Natacha Darduin février - 4 - 2009
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Aujourd’hui, Natacha, invitée du blog, nous présente une petite partie de sa recherche et plus particulièrement son vécu de stagiaire…

A découvrir en deux actesBonne lecture!

I. LE MILIEU ASSOCIATIF

A. Une création d’emploi

Nous connaissons tous les difficultés pour le jeune psychologue clinicienne à faire connaître son métier de façon légitime à la sortie de l’université. En effet, nous sommes confrontés aux difficultés inhérentes à la recherche d’emploi. Le milieu associatif peut permettre la création de poste tout en gardant notre envie personnelle d’innover dans la prise en charge d’une population donnée. Mais notre créativité doit répondre à des besoins et des demandes repérés sur un territoire précis.

Nous ne sommes cependant pas formés aux différentes démarches administratives et financières qui se présentent dans le cadre de la création d’une association. Nous avons pu observer, en arrivant dans une jeune association créée par une psychologue clinicienne, la capacité essentielle dont doit se doter le psychologue. Il s’agit de l’adaptation.
Les différentes démarches nous ont alors sensibilisés au fait que la créativité dans le milieu de la psychologie clinique est un des points d’honneur que nous voulons nous fixer dans notre future pratique. Pour ces raisons-là et malgré les difficultés et le temps que cela demande, nous avons souhaité suivre l’évolution d’une association à médiation animale durant trois années consécutives en tant que psychologue stagiaire.

B. Un travail novateur

Notre stage s’effectue au sein d’une association d’aide à l’enfance par la médiation animale. Cette association a pour vocation de promouvoir les bienfaits de ce type de médiation auprès d’une population variée d’enfants et d’adolescents à travers des activités associant le chien, le cheval/le poney ou l’âne.

Selon ses statuts et son projet institutionnel, l’association a pour objectifs :
• D’améliorer la qualité de vie des enfants et des adolescents en mal-être ou issus de milieux défavorisés et de les soutenir par la présence bienfaisante de l’animal
• D’apporter un accompagnement à la parentalité par la mise en place de « journée famille » sur le thème de l’animal
• De promouvoir le bienfait des relations homme-animal.

Les actions s’effectuent donc au sein de différentes structures :
• Dans les écoles en zone d’éducation prioritaire (enfant à parcours scolaire dit « normal ») où des activités associant le chien et le poney sont proposées.
• Dans le cadre des programmes de réussites éducatives (PRE) qui vise à aider les enfants ou adolescents qui connaissent des difficultés (qu’elles soient d’ordre scolaire, social, éducatif, médical, culturel…) et à accompagner leurs familles en leur proposant des parcours individualisés, adaptés à chaque situation, y compris au sein d’activités collectives. Ici les activités proposées associent le cheval/ le poney et le chien.
• Dans un Institut Médico-Educatif, prise en charge thérapeutique d’adolescents en activités associant l’âne.
• Dans un jardin d’enfants spécialisé accueillant des enfants polyhandicapés à travers une prise en charge thérapeutique associant le chien.
• Dans les centres de loisirs et centre sociaux culturels de quartiers défavorisés dits « sensibles » où diverses activités associant le cheval ou le chien sont proposées aux enfants mais aussi aux familles dans le cadre de l’accompagnement à la parentalité.
• Dans une Maison Départementale de la Solidarité et de l’Insertion (MDSI), service du Conseil Général avec des activités associant le chien auprès d’une population d’enfants qui ont un suivi AED (aide éducateur à domicile). Le lien aux familles est également travaillé.

Chaque projet est élaboré et réalisé par un travail commun entre l’association et la structure bénéficiaire. Un vrai travail de collaboration et de suivi est mené par les professionnels des deux institutions.

L’équipe de terrain de l’association se compose :
– d’une psychologue clinicienne, thérapeute avec le cheval et responsable de projet
– d’une psychologue possédant un Brevet d’Etat d’Equitation
– d’un éducateur canin
– deux psychologues stagiaires
Des personnes ressources (éthologue, vétérinaire, psychomotricien, universitaires, chercheurs) sont consultées chaque fois que cela est nécessaire.

II. LA REALITE DE TERRAIN

A. Des capacités d’adaptation, pourquoi ? Comment ?

Nous avons alors pris conscience des réalités de terrain du psychologue clinicien lorsqu’il décide de donner une voie différente à sa pratique. La médiation animale est une médiation nouvelle qui n’a pas encore les avancées au niveau de l’évaluation et la légitimité d’autres types de médiation, comme la médiation corporelle ou par l’art.
C’est dans ce contexte que nous avons dû construire notre place de stagiaire au sein de l’association et ainsi trouver notre place. Notre appréhension au départ, tant au niveau de nos capacités d’être psychologue et de pouvoir gérer une interaction enfant/animal, nous a demandé de longs mois d’observations. La triade enfant/animal/psychologue a alors été au centre de nos préoccupations, nous avons dû nous centrer également sur nous même pour accompagner de façon contenante les ateliers. De nombreux facteurs sont à prendre en considération pour mener à bien notre travail de soin auprès des enfants en difficultés : les capacités à centrer notre attention et notre vigilance, l’importance de bien connaître l’animal (ici le chien et le cheval), travailler sur les élans spontanés et orienter nos relances dans ce sens, être contenant et installer une sécurité affective dans le cadre de l’atelier…

Tous ces paramètres nous ont alors demandé d’adapter notre pratique à chaque moment. Nous avons dû également être extrêmement vigilant aux comportements de l’animal afin de prévenir au mieux les risques, éviter toute mise en danger et garantir la sécurité de l’enfant et le bien-être de l’animal.

B. La place du psychologue stagiaire dans les ateliers à médiation associant le chien

Au fur et à mesure, après de long mois d’observations et de prise en compte des difficultés de terrain, nous avons pu, avec la supervision de notre maître de stage, être réfèrent d’un binôme d’enfants ou d’un suivi individuel lors d’ateliers.
Cette place d’intervenant à part entière et de confiance dans notre travail de la part de notre psychologue réfèrente a été un tournant dans l’avancé de notre projet personnel.

Nous parlerons ici essentiellement des ateliers associant le chien qui sont le sujet de notre travail de recherche. Nous avons alors pu participer à la mise en place de projet de médiation animale associant le chien auprès d’une population d’enfants déficients mentaux. Ici, tout le contenu de ce projet a été travaillé en équipe. Nous intervenons ici dans le cadre du PRE, ces enfants étant scolarisés en Classe d’intégration scolaire (Clis). De séance en séance, les bilans en équipe nous ont permis d’élaborer des ateliers au plus prés des problématiques soulevées par les enfants. Ces ateliers durent 1h30, se font par groupe de 4 enfants, accompagnées d’une psychologue clinicienne, d’une éducateur canin (référent du chien) d’une psychologue stagiaire et bien évidemment de Chipsy notre terre-neuve médiatrice. Nous avons dû apprendre à s’écouter les uns les autres au sein de notre propre équipe, à travailler sur notre communication non verbale afin de savoir qui intervenait et à quel moment. La gestion des temps de silence a été frustrante pour nous, car nous pensions que la parole était indispensable, nous nous sommes alors remise en question avec l’aide de notre réfèrente de stage et sommes devenues plus attentives à la communication non-verbale, au langage corporel de l’enfant.

Ces ateliers ont permis aux enfants d’aborder différents sujets importants, comme les sens, les émotions, la mort, la sexualité, la communication… mais aussi leurs difficultés personnelles
Le travail en équipe a alors été à ce moment primordial afin de s’assurer que nous travaillions de façon pertinente. Les échanges avec les différents partenaires des structures bénéficiaires nous ont permis d’adapter notre travail en fonction de la problématique de l’enfant et d’avoir un retour sur les bienfaits au quotidien des ateliers.

Natacha

One Response to “Un vécu de stagiaire pas comme les autres – Acte 1”

    avatar
    Aurélien
    février 10th, 2009 at 20:25

    Bonjour à tous,

    je voulais féliciter Natacha pour son investissement dans son stage, on le ressent à travers ce billet et également quand on la connait.

    C’est intéressant de voir ce qui peut être fait grâce à une relation simple et à priori classique entre une personne et un animal, c’est quelque chose qu’on oublie, le bienfait que ça peut apporter.

    J’espère que Resilienfance continuera longtemps encore le travail bien utile qu’elle accompli.

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