Catherine Collignon octobre - 6 - 2009
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Qui ne se rappelle un chien extraordinaire connu dans son enfance. Moi je me souviens. Un chien à qui on pouvait tout faire et tout dire, qui aimait nous suivre à vélo, se coucher à côté de nous, attendre que l’on rentre de l’école, qui savait nous protéger ou nous laisser le croire et l’envisager. Ce chien bien souvent corniaud récupéré, à qui l’on racontait ses malheurs et qui nous répondait en poussant un grand soupir avec un regard qui en disait long, sa tête posée sur notre genou.

À cette époque, personne ne parlait de relation avec un chien, non ! On préférait se souvenir de ce chien hors du commun que nous avions eu la chance de rencontrer, ce chien à qui il ne manquait que la parole, qui comprenait les enfants.

Pourtant ce chien, on ne l’éduquait pas vraiment, il ne savait pas grand chose, cependant il suivait, regardait, attendait, s’asseyait et se reposait en même temps que ses copains enfants.

Si les enfants l’appelaient, il arrivait sans réserve au triple galop, si l’enfant lui demandait de monter dans la voiture, même s’il n’en avait pas envie par peur, il montait quand même. L’enfant ne le grondait pas, il lui disait : “Monte”, s’accroupissait à côté de lui, le caressait et lui répétait à voix basse : “Viens, c’est pour ton bien”. Les enfants sont sûrs que les chiens comprennent quand c’est dit avec le cœur, peut-être ont-ils raison, les chiens comprennent le cœur de ceux qu’ils aiment.

 

chiot cavalier king

 

Pourquoi ce chien, à qui personne n’arrivait à faire faire quoi que ce soit, montait quand l’enfant lui demandait ? Peut-être parce que l’enfant avait donné envie à ce chien d’être en sa compagnie.

L’enfant aimait le contact du chien et le chien le contact de l’enfant, et il n’était pas rare que les parents émus autorisent ce même chien à dormir dans la même chambre que l’enfant et que ce même fameux chien assez intelligent attende que la lumière de la chambre s’éteigne et que la porte se ferme pour sauter sur le lit.

Il n’aurait pas traversé l’esprit des parents qu’un tel chien puisse agresser ou faire du mal à leur enfant. Et il n’aurait pas traversé l’esprit de l’enfant de faire quoi que ce soit qui puisse atteindre physiquement ou émotionnement son chien, tout au plus le bouder un peu parce qu’il n’était pas là à l’attendre quand il était rentré de l’école car occupé avec la femelle du voisin .

Tout enfant qui a été marqué par un tel niveau de relation avec un chien dans son enfance, rêve puis tente à l’âge adulte de retrouver avec un autre chien cette même qualité relationnelle. Bien souvent, et sans faire trop de généralités, la recherche de ce nouveau chien se fixe sur certains souvenirs visuels : la même taille, la même couleur, ou la même race ou le refuge où l’on avait récupéré le chien. Un point commun.

Malheureusement, autant il est facile de se rapprocher en terme visuel d’une ressemblance morphologique de ce fameux chien de l’enfance, autant avoir l’art et la manière de construire une relation forte avec un chien, sans avoir l’air comme certains enfants savent si bien le faire, cela ne s’improvise pas.

Mais qu’est-ce que les enfants ont que les adultes n’ont pas ?

Le jeu. Les enfants aiment s’amuser et prendre du plaisir à ce qu’ils font : lancer la balle, shooter dans un ballon, rire, se rouler par terre, courir dans les prés, faire des cabanes, faire du vélo, se promener, prendre un goûter, avoir de la compagnie. Et qu’est-ce qu’aime faire un chien : se promener, jouer, attraper une balle, courir, flairer, être en bonne compagnie et partager un goûter.

L’enfant et le chien partagent la même dynamique de vie.

Voilà ce que les enfants ont et que les adultes ont perdu. Le goût des rapports sociaux.

Alors s’il est actuel de parler de relation à défaut d’éducation, rappelons-nous quand, enfants, nous éclations de rire parce que notre chien s’asseyait quand nous lui disions “Assis”. Parce qu’à notre niveau d’enfant, c’était déjà un numéro de cirque et suffisamment magique pour écarquiller grand les yeux.

Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de connaître ce chien extraordinaire rencontré dans l’enfance, ce n’est pas grave, commencez dès maintenant car il n’y a pas d’âge pour s’amuser des mêmes bêtises que son chien et pour lui raconter ses malheurs.

Les chiens comprennent quand c’est dit avec le cœur. Après tout, le secret d’une bonne relation, n’est-ce pas tout simplement une spontanéité retrouvée avec une très forte envie de partager les mêmes joies et, l’éducation des chiens une histoire de relation.

Catherine Collignon

8 Responses to “Qu’entendons-nous par relation avec un chien?”

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    ofigennoe.ru
    octobre 9th, 2009 at 17:42

    There’s a wealth of information here. I’ll be back again.

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    Laetitia Grimir
    novembre 26th, 2009 at 19:34

    Bonjour,
    Mais qu’est-ce que les enfants ont que les adultes n’ont pas ? dites-vous… et votre réponse est: le jeu…
    Cela laisserait-il donc à penser que jouer avec son chien, suffira à un adulte pour retrouver cette qualité de relationnel qu’il avait connu autrefois avec son compagnon à 4 pattes?
    Je ne crois pas que ce soit là tout ce qui va faire la différence entre le relationnel d’un adulte avec un chien et celui d’un enfant avec un chien.
    Vous me semblez oublier de préciser aux adultes qui vous lirons, que parce qu’ils ne sont plus des enfants, leur chien sera dans la nécessité de structurer ses rapports de manière bien différente, et assurément plus avec toute la spontanéité et la disponibilité qu’il offrait à un petit d’humain qu’il traîtait (en quelque sorte) avec la bienveillante patience souvent réservée à un chiot…
    Eh oui! les chiens individualisent et ajustent leurs modèles d’échanges et ils n’entrent pas en relation avec des enfants, comme avec des adolescents ni bien sûr avec des adultes.. même s’il est possible de jouer à tout âge avec eux… mais sûrement sur des modèles différents, au risque de réactions inattendues de l’animal.
    Cordialement,
    Laetitia

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    collignon
    novembre 27th, 2009 at 9:39

    Dans ce texte, il n’est pas question de la capacité d’adaption des chiens dans leur interactions.

    Ce que je tente d’indiquer, c’est qu’il nous faut dissocier éducation et relation. Impossible de tout développer. L’idée est de mettre le doigt sur cette notion d’avoir envie de partager, d’avoir envie d’interagir ensemble pour que cette relation ne soit pas en sens unique dans la satisfaction.

    Cela fait plus de 15 ans que j’aide les chiens et les maîtres à ajuster leur comportement pour une cohabitation harmonieuse, et croyez moi outre la personnalité, les émotions et les humeurs des uns et des autres (humains et chiens), ce qui manquent souvent aux maîtres, c’est de donner envie à l’autre (le chien) d’interagir en dehors de toute notion d’obéissance.

    Ensuite, cela devient quelquefois plus technique, mais c’est le fondement de la motivationi à.

    Cordialement

    Catherine Collignon

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    pedro
    décembre 6th, 2009 at 19:33

    c koi la race du chien sur la photo?

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    Frédéric ARNAULT
    janvier 19th, 2010 at 9:31

    La réflexion qui voudrait que l’on prenne le temps de faire les choses, bien difficile dans une société qui avance très vite, c’est souvent rare que l’on m’appelle avant l’achat du chiot, afin d’éviter « d’hypothèquer l’avenir.
    Faire comprendre qu’en faisant les choses dans l’ordre, on éviterait bien des abandons et euthanasies…
    A l’heure où on peux tout savoir, c’est étrange…

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    Tessa
    février 5th, 2010 at 14:42

    100% D’accord avec madame Collignon
    Trop souvent nous demandons beaucoup trop tôt à nos chiens de faire de l’obéissance , et on oublie la relation de jeu, d’exploration du chiot .Le jeu selon moi est vraiment la façon la plus significative d’établir un lien avec son chien, une fois cette étape franchie, on peut pousser sur l’obéissance .

    PS pour répondre à Pedro, la race du chiot de la photo est un Cavalier King Charles:O) c’est une race qui à la base a été conçue pour l’humain , donc ils établissent un lien beaucoup plus facilement que certaines autres races ( Je suis éleveur de cette race ).

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    Dumas Brigitte
    février 6th, 2010 at 13:02

    Catherine,

    j’ai lu avec un grand plaisir ton texte… car c’est comme ça que nous fonctionnons mes bestioles et moi… pas de jeu vraiment, ils jouent mieux entre eux mais un plaisir à vivre ensembles……. et j’avais un peu honte de cette relation « simpliste » de compagnons, si éloignée de ce qui est souhaité maintenant par les Maîtres…. !!

    Ma chienne de 8 mois, le jeudi, à Aurimont, a fait la grève…. cet été…. et moi je me suis assise avec elle pour regarder le groupe…
    si, si….

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    Educateur/Comportementalise 06
    décembre 15th, 2016 at 15:50

    Comme expliqué dans cet article l’enfant qui joue avec le chien, interagit, renforce les comportements positifs en récompensant le chien par la voie et les gestes et permet de ce fait d’instaurer une relation de confiance avec l’animal. L’enfant sans le savoir utilise la méthode d’éducation positive, la plus bénéfique pour l’apprentissage du chien.

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