Sandie Bélair décembre - 11 - 2008
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Cette semaine, j’ai souhaité vous parler d’un projet que nous menons au sein de l’association Résilienfance… Ambitieux, impossible, incroyable, merveilleux, fou… !! C’est un projet qui a reçu de nombreux adjectifs tant il n’est pas commun et certes… difficile à réaliser.
Mais nous restons motivés: nous, professionnels et eux, jeunes bénéficiaires qui se mobilisent pour vivre une grande aventure : aller à la rencontre des derniers chevaux sauvages et du peuple Mongol, peuple cavalier…

Vous l’avez donc deviné pour 2009, nous projetons d’aller à la découverte d’un grand pays : LA MONGOLIE ! Je devine ce que vous pensez déjà 😉 … mais nous y croyons et nous souhaitons vous y associer par ces quelques mots… et peut-être plus !

A LA RENCONTRE DU CHEVAL: un projet de longue haleine

Dans le cadre des actions de prévention, d’insertion et de solidarité, notre association et le Centre Social et Culturel de Floirac (33)[1], un partenaire des premiers jours, ont mis en œuvre un projet ayant comme porte d’entrée la médiation animale. En effet, depuis 2006, un groupe de jeunes du Centre Social participe à un atelier cheval.

Ces ateliers proposaient dans un premier temps une découverte du cheval basée sur une approche naturelle. Chaque enfant a disposé du temps qui lui était nécessaire pour aborder le cheval sans appréhension. Les séances étaient basées sur le pansage, les soins au cheval, la monte à crue au licol, la monte sensorielle tenue en longe, la communication avec cet autre différent. Les jeunes ont pu également observer les chevaux au pré, en troupeau, et échanger sur l’organisation sociale du groupe de chevaux. Il était également important de leur faire comprendre que leur façon d’entrer en relation avec l’animal allait générer des réactions de la part de ce dernier.
Petit à petit, les peurs se sont atténuées, la confiance s’est installée et une relation affective s’est nouée entre les jeunes et leurs chevaux.

Dans un second temps, les séances ont évolué vers un travail monté en selle (tout en alliant soins du cheval) afin de gagner en autonomie et de pouvoir sortir en promenade puis en randonnée avec un bivouac en forêt. Responsables et investis, les jeunes ont su gérer ces moments qui ont été des temps forts et riches en émotions.

Tout naturellement, au cours du projet, j’ai parlé à ces jeunes des derniers chevaux sauvages : les chevaux de Przewalski en voie de disparition. Intéressés, je leur ai proposé de visionner un reportage sur la réintroduction de ces chevaux dans leur pays d’origine : la Mongolie. C’est un reportage passionnant qui explique l’histoire de ces chevaux et le travail de l’association française TAKH (je consacrerai bientôt un billet à cette association). Il montre notamment la réintroduction d’un premier troupeau et l’importance de ce retour pour le peuple Mongol…

Ce documentaire a été source de commentaires, de réflexions, de remarques sur la question des origines… sur les actions de l’homme à l’encontre de la nature et de toutes formes de vie.
Touchés par cette histoire, ils y ont réagi très vivement… Ils ont effectué de nombreuses associations d’idées en lien avec leur histoire, celle de leur famille mais également en lien avec la relation qu’ils avaient établi avec leurs chevaux respectifs!

L’idée a donc germé petit à petit avec les responsables du Centre Social et quelle idée, me direz-vous 🙂 : partir à la découverte de ces fameux chevaux !

Particularités du cheval de Przewalski : extrait du « panneau Cheval de Przewalski » – Exposition de Villaret. Association TAKH.

Il existe dans le monde plusieurs populations de chevaux vivant en liberté, constituéesd’individus d’origine domestique. Les plus célèbres sont les mustangs de l’Ouest américain. Le cheval de Przewalski quant à lui, ne vit plus qu’en captivité. Ceci est bien le comble du paradoxe, car cette sous-espèce est la seule qui soit réellement sauvage.

Sans le savoir, vous avez certainement déjà vu un cheval de Przewalski : c’est lui ou un de ces proches cousins qui est peint sur les parois des grottes de Lascaux.

C’est un cheval trapu, massif, mesurant de 1,20 à 1,35 m au garrot. Il possède une encolure large et une tête forte.
Sa crinière qu’il renouvelle chaque année comme sa queue, est dressée naturellement. Il possède également une raie de mulet et parfois des zébrures plus ou moins visibles sur les jambes.

Le cheval de Przewalski a mauvais caractère. Il a une fâcheuse tendance à vous décocher un coup de pied d’un antérieur de façon latérale une fraction de seconde après avoir baissé les oreilles, comportement redouté par tous les hommes de cheval et qu’ils semblent avoir éliminé par sélection dans les races domestiques.
Bref, il refuse de se laisser domestiquer malgré sa longue vie en captivité. Le premier étalon arrivé à Askania Nova en Ukraine, toujours à l’heure actuelle le plus grand élevage de chevaux de Przewalski, a été débourré à la selle par un palefrenier en un mois. Sauf qu’il fallait lui attacher les jambes pendant l’exercice qui fut donc de courte durée. Il paraît que par la suite, cet étalon était particulièrement agressif envers les humains. Qui lui en voudra !

La discussion sur la véritable origine sauvage du cheval de Przewalski s’est poursuivie jusqu’à nos jours.
L’analyse génétique a apporté la preuve irréfutable : le cheval de Przewalski a 66 chromosomes, contrairement à toutes les races domestiques qui n’en possèdent que 64, poney mongol inclus. Les hybrides ont 66, 65 ou 64 chromosomes et sont fertiles. Les généticiens pensent que ceci est dû à la fusion de deux chromosomes résultant de la domestication. Cependant cette fusion ne change pas forcément la composition des gènes, elle change plutôt leur disposition : la « distance génétique » n’est donc pas très grande entre les chevaux domestiques et le cheval de Przewalski. Si les occidentaux ont redécouvert ce cheval seulement à la fin du XIXème siècle, l’histoire secrète des mongols (XIIIème siècle) nous indique qu’il était connu depuis déjà plusieurs siècles. Cette redécouverte aura été de bien mauvais augure, puisque quelques décennies plus tard, dans les années soixante-dix, il disparut de l’état sauvage.

http://www.dailymotion.com/video/x7cgxv

Epoque préhistorique
Les peintures rupestres de Lascaux nous montrent que l’espèce était présente à l’époque des dernières glaciations en Europe, il y a 10 000 ans. Des changements climatiques et peut-être déjà l’action de l’homme, l’ont ensuite relégué dans les steppes d’Asie.
Epoque historique
Les nomades mongols du Gobi devaient doucement rire à la « découverte » du cheval de Przewalski, eux qui le fréquentaient depuis des milliers d’années et pratiquaient des croisements réguliers dans le but d’améliorer les capacités d’endurance de leurs chevaux de course. Mais les scientifiques de la fin du XIX ème croyaient avoir répertorié tous les grands mammifères. Ainsi, quand l’explorateur russe Przewalski ramena en 1879 la peau d’un équidé du fin fond du Gobi en Dzoungarie (actuelle Chine), les discussions furent d’abord vives, et la découverte de cette nouvelle espèce, « Equus przewalski, Poliakov 1882 » rebaptisée depuis, fit grand bruit. Aussitôt, la ruée commença pour s’approprier des spécimens dans le but de les avoir bien sous les yeux et derrière des barrières. L’approche adoptée aujourd’hui par les scientifiques d’étudier une espèce dans son milieu naturel était encore loin des esprits…

Les méthodes de capture d’antan étaient particulièrement brutales. Plutôt que d’anesthésier l’individu à capturer, on poursuivait un groupe entier en se relayant. Une fois celui-ci complètement épuisé, tous les adultes étaient abattus car ils défendaient leurs petits. Puis on attrapait les poulains pour essayer de les faire adopter par des juments domestiques avant de les envoyer sur l’interminable voyage vers les zoos de l’ouest. Une rapide estimation démontre que pour un poulain arrivé vivant à l’ouest, au moins dix chevaux mourraient. En l’espace de quelques années, les captures devinrent non rentables faute d’animaux.
Le cheval de Przewalski eut également à faire face à la concurrence avec les troupeaux domestiques pour la nourriture.Les températures extrêmement basses qui peuvent avoir lieu en hiver en Mongolie ont alors dû donner le coup de grâce à cette espèce déjà affaiblie qui disparait de l’état sauvage dans les années 1970.

A LA DECOUVERTE DU CHEVAL DE PRZEWALSKI ET DE LA MONGOLIE !

Le projet a été lancé officiellement le 24 septembre dernier en présence des enfants, de leurs familles et de notre partenaire le centre social et culturel.

Du 3 au 17 juillet 2009, nous espérons donc aller à la découverte de ce grand pays. Nous avons demandé à Manuul, d’imaginer un circuit « à notre image » et en accord avec nos valeurs. Au travers d’un séjour éco-touristique[2] , nous mènerons notamment une action humanitaire et solidaire auprès des populations mongoles. Nous partirons chevaucher dans le vent des steppes à la rencontre des derniers chevaux sauvages et du patrimoine. Randonnées, bivouacs, rencontres avec les populations locales, nuits sous les yourtes chez les éleveurs nomades,… des expériences merveilleuses attendent ces jeunes (et moins jeunes!!).

Les objectifs du projet sont les suivants :

– Mettre en valeur les actions menées par les jeunes dans leur quartier
– Impliquer les jeunes dans une action collective de solidarité et humanitaire
– Sensibiliser à l’environnement, à la citoyenneté et au respect de la vie sous toutes ses formes au travers notamment d’un séjour basé sur le développement durable, la biodiversité et la découverte d’un patrimoine unique
– Favoriser l’ouverture d’esprit des jeunes mais également leur esprit d’aventure par la rencontre interculturelle et ainsi combattre les préjugés
– Développer leur sentiment de responsabilité et de valorisation de soi, de confiance en soi et aux autres et donc leur autonomie
– Développer des capacités de socialisation (écoute des autres, coopération, entraide, altruisme …)

En attendant, le travail auprès des chevaux continue toute l’année. Nos observons, chez les jeunes, de réels progrès dans leur savoir-faire et savoir-être; ils sont très motivés et deviennent très autonomes dans la relation avec le cheval… Ce grand projet soude leur groupe, l’esprit de coopération et d’entre-aide est là… c’est évident ! Cet objectif MONGOLIE est un grand défi : nous savons qu’il va y avoir des beaux moments mais aussi des moments difficiles… tout le monde en est conscient !

Les jeunes se préparent à vivre cette grande aventure… et pour ne pas les décevoir nous faisons notre possible pour réunir les fonds liés à ce projet… très coûteux vous vous en doutez !
C’est pour cela que nous lançons un grand appel aux dons… dans un contexte certes difficile mais « qui ne tente rien n’a rien ».

SOUTENIR LE PROJET MONGOLIE

Si vous souhaitez soutenir le projet, vous pouvez :
– soit participer aux événements organisés à son profit.
– soit nous faire directement parvenir vos dons. L’Etat (oui, oui) encourage votre générosité en vous permettant de déduire de vos impôts 66% du montant de votre don à Résilienfance. Ainsi, un don de 25 euros ne vous revient qu’à 8.5 euros. Tenez-en compte! Le formulaire pour les dons.

Toutes les informations en cliquant ici.

N’hésitez pas non plus à parler largement autour de vous de ce projet!

Pour terminer, je voulais dire un GRAND MERCI à nos premiers partenaires, donateurs mais également aux jeunes, à leurs familles, au Centre Social et Cuturel pour leur confiance et pour avoir voulu partager cette aventure avec nous!

BRAVO aux jeunes pour leur volonté, détermination et engagement! Et merci à vous d’avoir lu ce billet!!!

Nous vous informerons des suites…

Pour en savoir plus :

Notre voyagiste: Manuul
L’Association pour le cheval de Przewalski: L’association TAKH
Pour suivre tous les événements liés au projet et l’évolution de ce dernier: Résilienfance

Sandie


NOTES

[1]La ville de Floirac appartient à la Communauté Urbaine de Bordeaux (CUB). Le Centre Social se situe dans le quartier du bas-Floirac, quartier défavorisé de la ville.

[2] « L’écotourisme est une forme de voyage responsable dans les espaces naturels qui contribue à la protection de l’environnement et au bien être des populations locales »

7 Responses to “Objectif Mongolie à la rencontre des derniers chevaux sauvages! Appel aux dons!”

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    annick
    décembre 13th, 2008 at 19:26

    Magnifique début d’aventure qui nous fait déjà rêver ! Merci pour cette documentation tout à fait passionnante . ânikounâ, histoires d’ânes … située non loin des grottes de Lascaux, ne peut que se porter volontaire au soutien (financier) de ce périple .
    Bravo aux jeunes et moins jeunes porteurs de ce projet ! On en redemande …
    annick

    avatar
    Linda
    décembre 16th, 2008 at 9:17

    Bonjour,
    c’est un beau projet qui sera surement très marquant pour les jeunes Français. Par contre, qu’entendez-vous par projet humanitaire?
    Il faut, je pense, faire attention à ne pas mélanger l’intérêt de ce que cette expérience aura pour les jeunes Français avec une « action humanitaire » à destination de la Mongolie. Je connais bien la Mongolie. Certes il y a de la pauvreté là-bas mais ce n’est pas une raison pour faire de tout voyage un voyage humanitaire. Je pense que beaucoup de Mongols ne veulent plus être regardés avec « pitié ».
    Je suis impatiente d’en savoir plus! Bonne chance!

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    Sandie
    décembre 16th, 2008 at 9:45

    Bonjour,

    Loin de nous l’idée de « regarder les Mongols avec pitié », c’est bien mal nous connaître que de dire cela…
    Et je vous rassure, nous ne mélangeons pas tout!!! C’est un projet de longue haleine sur lequel nous avons beaucoup travaillé!

    Notre voyagiste Manuul est mongol et se partage entre son pays et la France où il étudie; il incarne justement des valeurs que nous souhaitions porter: respect, solidarité, tolérance… En tant que spécialiste en écotourisme, Manuul soutient les projets de développement rural mongols avec sa retombée économique issue de l’organisation des randonnées pédestres et équestres. Dans ce but, il collabore étroitement avec l’association franco-mongole AYAN MONGOLIE promouvant les échanges culturels entre la France et la Mongolie à travers les actions de développement durable, de jumelages entre les communes françaises et mongoles et le commerce équitable d’objets d’artisanat mongol. un pourcentage du chiffre d’affaires est d’ailleurs reversé à l’association Ayan Mongolie

    Nous parlons de projet humanitaire tout simplement parce que nous avons prévu avec Manuul d’alller dans un orphelinat d’Oulan-Bator afin de faire des dons matériels : habits, fournitures scolaires, jouets.

    Le reste du séjour sera consacré à la découverte du pays et des chevaux! et dans le RESPECT!

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    Sandie
    décembre 16th, 2008 at 10:00

    J’ai oublié, merci à Annick et Anikouna pour leurs soutien et encouragements.

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    Bernard
    décembre 19th, 2008 at 10:50

    Bonjour, magnifique projet, tous mes voeux de réussite.

    avatar
    Françoise Chanteux
    février 8th, 2009 at 18:31

    C’est un beau projet.
    Avez-vous besoin d’une bonne cavalière de 20 ans? Je pense à ma petite-fille qui serait peut-être intéressée et pourrait être « monitrice ».

    avatar
    paul
    juin 19th, 2009 at 18:27

    c’est trop cool de nous raconter l’histoire du cheval !!

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