Marine Grandgeorge avril - 22 - 2011
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Pour rester sur la même thématique que le billet précédent, qui évoquait le prochain colloque de la Fondation Sommer intitulé « Profession: chien », nous avons décidé de publier cette semaine un article qui traite justement des chiens de travail. Voici donc le premier article de Marine… Elle évoque une récente émission de France Inter où il était question de ce sujet… Bonne lecture. Sandie.

Dimanche 6 mars sur France Inter, l’émission « Vivre avec les bêtes » par Fabienne Chauvière et Elisabeth de Fontenay était partiellement consacrée aux chiens de travail. A cette occasion, l’invité du jour était le Docteur Vétérinaire Dominique Grandjean, Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort. Son intervention, bien que trop courte, a été passionnante. Je vous propose de revenir sur quelques moments forts :

Chien de travail ou chien de service

Un des premiers éléments évoqué est l’appellation de ces chiens. La question du maintien du terme « travail » pose question dans notre société actuelle. Si, autrefois, le chien a été domestiqué et éduqué afin de travailler pour l’homme, la situation actuelle est différente. Les chiens sont aujourd’hui considérés comme des partenaires dans l’activité, au service de l’homme plutôt qu’asservis au travail. La prise en compte du bien-être de l’animal est devenu un paramètre essentiel tant dans ses conditions de travail que dans ses conditions de vie en général (ex : nourriture, habitat). D. Grandjean balaye aussi l’idée populaire – erronée – que les chiens de service vivent moins longtemps que leurs conspécifiques de compagnie. En effet, plusieurs études scientifiques ont montré que les chiens de traineaux notamment, ont une espérance de vie supérieure à des chiens vivant en grande partie seuls (ex : en journée, les maitres sont absents pour cause professionnelle), ce qui représente une source de stress non négligeable pour ces animaux sociaux.

La diversité des activités du chien de service

Le chien assiste l’homme dans de nombreuses activités. On retrouve les activités dites classiques comme les chiens secouristes, les chiens d’avalanche, les chiens d’aveugle ou encore les chiens de garde. Aujourd’hui, la gamme de service s’étend et le chien prend des fonctions pour les moins originales, notamment grâce à son odorat développé : aide au diagnostic médical (détection de cancer, de diabète…), soutien à l’environnement et à la conservation (détection de plantes rares).

La question de l’appariement entre race et fonction a été soulevée. D. Grandjean précise bien que toutes les races peuvent être utiles à l’homme mais que bien souvent la culture qui façonne ce choix. Les choses évoluent,cependant, comme l’illustrent les nouvelles pratiques des douaniers en France qui privilégient les Yorkshires pour détecter la drogue dans les aéroports par exemple.

 

© Photo Handi’Chiens

Eduquer ou dresser

L’échange s’est poursuivi par cette question de l’éducation ou du dressage de l’animal. Une simple recherche dans un dictionnaire – comme le Grand Robert dans mon cas – montre à quel point il est nécessaire de différencier les deux approches. Dresser signifie « rendre soumis, habituer (un être vivant) à faire docilement et régulièrement quelque chose » alors qu’éduquer se définit comme « diriger le développement, la formation d’un individu par l’éducation ».

Dans cette interview, D. Grandjean a clairement affirmé sa préférence pour le terme « éduquer » – position que j’adopte moi aussi. En effet, l’apprentissage d’un animal de compagnie, à l’instar du chien, doit être perçu comme un moment agréable par les deux partenaires. C’est pourquoi, les renforcements positifs doivent être privilégiés, qu’ils soient du jeu ou de la nourriture. D’ailleurs, le choix du type de récompense dépend de l’apprentissage mis en œuvre. Pour un animal qui recherche de la nourriture (ex : truffe), il ne faut pas utiliser le renforcement par la nourriture car le chien aura tendance à manger ce qu’il cherche quand il l’aura trouvé!

Le processus d’apprentissage peut être plus ou moins loin, selon la tâche / les tâches qui seront demandées au chien. Ainsi, pour les chiens recherchant des êtres humains (avalanche, séisme), l’apprentissage prend 2 ans pour qu’il se constitue ce que D. Grandjean appelle « sa bibliothèque d’odeurs ». Ce temps est nécessaire car il demande l’intégration de nombreux paramètres. Outre le fait que l’odeur humaine est très complexe (chaque être humain peut être identifié grâce à un « code barre » odorant), un même humain peut voir son odeur évoluer selon son âge ou son état de stress par exemple. Même si le chien est opérationnel après un apprentissage « de base », « sa bibliothèque d’odeurs » s’agrandit et se complexifie à mesure qu’il vieillit, au fil de ses expériences. Dans tous les cas, D. Grandjean précise que le temps moyen d’un apprentissage est de 18 mois.

L’homme et le chien : un couple indissociable

Dans une situation de service, le couple homme-chien est essentiel. C’est cette relation et cette excellente connaissance l’un de l’autre qui permet la meilleure efficacité à la tâche demandée. Dissocié le binôme revient à recommencer un apprentissage, la mise en place de nouveaux repères… Même si le chien peut réaliser ce qu’on lui demande en dehors de la présence de son partenaire humain, son efficacité sera moindre.

La journaliste a aussi interrogé D. Grandjean sur la motivation du chien à assister l’homme dans les tâches qui lui sont confiées. Il propose deux réponses qui me semblent absolument vraies. Tout d’abord, le chien prend intrinsèquement plaisir à faire plaisir à son maître. De plus, la tâche accomplie, le chien est récompensé – processus qui encourage à poursuivre ainsi.

Quelques conseils?

C’est sur cette question que l’interview s’est terminé. D. Grandjean donne une simple réponse: Exercice & Compagnie ! Donner un peu de temps à votre chien pour de la balade, du jeu, des caresses chaque jour et des conditions de vie en adéquation avec ses besoins : votre chien a les bonnes bases pour être un chien heureux!

 

Pour en savoir plus:

Le blog de Dominique Grandjean: http://www.dominiquegrandjean.com

Marine

One Response to “Les chiens de travail – France Inter – 6 mars 2011”

    avatar
    Lorillé Sandrine
    novembre 6th, 2013 at 12:38

    Bonjour, mon père fait de l’attelage canin depuis plusieurs années. Il ne trouve nulle part des traces de textes interdisant le transport d’hommes ou matériaux dans les charrettes tractés par les chiens. Pourriez-vous m’indiquer où dois-je chercher?
    Cordialement,
    S.LORILLE

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