale et Quelques éclaircissements suite aux interrogations sur le DU RAMA

– le blog du DU

Didier VERNAY

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