Avant même l’arrivée d’Homo sapiens sapiens, le chien nous tenait compagnie. Comment expliquer cette étrange association, cette place unique occupée par le  » meilleur ami  » de l’homme, par cet animal qui, assurément, sait si bien s’y prendre avec nous ? L’étude du chien se révèle riche d’enseignements, sur lui, bien sûr, mais aussi… sur nous-mêmes ! Qui est-il ? D’où vient-il ? Comment perçoit-il le monde ? Comment communique-t-il avec nous ? Comprend-il notre langage ? D’où viennent ses éventuels accès d’agressivité ? Et nous, d’où vient notre attachement à lui ? Vient-il compenser nos manques affectifs ? Est-il normal que nous lui parlions ? Que nous nous sentions compris par lui ?

Ci-dessus, la présentation de l’émission « la tête au carré » sur France-Inter du 14 avril dernier. L’invité était le sociologue Dominique Guillo – auteur de l’ouvrage Des chiens et des humains – Ed le Pommier- mars 2009

Les points les plus intéressant de la relation homme-chien développés par l’auteur me semblent :

– l’ancienneté de la domestication admise actuellement (50 à 100 000 ans). Ce qui est très supérieur aux hypothèses antérieures et très antérieur au néolithique (- 10 000 ans) qui va s’accompagner de la révolution culturelle majeure de l’humanité : la sédentarité avec domestication d’espèces végétales et animales. De ce fait l’homme et le chien auraient co-évolués, bien avant les autres espèces, avec de nombreuses conséquences sur leurs développements réciproques. Ainsi, la diminution des perceptions olfactives de l’homme (et le réinvestissement des ces aires cérébrales au profit du système limbique) a pu être favorisée par la collaboration canine remplissant au mieux (mieux) cette fonction (ex / chasse, détection des intrus…). Il peut en être de même pour d’autres fonctions, dont le langage (cela mérite de potasser le bouquin), ce qui ferait du chien un véritable complice évolutif : le chien ne serait pas sans l’homme et l’homme serait probablement différent sans le chien.

– Toutes les civilisations ont adopté le chien et souvent lui ont donné un statut important (mythologie, sépultures . . .)

– Le chien serait doté de croyances, de pensées et de représentations, mais pas de conscience selon l’auteur. Personnellement, je retiens la position de Damasio ; « certains chiens de ma connaissance ont une conscience » élémentaire (« Le sentiment même de soi: corps, émotions, conscience » – Ed O Jacob). Le débat peut être riche.

– Des expériences auraient montré que dans la double socialisation domestique chien / humain, le chien préfère (est encore plus attiré par) les humains aux chiens, et possède des facultés adaptatives telles que les comportements canins considérablement différents selon les cultures.

– Enfin, l’auteur souligne l’appauvrissement du potentiel canin lié aux races (consanguinité excessive) et souligne l’intérêt des bâtards.

Tout cela renouvelle les données sur la domestication et la co-évolution homme-chien et donne un statut particulier aux compétences socles canines et renouvelle ma réflexion sur « mon cycle » ; l’animal tuteur de résilience ? Y a-t-il des Mowglis parmi nous ? Valsez les 3 temps de l’AAA ? Car je suis toujours épaté par la réalité des Mowglis ; comment animal peut-il sauver physiquement un bébé en le déplaçant, le protégeant et le nourrissant ? Cela suppose une sacrée proximité de registre comportemental ! Si cela fait 100 000 ans que l’on se connaît si bien, les loups sont donc un peu nos cousins germains et savent nous adopter, voire nous domestiquer !

Pour en savoir plus:

–  l’émission « La tête au carré » du 14 avril dernier avec Dominique GUILLO, vous pouvez l’écouter en un clic pendant 30 jours

– « Des chiens et des humains » de Dominique GUILLO Editions Le Pommier

Didier VERNAY

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