Sandie Bélair décembre - 11 - 2015
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Titre

 
Il s’agit de la première intervention de la table ronde: « Approches conceptuelles. »
 


 

Je suis ravie d’être aujourd’hui devant vous… Debout, plutôt fière et très émue…

Fière et émue car voilà bientôt 10 ans que j’ai fondé l’association Résilienfance avec ma consoeur Malika Bekhti.

Psychologue clinicienne de formation, mes premières expériences professionnelles m’amènent à Paris où je découvre la médiation animale et ses bienfaits… je n’y viens pas par hasard comme la plupart des praticiens… Cavalière notamment, l’animal a toujours occupé une place importante dans ma vie et a participé à mon équilibre d’enfant, de jeune fille puis de femme… Toutefois, c’est seulement une fois diplômée et inscrite à l’ANPE, alors que j’effectue un petit « boulot » d’hôtesse d’accueil dans une grande maison de mode, que je découvre plus précisément cette pratique via un article dans le Journal Le Monde. Il relate notamment l’expérience d’une association qui fait de la prévention de la violence par la médiation animale. C’est un déclic… j’y vois de manière évidente un lien (Résilienfance) entre mon intérêt personnel pour les relations Homme-Animal et mon intérêt professionnel de « psy »: la victimologie. Mes deux mémoires universitaires ont eu pour thème la violence conjugale et la maltraitance infantile. Tout s’enchaîne et me voilà avec mon premier CDD de « psy » en poche à Paris ! C’était en 2004 !

J’y rencontre Jean-Claude Barrey, éthologue,… qui change mon regard sur le cheval et sur l’animal en général ! Je retiens sa philosophie et son enseignement que je vous résume par le fameux : « 1. Le cheval a toujours raison 2. Le cheval a toujours raison 3. Et même quand le cheval a tort, il a raison car ce n’est pas lui qui est venu te chercher ». Lors d’un stage d’éthologie équine, Jean-Claude, entre deux cours, me dit : « tu n’es pas assez curieuse Sandie, tu ne poses pas assez de questions »… J’apprends, plus tard, qu’un éthologue doit être curieux et patient! Je note cette remarque et je travaille sur ce manque de curiosité… et je vous rassure (ou pas) mais depuis cela a changé… et la « curiosité insatiable » de Résilienfance et de ses membres apermis de créer de nombreux liens… Merci Jean-Claude !
 

Parcours en MA

 
Grâce à Jean-Claude (encore…), je découvre la FENTAC, « Fédération Nationale de Thérapies Avec le Cheval » où je décide plus tard d’aller me former de 2007 à 2010.
Je fais également la connaissance de Hubert Montagner psychophysiologiste, ancien directeur de recherche à l’INSERM, auteur notamment de « L’enfant et l’animal : les émotions qui libèrent l’intelligence ». Une rencontre moins paternaliste mais riche d’enseignements également.
Guidée par les mots de Jean-Claude, j’apprends, je questionne, je me nourris, je fais de belles rencontres (et de moins belles) ; et je rentre en région bordelaise où nous décidons avec ma consœur Malika de créer Résilienfance ! Rien (ou presque) n’existe en médiation animale sur notre territoire girondin. Nous souhaitons développer la médiation animale et l’intégrer à notre pratique de psychologue. Ce qui diffère des missions qui m’avaient été confiées à Paris!

Et là commence l’aventure… Résilienfance… d’autres rencontres ( la grande famille Handi’Chiens présente à ce colloque avec Isabelle et Florian, et la rencontre avec un toutou pas comme les autres, mon partenaire canin qui me suit pas à pas: Dubaï…), des projets (les groupes de réflexion et notamment le projet qui nous a conduits dans les steppes mongoles en 2009), d’autres engagements (en 2013, le Sénat avec ma participation à un projet de loi pour un changement du statut juridique de l’animal)… des liens qui se créent donc… !

Fière et émue (encore) car ce colloque vient témoigner de cette aventure Résilienfance ! Vous allez entendre aujourd’hui nos collaborateurs, nos partenaires mais également les bénéficiaires de nos actions… (je sais qu’ils sont nombreux dans la salle, merci à eux aussi) mais vous allez surtout entendre un réseau de professionnels dynamiques, engagés, qualifiés et compétents dans cette pratique de médiation animale qui cherche ses lettres de noblesse !

Debout, car ces 10 ans et ce colloque notamment n’ont pas été un long fleuve tranquille… Merci à Nicolas, notre président d’avoir porté ce projet associatif avec moi et d’avoir « enduré » mes jours de mauvaise humeur quand l’engagement vacille un peu… beaucoup!
 

Le Pays d'Osons

 
Mais malgré les difficultés rencontrées, nous (mes collaborateurs et moi-même) OSONS, aujourd’hui, vous présenter nos pratiques et nos travaux ! Oser, voilà un verbe d’action qui nous anime depuis plusieurs années au sein des groupes de réflexion. Nous parlons d’ailleurs du « Pays d’Osons », Résilienfance est belle et bien une terre d’accueil (bienvenue à vous) et d’aventures, une terre de création, de réflexion, où la liberté de pensée de chacun est respectée…

Ainsi, je ne peux qu’adhérer à cette phrase de Beaumarchais qui orne la carte de vœux envoyée par ma collègue Annick en ce début d’année  : « La difficulté de réussir ne fait qu’ajouter à la nécessité d’entreprendre » et ce d’autant plus après l’organisation de ce 1er colloque ! Réussir, entreprendre dans une pratique qui se cherche encore… vaste programme !
 

il etait une fois

 
Car bien qu’ancienne, la médiation animale, par le développement qu’elle connaît, est une discipline à l’état naissant dans sa formalisation et sa conceptualisation. Considérée par certains comme un métier et par d’autres comme une spécialisation, elle est à une étape charnière en ce qui concerne sa professionnalisation. Reconnue médiatiquement, elle l’est peu institutionnellement (décideurs, financeurs) et est peu investie par la recherche.
Conscients de cela, au sein des groupes de réflexion, nous avions notamment entrepris d’élaborer un outil d’évaluation, car la reconnaissance passera par là également. Nous avons peiné à ce travail et nous avons donc interrogé cette difficulté. Très vite la question des fondements mêmes de la médiation animale est mise à jour. Le séminaire Résilienfance de 2013 avec le Pr Montagner nous fait cheminer. Définir/clarifier ce qui ce joue lors d’une rencontre intentionnelle entre humains et animaux pourrait constituer, à notre sens, les bases d’une démarche qui reste encore méconnue ou mal connue. Et à partir de cela nous pourrions peut-être concevoir un outil d’évaluation.

D’autant plus, que nous avons fait, comme beaucoup d’acteurs en MA, plusieurs constats :
– la médiation animale est une pratique hétérogène avec des appellations diverses qui créent de la confusion ;
– une absence de définition claire et générale reposant sur des travaux scientifiques ;
– l’animal, bien que considéré par les praticiens comme « un être sensible, singulier et interactionnel » (Jérôme Michalon dans  Panser avec les animaux ». Socio anthropologie de l’émergence du soin par le contact animalier), n’est pas pris en compte, dans les écrits et définitions, avec les caractéristiques propres à sa fonction d’agent de liaison;
– dans la triade bénéficiaire-animal-professionnel, chaque protagoniste n’est pas forcément considéré comme un médiateur, à tort. Et selon nous, la médiation animale « ne peut prendre sens qu’au travers de la conceptualisation de l’interaction » (Hubert Montagner – Séminaire Résilienfance – 25/26 mai 2013).
 

osons

 
Nous avons donc décidé d’engager une réflexion autour d’une définition de la médiation animale. Il s’agissait, pour nous, d’apporter une pierre à l’édifice, de se retrouver/se reconnaître autour d’un socle commun et d’étayer notre pratique en l’articulant avec de la théorie. Ce qui nous permettrait d’expliquer, en partie, les leviers et les processus en jeu en médiation animale et ce que l’animal peut « apporter » (démarche non intentionnelle de sa part) dans l’accompagnement de personnes fragilisées notamment.
 
UN GROUPE DE TRAVAIL
Choix des participants au groupe de travail

Afin de mettre en œuvre ce travail, un collectif a été constitué. Pour cela, l’association a sollicité les membres du groupe de réflexion Résilienfance Sud-Ouest. Fondé sur le volontariat, ce rassemblement a garanti la pluralité des opinions et des origines professionnelles. Je tiens à préciser que les participants n’ont pas été indemnisés pour ce travail (liberté d’expression, de pensée, confrontation de points de vue) ; nous souhaitions engager un vrai débat autour de cette définition. L’idée n’était pas que Résilienfance impose sa vision des choses.

Je tiens à remercier l’ensemble des contributeurs.
 

Groupe de travail

 
LA DEMARCHE
Les étapes

La démarche du groupe a été construite, par étape, de façon à ce que nous précisions nos contenus et que nous affinions notre pensée. Ainsi, nous avons, dans un premier temps, fait un état des lieux de la médiation animale, nous avons énoncé les éléments déterminants de la rencontre intentionnelle homme animal et ses problématiques. Dans un second temps, nous avons élaboré des définitions, dans un troisième, nous avons retenu des mots clés afin d’établir une définition commune. Et dans un dernier temps, nous avons élaboré LA définition.

Les trois premières étapes étaient constituées de deux phases (vignette 11) :
1ere phase : à partir d’une note de présentation où était listée une série de questions, les participants devaient élaborer et remettre dans un délai imparti une note synthétique (2 ou 3 pages maximum) selon leur expertise ou le point de vue qu’ils souhaitaient apporter. Ils pouvaient également aborder des éléments complémentaires.

2nde phase : une fois ce travail effectué, une réunion était organisée avec tous les participants. Il leur était alors remis un recueil avec les contributions afin de débattre et de confronter les points de vue. Les échanges étaient modérés par Résilienfance et le Pr Montagner.
Résilienfance élaborait, ensuite, une nouvelle note de présentation avec un résumé des échanges précédents et des points essentiels. A partir de cela, les participants devaient produire une nouvelle note synthétique et ainsi de suite.

Différents éléments ont donc été évoqués et le débat a pu s’articuler autour des fondements même des interactions homme-animal. Nous nous sommes attachés à cette spécificité et avons centré nos réflexions sur ce qui se joue lors des rencontres dans l’espace de médiation.
La définition finale a été ensuite soumise aux groupes de réflexion Résilienfance afin que chaque praticien puisse à la lecture la comprendre, s’y reconnaître et y adhérer.
 
LA DEFINITION

« La médiation animale est une relation d’aide à visée préventive ou thérapeutique dans laquelle un professionnel qualifié, concerné également par les humains et les animaux, introduit un animal d’accordage* auprès d’un bénéficiaire. Cette relation, au moins triangulaire** , vise la compréhension et la recherche des interactions accordées* dans un cadre défini au sein d’un projet.
La médiation animale appartient à un nouveau champ disciplinaire spécifique, celui des interactions Homme-animal, au bénéfice de chacun d’eux, l’un apportant ses ressources à l’autre . » Résilienfance et al. 18 octobre 2014.

+++ Précisions:

* Accordage/interactions accordées : ajustement des comportements, des émotions, des affects et des rythmes d’actions. Attunement D. Stern 1982 – 1985

**Il peut y avoir plusieurs personnes dans l’interaction
 

Et maintenant

 
Cette définition n’est certainement pas parfaite, nous ne détenons pas la vérité et le monopole des réflexions en médiation animale. Mais, nous espérons qu’elle soit « suffisamment bonne » pour que les praticiens se l’approprient et puissent peut-être à leur tour apporter leur pierre à l’édifice.

Alors, à vous de jouer…

Sandie Bélair

+++ A lire:

Précédemment: le discours d’ouverture du colloque par le Président de Résilienfance, Nicolas PEREZ: Les Actes du Colloque Résilienfance # 1: C’est parti!

A suivre la semaine prochaine: la seconde intervention de la table ronde « Approches conceptuelles » : « L’enfant, l’adolescent, l’adulte parent, les animaux médiateurs: vers des affectivités entrelacées » – Jean-Claude BARREY, éthologue, biologie du comportement animal et humain, SRPM, formateur FENTAC,

2 Responses to “Les Actes du Colloque Résilienfance # 2: Le Pays d’Osons!”

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    Etienne
    décembre 21st, 2015 at 20:28

    Un parcours riche, une vraie envie de partager, une démarche réelle et très pro. Merci Sandie pour tout ce que vous faites !!
    Continuez, on a besoin de vrai praticien de la médiation animale !! Des gens de terrain qui connaissent la limite de la théorie.

    avatar
    Sandie Bélair
    février 29th, 2016 at 19:27

    merci Etienne!

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