Rédacteur invité juillet - 26 - 2012
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Août sera un mois de « brèves » mais avant notre départ en vacances, voici un billet qui parle pratique et qui réjouira un grand nombre d’entre vous! Je suis, en effet, ravie de publier, aujourd’hui, un écrit sur le travail de Jean-Sébastien que je suis avec grand intérêt! Un grand merci à l’Association Adèle de Glaubitz qui a permis cette publication! Bonne lecture et bel été! Sandie Bélair


Le cheval et l’Institut Saint-André, c’est une longue histoire de complicité. Pour Jean-Sébastien Ineich, référent des activités équestres, et Charline Artaud, psychomotricienne, le cheval permet de faire vivre aux résidents, quel que soit leur handicap, une rencontre enrichissante. Voici leur témoignage et celui de résidents.

Jadis, le cheval participait au dur labeur de la ferme aux côtés des agriculteurs et des résidents de l’Institut Saint-André. Avec la modernisation de l’exploitation agricole, il perd sa place dans les années 50. De retour dans les années 70, il est associé aux activités éducatives. Aujourd’hui, ce qui a changé, c’est la valeur que nous lui accordons, en lui redonnant une place active dans notre quotidien éducatif, thérapeutique, rééducatif…

L’activité équestre permet aux résidents de vivre et d’expérimenter des sensations nouvelles, de faire des apprentissages et d’être en interaction avec le cheval. En effet, les personnes accueillies expriment bien souvent leur souffrance psychique par leur corps. Leurs troubles et les déficiences qui les touchent perturbent leur vie relationnelle, leur rapport à leur propre corps et à celui d’autrui. Dans ce contexte, le cheval permet une relation sans l’imposer car il n’a pas un contact intrusif, ce qui facilite l’échange avec les résidents. Des plus démunis à ceux qui parlent du cheval avec passion, on peut constater l’empreinte indélébile que laisse cette rencontre.
Dans notre travail, il est d’abord question de relation entre les résidents et leurs chevaux. Un lien qui s’enrichit du désir et de l’imaginaire, que chacun investit à sa manière, quels que soient son niveau et l’activité proposée avec le cheval. De par ses vertus, on pourrait dire du cheval qu’il est humanisant dans le sens où il éveille en chacun de nous les facultés d’humilité, de respect, et de patience… L’histoire, les récits et les comportements des résidents de l’Institut en témoignent.

 

 

 

 

 

 

 

© Photo Association Adèle de Glaubitz


Début septembre, sept cavaliers de l’Institut Saint-André ont participé à une randonnée équestre de 4 jours. Mais après 5 h à cheval chaque jour, les plus fatigués étaient les trois accompagnateurs encadrant !


© Photo Association Adèle de Glaubitz

« Voir cheval » ou l’apaisement de Camille

Autiste, Camille présente des troubles envahissants du développement. Le travail avec le médiateur cheval a été demandé par la psychomotricienne afin de diminuer sa grande instabilité et de travailler la relation à l’autre par l’intermédiaire d’un tiers.

Les troubles du comportement de Camille sont dominés par une hyperactivité majeure. À 15 ans, l’adolescente est en recherche constante d’une relation exclusive à l’adulte. Un diagnostic d’autisme atypique a été posé dans sa petite enfance. Lors de ses premières séances de travail avec le cheval, il lui est proposé un temps de monte à cru. Camille s’apaise immédiatement lorsqu’elle est sur le dos du cheval et manifeste une réelle attirance pour l’animal. Au fil des mois, par l’intermédiaire de mots phrases, elle est en capacité de faire une demande récurrente : « voir cheval ». Au bout de quelques minutes à cheval, tout semble devenir paisible pour elle, la quête effrénée de contact avec l’autre disparaît. Camille semble progresser dans sa capacité à vivre le moment présent et à se centrer sur elle-même. Le médiateur cheval semble l’aider à diminuer son instabilité psychomotrice.

 

Jérémy et la gestion du corps

Atteint d’une hydrocéphalie congénitale et d’une déficience intellectuelle sévère, Jérémy est souvent décrit comme un jeune à l’humeur changeante qui supporte difficilement les frustrations. Le cheval lui permet de développer sa prise de conscience corporelle.

Très souvent, Jérémy, 22 ans, semble manquer de distance par rapport aux autres, jeunes ou professionnels, manifeste peu d’intérêts et peut exprimer des gestes à connotation sexuelle. La psychomotricienne a alors proposé une approche sensorielle avec le médiateur cheval afin de travailler la juste distance et
l’écoute de l’autre. Très vite, Jérémy montre un réel intérêt pourle cheval. Il est attentif à son comportement, l’interpelle, mais semaintient à distance, en lien avec son appréhension, qu’il sait mettre en mots. Progressivement, des mimiques de plaisir et une expression plus détendue apparaissent. La curiosité grandit et la rencontre a lieu. Il recherche une grande proximité avec le cheval sur un registre sensoriel (olfactif et tactile). Avec un cheval en particulier, Jérémy a une relation physique très proche, ce qui ne lui est pas autorisé avec ses pairs. Il trouve du répondant auprès de l’animal et met quasiment en suspens ses manifestations à connotation sexuelle pendant ce temps de rencontre. L’échange avec l’animal semble lui permettre de mieux appréhender ses propres limites corporelles ainsi que ses émotions.

© Photo Association Adèle de Glaubitz


Chaque semaine, 86 personnes accueillies à l’Institut pratiquent différentes activités équestres. Un rendez-vous souvent attendu avec impatience…

 

© Photo Association Adèle de Glaubitz

David et la communication émotionnelle

Très sensible, David a des difficultés à gérer ses émotions, cequi a des effets sur son comportement et ses capacités d’apprentissage. L’adolescent de 15 ans a immédiatement expriméson désir de partager une relation intense avec le cheval.

Son bégaiement témoigne de son état de tension interne lorsqu’il communique avec ses pairs. David est polyvalent au niveau des activités proposées : attelage, travail aux longues rênes, en randonnée et en voltige. Il se montre le plus à l’aise en contact direct avec le cheval, sur son dos. Dans son rapport à l’animal, David n’éprouve pas de difficulté relationnelle. Ses facilités et sa spontanéité dans la communication avec le cheval sont inhérentes à sa grande sensibilité. Au fil des séances, il a développé, affiné sa communication corporelle, gestuelle, et d’une manière surprenante, ses problèmes d’élocution disparaissent lorsqu’il s’adresse au cheval en aparté. Cette progression peut se mettre en lien avec la charge affective importante et réciproque qui naît de cette rencontre.
David se sent valorisé par cette activité qui lui a permis de s’intégrer à un centre équestre extérieur, de passer outre les regards et les jugements stigmatisants dont il pourrait faire l’objet.

Le désir d’autonomie de Ludovic

Jeune homme polyhandicapé de 22 ans, Ludovic est installé en fauteuil roulant coquille avec des sangles pour le maintenir au niveau du tronc. La psychomotricienne recommande de travailler la communication et la sensorialité par l’intermédiaire du cheval.

Pour un premier contact avec le cheval, un temps de portage lui est proposé. Il est couché à plat ventre sur le dos du cheval, son visage sur la croupe. Afin que Ludovic puisse exprimer quelque chose de son désir de venir au cheval, un cadre singulier a dû être aménagé avec la présence bienveillante des accompagnateurs et des rituels mis en place. Lors de ce temps de portage, corps à corps, il est bien question d’une rencontre avec une attention conjointe. Il arrive que Ludovic se mette à sucer son pouce, enfouir son visage dans le poil du cheval, sentir la chaleur, la respiration du cheval. La jument est également attentive aux mouvements de Ludovic, à ses cris, ses gémissements, ses éclats de rire… Depuis quelques séances, Ludovic manifeste corporellement son envie de s’asseoir sur le cheval. Il parvient à se redresser avec une aide et reste en équilibre sans maintien pendant quelques instants. Aujourd’hui, grâce à ce portage, le jeune homme laisse émerger son désir d’autonomisation, mêlée de communication et d’expériences nouvelles.

 

Découverte équestre sensorielle 

Sept enfants du Site du Neuhof ont séjourné dans une ferme équestre pour s’imprégner du monde du poney. Composé de cinq filles et deux garçons âgés de 6 à 12 ans, déficients visuels ou auditifs, ce groupe sensoriel participe à des activités équestres depuis le début de l’année. Mais cette fois-ci, il s’agissait de partir durant trois jours et deux nuits. C’est accompagné de trois éducatrices que le petit groupe a vécu au quotidien avec les poneys. Il fallait les brosser, les câliner, les seller, les nettoyer, les caresser et les monter. Les enfants ont su s’adapter, faire face à leurs appréhensions. Trois jours riches en émotions et en expériences nouvelles qui ont soudé encore davantage le groupe. Expédition réussie !

© Photo Association Adèle de Glaubitz

 

Jean-Sébastien Ineich et Charline Artaud

Association Adèle de Glaubitz



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