Ce qui me conduit aujourd’hui à évoquer le deuil animalier dans un billet, c’est sans aucun doute, avoir vécu le deuil de ma première chienne médiatrice, il y a quelques mois. Vraisemblablement aussi mon quotidien de vétérinaire, confrontée à la mort de nos animaux de compagnie. Certainement un peu de tout ça… Et aussi, parce que reconnaître le deuil animalier dans nos pratiques de médiation animale, c’est d’abord en parler.

Faire le deuil de l’animal médiateur, c’est faire le deuil d’un compagnon du quotidien, mais c’est aussi faire le deuil d’une relation de travail.

J’ai pour ma part vécu le deuil de ma chienne médiatrice quelques mois après sa mise à la retraite. Je pense maintenant que si j’avais eu à vivre le deuil de ma chienne pendant son activité de chien médiateur, mon deuil aurait été certainement plus difficile et compliqué. J’ai le sentiment que des émotions plus complexes m’auraient affectée, du fait de notre implication, elle et moi, dans des programmes de médiation animale.

« Perdre un compagnon ou une compagne de vie qui a été près de soi quotidiennement, qui a été là quoique l’on fasse et qu’on lui fasse subir. Perdre une forme d’amour inconditionnel. Ce qui mettait de la joie dans son foyer. Ce qui parfois devenait une raison de vivre. Ce qui nous a éveillés au sens de la responsabilité. Perdre notre animal de compagnie, c’est bien souvent perdre une partie de notre cœur. » France Carlos dans Deuil animalier.

Le deuil animalier : un deuil mal compris…

« Les personnes endeuillées d’animaux se taisent… » Martine Golay Ramel dans Accompagner son animal vieillissant

La littérature sur le deuil animalier révèle que le deuil animalier est un deuil mal compris et très fréquemment jugé. Mon vécu au sein du cabinet vétérinaire rejoint ce constat.

Et pourtant, pour aider à passer les différentes étapes, les personnes vivant un deuil animalier ont besoin d’une écoute bienveillante, non jugeante.

Pour certains, la souffrance peut être très importante; il peut même être souhaitable dans certains cas d’aller chercher de l’aide auprès de professionnels, si l’entourage ne comprend pas le deuil vécu, ou si le deuil est trop douloureux.

Lors du deuil, une étape importante est celle des rituels. France Carlos écrit à ce sujet que c’est à son avis « ce qui nous permet de laisser aller ceux que nous avons aimé et perdus. »

Le rituel peut consister à écrire un hommage, à faire un album photo, à planter un arbre…c’est à chacun de choisir le(s) rituel(s) qui lui correspond(ent). En raison des jugements et incompréhensions de l’entourage, la démarche d’effectuer un (des) rituels peut néanmoins être difficile pour les personnes en deuil.

Dans nos pratiques de médiation animale, nous devons être particulièrement attentifs à donner une écoute et un regard non jugeant et bienveillant envers les intervenants en deuil animalier, qu’il s’agisse de collègues, de partenaires, de connaissances…

L’après…

Chaque personne a une façon bien différente d’envisager « l’après ». Il y a les personnes qui disent qu’elles n’en reprendront jamais « pour ne plus souffrir ». Il y a ceux qui ont besoin de faire une pause avant d’en reprendre un et ceux qui ne peuvent envisager de rester sans animal, même quelques jours. Envisager ces différentes réactions comme possibles, en tant qu’intervenant en médiation animale, c’est se préparer aux éventuels conséquences et changements professionnels.

Préparer la fin de vie de l’animal impliqué en médiation animale, c’est se poser un ensemble de questions, qui construiront notre réflexion, afin de préparer au mieux la transition. « Vais-je continuer à m’impliquer, vais-je avoir besoin de faire une pause ? Est-ce que je vais vouloir continuer les interventions avec un autre animal ? »

« …il n’y a pas de jugement à porter. Chacun doit agir selon ses propres sentiments, ses besoins profonds et sa propre vision du monde » Dr Marina von Allmen-Balmelli dans Quand l’animal s’en va…

Lorsqu’on s’implique en médiation animale, il convient d’être particulièrement vigilant à ne pas basculer dans le « syndrome de l’animal de remplacement ».

Certaines personnes, dans l’incapacité d’accepter le décès de leur ancien animal, remplacent leur prédécesseur en recherchant la copie conforme du précédent. Ils s’attendent à retrouver dans le nouveau tout ce qu’ils ont connus chez l’autre. Ils recherchent le même physique, le même caractère, les mêmes qualités.

Travailler en médiation animale, c’est choisir de manière raisonnée l’animal : pour le bien être de l’animal, par respect des bénéficiaires, en écoutant nos propres besoins.

Acquérir un autre animal alors que l’animal médiateur est encore vivant pourra en aider certains à vivre cette transition. Au moment de la perte de l’ainé, un nouveau lien affectif se sera auparavant tissé avec un jeune animal, perçu alors comme autre, et différent.

« Faire le deuil, ce n’est pas oublier, mais pouvoir passer à autre chose en ayant intégré le souvenir du disparu dans son cœur. » (Dr Marina von Allmen-Balmelli)

Pour en savoir plus:

• Des livres pour envisager le deuil animalier:

-Le deuil animalier de France Carlos

-Quand l’animal s’en va du Dr Marina von Allmen-Balmelli

-Accompagner son animal vieillissant Vivre son grand âge et surmonter son deuil de Martine Golay Ramel

• site internet, consacré au deuil animalier :

http://www.envoler.com/

• l’association Vivre son Deuil en Suisse propose une ligne d’écoute spécifique pour les personnes endeuillées d’animaux.

Pour plus d’informations : www.vivresondeuil-suisse.ch

• les hommages :

-Le site 30 millions d’amis offre la possibilité d’écrire un hommage en ligne à notre compagnon, à ce lien :

http://www.vivresondeuil-suisse.ch

-Sur le site Rimaac, j’ai consacré une rubrique aux hommages et témoignages. Tout intervenant en médiation animale peut y déposer un hommage à son animal décédé.

http://www.rimaac.org/temoignages-et-hommages/

Véronique

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