Natacha Darduin juillet - 5 - 2012
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Si vous êtes de fidèles lecteurs, vous connaissez notre position sur les formations et sur la pratique en médiation animale… je ne reviendrai donc pas sur cela (pour les autres, je vous renvoie aux billets concernés)… Toutefois, le blog est avant tout un média: il a vocation à donner de l’information et à permettre les échanges. Nous avons donc souhaité aujourd’hui donner la parole à Nicolas Emond, psychologue, qui vient de créer un tout nouvel organisme de formation: l’Institut de Formation en Equithérapie (l’IFEq)! Natacha est allée à sa rencontre… et elle nous livre leurs échanges! Bonne lecture. Sandie BELAIR

 

Pouvez-vous nous faire une petite présentation de votre parcours et nous raconter ce qui vous a amené à l’équithérapie ?

Je suis cavalier depuis l’âge de 6 ans, et sans trop rentrer dans les détails, le cheval a toujours été à mes côtés pendant mon enfance, mon adolescence, et jusqu’à aujourd’hui. Il a représenté pour moi autant un cadre d’apprentissage, dépassant largement la seule pratique sportive, qu’un soutien important dans les moments difficiles. Mon parcours vers l’équithérapie commence au tout début de mes études universitaires en psychologie, au moment où j’ai fait un lien entre ce que j’apprenais à la faculté et mon histoire, pourtant relativement banale, avec le cheval. L’idée m’est venue que si le cheval avait pu m’aider à traverser les épreuves plus ou moins ordinaires de la vie, il pourrait certainement être un support de thérapie pour des personnes souffrant de difficultés autrement plus importantes.

J’ai ainsi réalisé un premier stage en hippothérapie à l’âge de 19 ans, dans le cadre de mon DEUG de psychologie. Je me suis retrouvé pendant 1 mois à temps plein chez Hippopassion en Belgique, qui était à l’époque une structure flambant neuve entièrement dédiée à la médiation équine sous toutes ses formes (l’association mène des activités dans des cadres de soin psychique, de rééducation fonctionnelle, et d’insertion sociale par le sport équestre ou le travail). Un grand rassemblement de compétences avec une diversité d’approches et de moyens que je n’ai retrouvé nulle part depuis. Cette expérience a confirmé et renforcé mon projet professionnel. J’ai ensuite pu profiter de mes études universitaires pour réaliser d’autres stages en France, et pour aborder la littérature et la recherche autour de l’équithérapie à travers deux mémoires, dont le dernier m’a permis de valider le titre de psychologue à l’âge de 23 ans.

 

© Photo Institut de Formation en Equithérapie (l’IFEq)

 

Je suis alors entré en formation à la FENTAC, puis j’ai commencé à proposer des séances d’équithérapie à certains des patients que je suivais en tant que psychologue. J’ai aussi souhaité m’engager davantage dans notre branche professionnelle, ce qui m’a amené au Bureau de la FENTAC. Malheureusement des désaccords politiques avec la Présidence, à une période où ma jeunesse admettait peu la patience et le compromis, ont conduit à ce que je sois écarté de mes fonctions, puis à ce que je sois exclu de la formation avant de pouvoir la valider entièrement.

Ce sont ces désaccords qui sont à l’origine du regroupement de confrères partageant l’idée que notre métier et notre formation devraient être davantage centrés sur l’aspect psychothérapeutique de la relation homme-cheval, regroupement qui a abouti à la création de la Société Française d’Equithérapie dont je suis associé, co-fondateur, et que je co-dirige encore jusqu’en septembre prochain. Mon travail au sein de la SFE, en tant qu’équithérapeute, gérant, formateur et auteur, m’a permis des centaines de rencontres avec les acteurs de notre branche, actuels et futurs. Il m’a aussi amené à découvrir de nouveaux modèles de prise en charge médiatisée par le cheval, comme la Psychothérapie Assistée par l’Equidé à laquelle j’ai pu me former et obtenir une certification auprès de l’association américaine EAGALA. Et également à prendre toute la mesure de la situation de notre profession, de sa richesse, de ses difficultés, et des enjeux de nos actions d’aujourd’hui pour les professionnels de demain.

 

Vous avez créé l’Institut de Formation en Equithérapie (l’IFEq), quelle est la genèse de ce projet ?

La SFE, pour qui je travaille depuis 2006, suit une politique de développement qui l’amène à déménager de la région parisienne vers Le Mans, où elle va intégrer des installations en propre. Ma vie personnelle étant sur Paris, j’ai choisi de quitter mon poste en septembre prochain, tout en restant associé de la SFE.

Dans le même temps, j’ai décidé de profiter de ce réaménagement du « paysage » français de la formation en thérapie médiatisée par le cheval pour proposer un nouveau modèle de formation, correspondant à des demandes qui trouvent difficilement des offres adaptées. Il s’agit notamment des demandes de formation certifiante, des demandes de formation en intensif, et des demandes de formation accessibles aux profils moins classiques.

Bien évidemment, la création de l’IFEq est aussi l’aboutissement de projets personnels lié à mon expérience, projet dynamique et en interaction avec tout ce qui se passe dans notre branche professionnelle.

 

D’un point de vue plus administratif, quelles sont les démarches à effectuer pour ouvrir son institut de formation ? Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

 

Il n’y a rien de très spécifique à réaliser pour fonder un organisme de formation plutôt qu’une autre structure, pour peu qu’on ait déjà un minimum de recul ou de soutien sur les aspects juridiques, sociaux et fiscaux liés à la création d’une personne morale.

Pour rentrer dans le champ de la formation professionnelle continue, il reste nécessaire de déclarer l’organisme de formation auprès de la DIRECCTE dont il dépend, et de respecter la réglementation applicable (plan comptable adapté, suivi pédagogique et financier des actions, contrats et conventions de formation, convention collective, etc.). Ces aspects font partie de mon quotidien, puisque je les ai gérés pour la SFE depuis 2005, et que mon réseau personnel me permet d’accéder facilement à une veille juridique sur ces thèmes ; aussi je n’ai jusqu’à maintenant rencontré aucune difficulté particulière dans les formalités de création de l’IFEq.

 

Il existe déjà des centres de formations en thérapie avec le cheval, équithérapie ou encore en équitation adaptée : qu’apporte de plus votre institut ? Avez-vous une orientation théorique particulière ?

A l’occasion d’une recherche que j’ai mené en 2010 (Des Besoins actuels en équithérapeutes, publiée aux Presses Xénophon), nous avons pu découvrir que le marché français de l’équithérapie avait un très fort besoin en professionnels, et que les organismes de formation actuels (FENTAC, FNHC, SFE) étaient loin de pouvoir répondre quantitativement à ce besoin. L’IFEq apporte une réponse, en permettant de former et certifier jusqu’à 12 nouveaux équithérapeutes chaque année.

Le modèle de formation choisi, en intensif puisque la formation se déroule sur 595 heures réparties en 12 mois (1 semaine par mois + 5 semaines de stages), répond aux demandes de formation condensée. C’est un cadre qui correspond bien aux jeunes diplômés du secteur médico-social, ou aux professionnels en reconversion (qui souhaitent généralement se former le plus rapidement et le mieux possible), mais aussi aux salariés réalisant la formation sur leur temps de travail (pour l’employeur, le budget formation et la mise à disposition du salarié sont limités dans le temps).

L’autre point auquel l’IFEq est attaché, c’est une approche professionnalisante, et donc basée sur des compétences communes à tous les professionnels, plutôt que sur des connaissances relevant d’une spécialisation autour d’une orientation théorique. L’objectif est d’amener les futurs professionnels à être capables d’exercer l’équithérapie, et non pas à savoir comment fonctionne l’équithérapie. Et en entrant dans cette logique professionnalisante, ce n’est plus le « métier de base » qui est pertinent pour définir si on est légitime ou non pour exercer l’équithérapie, mais c’est uniquement la certification en tant qu’équithérapeute. C’est pourquoi l’IFEq a conçu et orienté sa formation sur l’acquisition et la validation de compétences, et c’est pourquoi il s’engage à faire enregistrer son diplôme au RNCP dès que les délais réglementaires le permettront (2015-2016). A compter de cet enregistrement, l’équithérapie aura une base légale qui permettra aux diplômés de l’IFEq de ne pas connaître un certain nombre des problèmes que se posent actuellement (poste, salaire, missions…).

 

 

 

Pouvez-vous nous parler de votre équipe de formateurs ?

L’équipe pédagogique de l’IFEq regroupe une quinzaine de formateurs professionnels, pour la majorité équithérapeutes (avec des parcours divers et différentes orientations : psychologie, communication, approche corporelle ou approche sociale), et pour certains issus du milieu équestre (éthologues équins, hippiatres, moniteurs spécialisés). La formation débutant en octobre, nos formateurs ne sont pas encore sous contrat, et je ne peux donc publier aucune information nominative, sinon que j’assurerai personnellement une partie des enseignements.

Je peux toutefois déjà vous annoncer un partenariat avec un nouveau pôle innovant d’équithérapeutes en Île-de-France, qui est actuellement en cours de structuration autour de jeunes acteurs dynamiques.

Et je profite de cette tribune pour proposer publiquement un échange de formateurs aux autres organismes (notamment SFE, FENTAC et FNHC) : nos stagiaires ont tous besoin d’une culture de branche, aussi n’aurions-nous pas intérêt à ce que les représentants des uns et des autres puissent venir présenter directement leur engagement, et même leurs désaccords, au sein des autres cursus ?

 

Pourquoi selon-vous est-il essentiel d’avoir une formation équestre niveau Galop 4, comme vous le stipulez sur votre site, pour suivre la formation ?

La question du niveau équestre est une chimère que nous poursuivons tous.

Il est évident qu’on ne peut pas devenir équithérapeute en 1 an si on n’a pas déjà une expérience équestre, qu’un équithérapeute doit être à l’aise avec son partenaire de travail, mais qu’en même temps un équithérapeute à plus besoin d’être homme de cheval que bon cavalier. Hélas, il n’existe aucun critère à la fois objectif et grand public permettant d’apprécier ces compétences minimales nécessaires. Nous prenons l’option d’essayer de nous reposer sur ce qui est disponible au plus grand nombre, à savoir les galops de la FFE. Le Galop 4 correspond plus ou moins à une pratique régulière de l’équitation pendant 5 ans, ce qui nous semble être un minimum acceptable avant de chercher à intégrer le cheval dans son cadre professionnel.

Toutefois le choix du Galop 4 reste un choix arbitraire : c’est pourquoi le critère principal que nous retenons est de justifier d’une expérience équestre régulière et formatrice d’au moins 5 ans (le Galop 4 étant l’un des justificatifs possibles).

 

Les modalités pour intégrer votre formation sont claires, cadrantes et ouvertes essentiellement aux professionnels médicaux, paramédicaux ou médico-sociaux sous réserve d’expériences complémentaires. De plus en plus de personnes s’improvisent « thérapeute en médiation animale » et nous entendons de plus en plus parler « d’intervenant professionnel en médiation animale », qu’en pensez-vous ? / Quel est votre avis sur le sujet ?

Pour l’IFEq, la question n’est pas de réserver sa formation à une « élite », c’est de délivrer un diplôme qui soit à lui seul une garantie de compétence. Nous restreignons les conditions d’entrée uniquement parce que nous avons un temps de formation limité. L’IFEq s’occupe de former et certifier, et il n’a pas pour vocation de prendre la place des groupements de professionnels, fédérations ou syndicats dont la mission est d’avoir un avis sur le lien entre statut initial et qualification pour les professionnels non qualifiés.

A titre personnel, j’ai un point de vue assez pragmatique et peut-être moins inquiet ou alarmiste que beaucoup de confrères. Quoi qu’on entende, les dérives graves (extorsion, maltraitance, prosélytisme, etc.) sont extrêmement rares dans la médiation animale, et peu nombreux sont ceux qui pourraient en citer un seul exemple avéré. Ensuite, il y a des professionnels plus ou moins compétents qui disent exercer la « médiation animale » ou « l’équithérapie » : mais les moins compétents ne sont pas forcément ceux ayant le parcours le moins académique, et contrairement à la déontologie, l’éthique ne s’acquiert pas en formation.

On entend souvent davantage de ressentiment que de critiques fondées au sujet des praticiens « improvisés ». On s’inquiète plus facilement d’être dépossédé d’un hypothétique privilège durement acquis que du mal qu’ils pourraient causer à autrui. L’enfer est peut-être pavé de bonnes intentions, mais le paradis peut aussi être tuilé d’arrogance. Nous sommes dans un domaine non-réglementé, et en attendant que la situation change, personne parmi nous n’est légitime pour interdire quoi que ce soit à quiconque. Cela ne nous empêche pas de recommander aux porteurs de projets d’acquérir des qualifications, de les faire garantir, et de prendre un engagement déontologique : car c’est cela qui protège les usagers.

Par ailleurs, beaucoup des équithérapeutes « autoproclamés » le sont par ignorance de ce qu’est l’équithérapie et non par abus assumé. Et s’il y a des ignares, c’est de la responsabilité des savants : est-il préférable de leur envoyer des enseignants ou la police ?

 

© Photo Institut de Formation en Equithérapie (l’IFEq)

 

Parlons financement : le prix de la formation au sein de votre institut est relativement important, qu’elle relève d’un financement individuel ou d’un financement par un employeur. Quelles sont les démarches que peuvent faire les personnes intéressées par votre formation pour amoindrir le coût ?

La tarif horaire moyen des formations continues en France se situe au delà de 30€, et va de 13 à 41€ pour les formations en médiation équine.

Bénéficier d’une formation bien conçue, près d’une ville accessible, avec des formateurs et des responsables compétents, un accès à des chevaux pour pratiquer et en gardant des groupes de taille humaine : tout cela implique des coûts importants. L’IFEq a choisi de commercialiser sa formation longue d’équithérapeute de 20 à 25€ de l’heure, ce qui est de notre point de vue un tarif tout à fait compétitif compte tenu de ses qualités. Maintenant, il reste que le montant total de la formation représente une charge importante, surtout pour les particuliers en autofinancement. C’est pourquoi nous leur proposons un étalement des règlements sur 12 à 18 mois, sans frais.

D’autre part, tous les salariés et tous les travailleurs indépendants peuvent accéder aux financements dans le cadre de la formation professionnelle continue (DIF, CIF, plan de formation, contrat de professionnalisation), qui peuvent prendre en charge tout ou partie des frais pédagogiques, mais également des frais de déplacement, d’hébergement et de restauration.

Pour obtenir ces financements, il convient de se renseigner sur ses droits et sur les démarches à réaliser auprès de son employeur (ou service du personnel) ou directement auprès de son OPCA (Fongecif, UNIFAF, ANFH, AGEFOS, AGEFICE, etc.).

Et enfin pour terminer, la question rituelle et plus légère de fin : avec quel animal de roman, de BD, de mythologie… auriez-vous aimé travailler ?

Sans hésiter, mais sans originalité, avec Jolly Jumper. Pour son flegme, ses traits d’esprit, son mauvais caractère, et sa fiabilité indéfectible, il représente une bonne synthèse de tout ce que j’ai aimé chez les chevaux qui m’ont marqué. Et comme il est doué de parole, je serais curieux de savoir enfin ce qu’un cheval pense de mes patients et de moi !

Natacha DARDUIN

Pour en savoir plus:

Le site de l’Institut de Formation en Equithérapie: http://www.ifequitherapie.fr/

Contact: Nicolas Emond – contact@ifequitherapie.fr

11 Responses to “Un nouveau venu: l’Institut de Formation en Equithérapie – l’IFEq”

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    Brigitte MARTIN
    juillet 5th, 2012 at 12:55

    Le conseil d’administration de la FENTAC tient à se positionner et à rappeler à tous ce qui, pour elle, constitue les fondamentaux de la thérapie avec le cheval.

    LA FENTAC, depuis 1986, date de sa création, a 4 missions principales :

    • La formation des personnels soignants issus du monde de la santé ou du médico-social, cavaliers. Ces 2 prérequis sont incontournables. Nous leur demandons d’avoir des connaissances sur les pathologies mentales et physiques, acquises lors de leurs études initiales, indispensables pour travailler auprès des personnes en difficultés, handicapées ou malades mentales.
    • La promotion de la thérapie avec le cheval et la diffusion de ses valeurs : nous sommes présents aux journées, colloques, congrès tant nationaux qu’internationaux.
    • Un pôle d’information et d’interface (centre de ressources) entre le public demandeur de cette prise en soins et les thérapeutes avec le cheval professionnels de la santé, formés et diplômés.
    • Le regroupement des associations et particuliers qui s’intéressent à la thérapie avec le cheval.

    La thérapie avec le cheval est donc pour nous, une spécialisation d’une profession médicale ou médico-sociale.
    En ces temps de règlementation, l’exigence est renforcée quant à la qualité de l’accompagnement thérapeutique, et du respect des droits des patients, avec les lois 2002 et 2005 qui donnent un cadre précis d’intervention.

    Afin de faire respecter ces droits, le ministère de la santé et les Agences Régionales de la Santé exigent des professionnels du soin ou de l’éducation spéciale, une rigueur, une transparence dans les modalités des indications, du déroulement et du suivi des soins.

    Notre formation représente 600 heures et se déroule sur une durée de 3 années, permettant ainsi aux stagiaires qui sont tous des professionnels du soin ou de l’éducation spéciale, de mettre en application les connaissances et la manière d’être à l’écoute que nous leur apportons, au service des patients dont ils s’occupent. Nous leur proposons ainsi 12 modules (6 modules théoriques et 6 modules pratiques), plus des stages d’observation et d’implication.
    Deux grands principes nous conduisent à adopter une pédagogie basée sur l’expérience.

    Comme la thérapie avec le cheval est une thérapie psycho-corporelle, nous consacrons un temps conséquent en travail corporel en salle, et au travail autour, avec et sur les chevaux. Nous sommes aussi convaincus du bien- fondé de partir du corps pour aller vers l’esprit.
    Voilà pourquoi nos 6 modules théoriques sont traversés par 3 fils conducteurs ; le travail corporel, le travail avec les chevaux et les temps consacrés à l’analyse des pratiques.

    • Le travail corporel permet aux stagiaires de devenir conscients de certaines limites à leur implication corporelle, ce qui les aidera, nous l’espérons, à faire la distinction entre leurs propres difficultés et celles des patients. Elle vise aussi l’apprentissage à la prise en compte des signes corporels émis par les autres, les stagiaires n’ayant pas tous acquis dans leur cursus initial de formation, les clés de cette lecture.
    Chacun est amené à faire à sa mesure. Rien n’est obligatoire ; le stagiaire peut refuser ce qui se veut être toujours des propositions et non des assignations.
    Ce travail corporel se présente sous différentes formes : il peut s’agir d’expérimenter des situations que proposent des techniques comme l’eutonie, ou la pratique Feldenkrais, ou encore un vécu de psychomotricité en relation avec l’enseignement du développement psychomoteur, des notions de physiologie ou de psychophysiologie, une découverte des chaînes musculaires, des mises en situation de privation sensorielle (cécité ou surdité), etc…

    • Le travail avec, autour ou sur les chevaux sera l’occasion parfois d’une mise en application de ce qui a pu être vécu en salle ; d’autres fois, grâce à des mises en situation dans les rôles d’accompagnateur, de patient ou d’observateur, nous leur permettrons de vivre et d’analyser certaines des propositions qu’ils pourront ou peuvent déjà faire aux patients dont ils ont à s’occuper (la monte à cru, la monte accompagnée, la monte à 2, etc.). Le fait de conscientiser leurs propres réactions, leur fait entrevoir ce qu’ils peuvent provoquer en l’autre (processus d’empathie).

    • Le travail d’analyse des pratiques : ce sont des temps de parole en présence d’un intervenant formé à ces pratiques qui permettent de prendre du recul sur ce qui se vit en séances. Les stagiaires qui sont au contact de chevaux et de patients sont amenés à tour de rôle à exposer un ou plusieurs cas cliniques. Leurs positionnements (attitudes contre transférentielles) seront analysés et commentés par l’intervenant et le groupe.

    En plus de ces séquences incontournables, des interventions théoriques, ou cliniques transmettent les fondamentaux de la thérapie avec le cheval. Nous proposons aussi un module plus ciblé sur la déontologie et le cadre législatif.
    En effet, nous sommes les premiers en France, à avoir élaboré une charte de déontologie que tout stagiaire diplômé signe ; ce qui garantit pour les patients une qualité, une rigueur et un respect.

    Nous voyons fleurir sous des formes très diverses un ensemble de propositions de formations accessibles maintenant au plus grand nombre. Nous ne voulons en aucun cas empêcher la création de telles écoles. Il y a effectivement de la place pour tout le monde !!! Tel n’est donc pas notre propos, mais le soin est l’affaire des soignants.
    Il existe des textes de loi qui définissent les professions du soin ou du médico-social, des décrets qui délimitent leurs champs de compétences.

    Ces professionnels ont un diplôme d’état reconnu par différents ministères et une formation de base universitaire ou d’institut de formation reconnu par l’état, d’un minimum de 2 années d’études et qui peut aller jusqu’à 7/8 ans pour les psychologues et plus pour les médecins. Il y a des fondamentaux dans ces cursus qui sont incontournables pour travailler dans le domaine du soin.
    Nous le répétons, la formation en thérapie avec le cheval, à notre sens, est une spécialisation à un métier de base de soignant. On est psychomotricien, éducateur, infirmier, psychologue (etc) / formé à la médiation animale équine.

    Valider et reconnaître ces formations nouvelles , dans les cas où elles sont délivrées à des non professionnels du soin psychique, ou physique, c’est tirer un trait sur l’utilité des formations de base qui, non seulement, apportent des connaissances, des compétences et des savoirs faire mais aussi une culture sur le fonctionnement institutionnel, la politique de la santé et les instances qui la mettent en œuvre, et que nous considérons comme indispensables.

    Valider et reconnaître ces formations nouvelles, c’est exposer les demandeurs de soins et leur famille à des prises en charge qui, dans certains cas, ne peuvent avoir un objectif thérapeutique, faute de ces formations de base.

    En ces temps de profonde mutation de la notion de soins, nos pratiques professionnelles sont mises à mal, par l’appropriation commerciale d’un corpus de connaissances et de savoirs -faire , déconnectée de l’éthique et de la posture des professionnels du soin.
    .

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    Nicolas E
    juillet 5th, 2012 at 16:44

    Merci Brigitte pour cette présentation et ces remarques intéressantes, qui appellent différentes réflexions.

    La première, qui est un point de désaccord manifeste, concerne l’approche exclusivement spécialisante soutenue par la Fentac. Vous défendez l’idée que la TAC est une spécialité réservée aux soignants. Nous sommes d’accord sur le fait que pour soigner correctement, il faut être soignant, en revanche nous ne voulons pas défendre l’idée que pour devenir soignant, il faut déjà être soignant. Si les gens viennent en formation pour acquérir des compétences qu’ils possèdent déjà à l’entrée, l’intérêt des formations se limite à des apprentissages instrumentaux ou bien à autre chose qu’aux objectifs annoncés.
    L’IFEq a choisi de considérer le problème dans l’autre sens : nous ne voulons pas penser uniquement aux prérequis, nous pensons principalement aux compétences visées. C’est pourquoi le diplôme de l’IFEq ne compte pas être l’équivalent d’une attestation de présence, mais sera un diplôme à proprement parler : il signifie que son possesseur dispose des qualités requises pour exercer le métier d’équithérapeute, et ce de façon incontestable puisque le jury de certification est indépendant de l’IFEq.
    Ce qui fait qu’un psychomotricien est légitimement un psychomotricien, est-ce parce qu’il a fait une bonne prépa avant d’entrer en formation ? Evidemment non. Est-ce parce qu’il a suivi ses 3 ans de formation ? Non plus, car suivre une formation ne veut pas dire avoir acquis le contenu. N’est-ce pas plutôt parce qu’il a obtenu un DE ? Bien entendu. Dans ce cas pourquoi faudrait-il que ce soit différent pour les équithérapeutes ?

    La seconde concerne l’arbitraire même qui établit les prérequis.
    La Fentac annonce qu’il faut réserver la TAC aux seuls soignants, tout en ouvrant sa formation à des professionnels qui n’ont pas de compétences certifiées dans le soin. Prenons l’exemple des psychologues (je rappelle que psychologue est une profession technique, réservés aux titulaires d’un Master et sans diplôme d’Etat hormis pour les psychologues scolaires), des étudiants (qui par définition ne sont pas encore qualifiés), des travailleurs sociaux (qui travaillent dans le champ de la santé, mais pas dans celui du soin, comme les éducateurs spécialisés, les moniteurs-éducateurs, les éducateurs techniques, ou encore les assistants sociaux) : bien que non soignants, ils sont tous admissibles à la Fentac, et je ne pense pas que la Fentac puisse soutenir qu’ils deviennent de moins bons thérapeutes avec le cheval par la suite.
    Nous sommes donc factuellement d’accord sur le fait que l’équithérapie n’est pas réservée aux seuls paramédicaux, et donc pas aux seuls soignants. La thérapie ne se limite pas à la définition légale de l’exercice de la médecine.

    La dernière sera une répétition de mon invitation.
    L’IFEq souhaite collaborer de façon productive, concrète et dynamique avec tous les acteurs de notre filière, dans notre intérêt commun. Et bien que nous ne soyons pas d’accord en tous points avec la politique soutenue par la Fentac, nous respectons votre point de vue car il défend une certaine conception de notre métier.
    La Fentac accepte-t-elle de venir présenter ses valeurs et son idéologie aux stagiaires de l’IFEq ?

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    Aude Paquet
    juillet 5th, 2012 at 20:14

    Ce qui fait un bon soignant ou autre acteur médico-social c’est bien sa formation initiale! Alors c’est sur que si l’étudiant suit des cours sans s’impliquer ou qu’il s’en fout, ça n’en fera sûrement pas un bon professionnel! Bien entendu ça n’est pas le bocal qui fait le cornichon mais tout le monde s’en doute! Et c’est d’ailleurs pour cela que ds la plupart des formations diplômantes, on passe un concours ou examen afin de sélectionner les personnes. Les connaissances de l’étudiant sont acquises durant la formation et bien sanctionné par un diplôme si l’étudiant a acquis des compétences.
    La Fentac fait une sélection en acceptant des professionnel du médico-social. Elle ne se cache pas d’accepter des éducateurs ou assistant sociaux, qui sont des professionnels de l’humain et qui ne se revendiquent pas forcément de la thérapie…

    Une formation est de qualité quand elle est reconnue, qu’elle est sanctionnée par un diplôme, et surtout quand ses formateurs sont des spécialistes des domaines qu’ils enseignent.
    Les formations de psychomot, d’educ, d’AS, de quoique ce soit, suivent des directives quand aux enseignements à donner aux étudiants. Est-ce le cas en « cheval-thérapie »?
    Les formations dépendent d’un ministère, santé, éducation ou autre et donc doivent être évaluées je suppose…. Est-ce le cas en « cheval-thérapie »?

    Bref, Tout cela pour dire que cette conversation ne sert pas à grand chose tant que la formation de « TAC », « d’équicien » « d’equitherapeute » ou autre titre n’est pas reconnue, n’est pas un métier, n’est pas encadrée, n’est finalement pas grand chose de plus qu’un groupement de personnes qui pensent que le cheval est pertinent comme médiateur mais qui ne savent pas travailler ensemble pour réfléchir à comment créer ce métier, comment encadrer les formations, comme légitimer la pratique.
    Donc soyons réalistes, pour l’instant, seuls des certificats privés attestent simplement des compétences de professionnels à utiliser ce médiateur.

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    Nicolas E
    juillet 6th, 2012 at 8:19

    Aude,

    Concernant la qualité des formations, vous envisagez les choses en tant que bénéficiaire, pour ma part je prends mon point de vue de concepteur et d’administrateur.
    Et sur ce point, oui : la formation de l’IFEq suit des directives (un référentiel formation) qui assurent à tous les stagiaires de développer des compétences repérées, comme dans les DE et comme dans toutes les formations certifiantes.
    Et oui, la formation de l’IFEq est évaluée ; je rappelle d’ailleurs que c’est une obligation légale à laquelle devraient se plier tous les organismes de formation continue.

    Ensuite j’envisage quant à moi l’intérêt de cet enjeu, et je ne pense pas que les débats qui ne débouchent pas sur des accords soient nécessairement stériles.
    L’IFEq accepte l’approche métier parce que nous affirmons que l’équithérapie est déjà un métier, car il peut être entièrement autonome, qu’il demande des compétences particulières, et qu’il permet déjà de gagner sa vie (et je ne comprends pas pourquoi la Fentac assimile la professionnalisation des équithérapeutes à un commerce déplacé).
    Ceux qui renient cette approche devraient aussi expliquer qu’en conséquence, ils refusent de faire faire certifier leurs formations et les professionnels qui l’ont validée.

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    Aude P
    juillet 6th, 2012 at 14:22

    Nicolas,
    je ne mets pas en doute l’évaluation de la formation IFEq ou même la pertinence de son contenu, je ne me permettrais pas mais ce que je souhaiterais c’est que les organismes s’entendent et s’accordent sur les compétences nécessaires à la pratique de l’équithérapie. Or ce n’est pas le cas, les écoles paramédicales s’entendent sur les pré-requis nécessaires à l’obtention d’un DE. Par ex un DE de kiné de telle ou telle école est un DE de kiné parce que des gens ont travaillé sur un programme. Pour qu’il y ait un métier il faut que toutes les formations s’entendent sur les compétences nécessaires à acquérir et à évaluer.
    Là nos points de vue diffèrent. Pour moi et je pense pour la FENTAC, il est important d’être déjà dans le champs du medico-social pour accéder à cette formation car ce n’est pas un métier. Ça ne semble pas être indispensable pour vous qui voulez former à la fois dans le champs de la relation d’aide (je n’ose pas dire de soin) et à la fois dans le champs du médiateur cheval.
    Je pense que c’est un gage de qualité, de sérieux et de légitimité que la FENTAC recrute uniquement des gens déjà formés à des pratiques soignantes, d’aides, ou éducatives (vous l’avez d’ailleurs choisi, mais peut-être était-ce pour d’autres critères). De ce fait la formation se concentre sur la spécificité du cheval dans l’aide.
    Nous ne refusons pas l’approche que vous appelez « métier », nous refusons la formation de masse à des professionnels hors champs médico-social. Si des jeunes veulent se former à l’équithérapie et être de bon professionnel et bien pourquoi ne passeraient-ils pas par une formation initiale de base? En quoi ça dérange? Surtout qu’il existe des formations initiales courtes, accessibles comme moniteur éducateur, aide médico-psychologique.
    Je crois vraiment que notre sérieux et notre crédibilité doit en passer par là!
    Pourquoi s’obstiner à vouloir former de gens post-bac en 1 an sous prétexte que qu’il y aurait des demandes et surtout pourquoi faire croire que l’équithérapie est un métier. Certes ce peut être un moyen de gagner sa vie (bien que difficile) mais il n’y a pas de poste équithérapeute sur le site pôle emploi, pas de fiche métier, donc ne mettons pas la charrue avant les bœufs.
    Enfin pour reprendre votre dernier propos, accepter ou refuser un certificat: quelle différence puisque je vous le rappelle un certificat n’est pas reconnu par l’état et ne donne pas droit à l’appellation métier. Le certificat vient valider des compétences, clôturer une formation et n’a rien à voir avec un accès à une profession. Peut-être à un titre… mais ça dépend des gens, certains voudront se faire appeler équitherapeute après leur certificat privé, d’autres s’en moquent et seules les compétences comptent.

    ps: je ne pense pas non plus que des désaccords rendent un débat stérile, c’est un manque d’échange qui le serait.
    A quand une journée d’étude des grands organismes pour réfléchir ensemble?

    Cordialement

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    Nicolas E
    juillet 6th, 2012 at 20:13

    Aude,

    Je participerai avec grand plaisir à tout travail de réflexion commun, qui reste difficile car nous préférons toujours nous arrêter sur nos désaccords en oubliant de mettre en avant nos convergences.

    Un métier n’a pas besoin de la Loi pour exister, fort heureusement. Sans quoi les psychothérapeutes n’existeraient que depuis 2 ans, il n’y aurait pas de psychanalyste, et les voyantes n’existeraient que dans les livres. En revanche on peut obtenir une législation sur un métier non-réglementé par le biais de la certification professionnelle : c’est la démarche lancée par la SFE en 2008, suivie par la FNHC en 2010 au travers de la réforme « équicien », et c’est la voie que prend immédiatement l’IFEq en construisant d’emblée une formation prête pour la certification.

    La formation d’équithérapeute de l’IFEq repose sur des prérequis (de formation et d’expérience en relation d’aide, de niveau équestre, et de projet), et il n’a jamais été question qu’elle soit ouverte à un public sortant du lycée. En revanche, nous sommes en effet plus larges que la Fentac ou que la SFE dans nos prérequis (puisque nous acceptons ouvertement les professionnels de l’enseignement spécialisé, y compris de l’enseignement sportif, s’ils sont diplômés et déjà expérimentés). Mais plus restrictifs que la FNHC (nous n’acceptons que des professionnels déjà qualifiés pour travailler au bénéfice d’un public en difficulté).
    Il va de soi que si un jour nous sommes amenés à proposer une formation d’équithérapeute ayant le bac pour unique prérequis, il ne s’agira pas d’une formation de 600 heures mais d’une formation d’au moins 2000 heures.

    Maintenant, peut-être ne suis pas suffisamment clair sur mon propos. L’IFEq n’a jamais affirmé que « tout le monde peut devenir équithérapeute en 12 mois ». L’IFEq dit : « tous ceux qui valideront notre diplôme seront incontestablement des équithérapeutes compétents ».
    Et c’est parce que le diplôme a une valeur (car il sera certifié, avec un niveau établi et reconnu officiellement par le Ministère du travail) que la questions des prérequis n’a plus le même sens.

    Ensuite, par rapport à ce qui se passe dans le monde des formations d’Etat, je comprends votre idée, mais je travaille ponctuellement comme formateur et comme jury d’admission au sein de plusieurs IFSI d’Ile-de-France, et je fais plutôt le constat inverse : les critères légaux sont similaires partout, mais chaque organisme les applique avec sa propre conception. Si bien qu’un même candidat n’a pas les mêmes chances d’entrer et de valider sa formation dans 2 établissements différents.
    D’autre part, à programme officiel égal, il n’y a pas non plus 2 IRTS ou 2 IFSI qui proposent des enseignements véritablement comparables. Les commandes d’interventions que j’ai des uns et des autres sur les mêmes points du programme officiel sont parfois diamétralement opposées, autant dans le contenu que dans les volumes horaires.
    Ce qui n’empêche pas au final les titulaires des mêmes DE d’avoir un corpus commun de compétences.

    Aussi j’accepte assez bien la diversité dans le paysage de l’équithérapie, comme dans celui de la psychologie ou dans le monde du cheval. Je ne crains pas d’être contredit ou d’avoir à faire évoluer mon point de vue, et je ne ressens aucune nécessité d’homogénéiser nos discours et actions : car je ne crois que modérément dans les vertus du compromis.
    D’autant plus que les programmes des principaux organismes de formation reposent sur 3 grands points communs (connaissance du comportement du cheval, connaissance du public, et techniques d’intervention) : ce qui est sans doute la preuve que nous avons déjà un bon potentiel de convergence !

    Bien à vous

    avatar
    Aude Paquet
    juillet 7th, 2012 at 11:24

    Merci pour ces explications plus claires et rassurantes.
    Effectivement les voyants, psychanalystes et autres psychothérapeutes exercent un métier mais espérons tout faire pour ne pas y être assimilé! 😉

    À bientôt!

    avatar
    Bertin
    juillet 11th, 2012 at 10:41

    Bonjour à tous,

    J’entends et je lis tous vos propos. Je suis une ancienne monitrice d’équitation qui a repris des études d’éducatrice spécialisée sur le tard, puis, qui suis actuellement la formation de la FENTAC à force de me poser des question sur cette mythique relation d’aide et sur le fonctionnement de l’humain.
    Parce que dans l’opinion public les représentations de l’équithérapie sont souvent réduites au sport adapté,je communique sans cesse pour faire comprendre aux personnes la différence d’approche, de propositions et d’observations entre ce que je faisais en tant que monitrice d’équitation et ce que je propose aujourd’hui. Je pense que toutes les personnes qui utilisent le support du cheval pour faire du sport adapté en appellant ça de l’équithérapie devraient effectivement trouver une formation qui leur permettrait d’entrevoir toutes les finesses de la thérapie avec le cheval et d’utliser ce média non pas parce qu’ils veulent se rapprocher du cheval eux-même mais pour ses qualités qui nous permettent d’observer ce qui vient de la personne accueillie.
    Je suis donc convaincue qu’un enseignement basé sur le développement de l’enfant, les psychopathologies… est réellement nécessaire pour y voir plus clair dans nos pratiques. Et Oui, c’est une spécialisation de mettre en lien ces deux univers du soin et du monde du cheval.
    Cordialement.

    avatar
    marion m
    juillet 11th, 2012 at 12:10

    bonjour à tous,
    après la lecture de vos échanges, quelque chose me semble important pour moi à souligner:
    « Ce qui n’empêche pas au final les titulaires des mêmes DE d’avoir un corpus commun de compétences »: à l’issue d’une formation, ce ne sont pas des compétences qui s’acquièrent, mais des connaissances. les compétences arrivent ensuite au fur et à mesure de l’exercice auprès des patients. comment comprendre les angoisses de morcellement sans entendre un schizophrène vous parler de son corps? pour moi, il est alors indispensable d’avoir une formation et une pratique solide en ce sens. la FENTAC vient alors spécialiser cette pratique initiale auprès de notre public autour du cheval. les éducateurs ou assistants sociaux font partie intégrante des équipes de soin des services même s’ils ne sont pas « professionnels para-médicaux », ce qui justifie leurs compétences et de ce fait ils peuvent accéder à cette spécialisation en TAC. le pré-requis pour entrer en formation est alors d’être dans le soin.

    avatar
    Nicolas E
    juillet 17th, 2012 at 8:28

    Bertin,

    Aujourd’hui, psychothérapeute est un métier qui s’acquiert par spécialisation. Pourtant personne ne bataille pour savoir s’il s’agit d’un métier ou d’une spécialité, bien qu’on puisse le considérer sous les 2 points de vue. L’IFEq adopte le même positionnement par rapport à l’équithérapie : pour nous c’est un métier à part entière, mais il peut aussi s’exercer comme une spécialité.
    Concernant le fait de proposer des formations courtes d’initiation permettant à toute personne de découvrir un peu mieux ce à quoi correspond l’équithérapie, les tenants de la spécialisation s’y refusent catégoriquement en argumentant que ce type de formation courte porte un fort risque de laisser les participants imaginer qu’ils sont qualifiés pour exercer l’équithérapie (et sous-entendu de concurrencer ceux qui font les formations longues en proposant des soins sans en avoir la compétence).

    Marion,

    Là où nous divergeons fermement, c’est que l’IFEq ne considère pas la transmission de connaissances comme un objectif en soi. Tout simplement parce que nos patients se fichent éperdument que leur équithérapeute connaisse par cœur la théorie des 3 cerveaux telle que présentée par Mc Lean en 1970, ou ait validé son diplôme grâce à un mémoire portant sur l’histoire de la TAC. Ils ont besoin de professionnels qui ont des compétences avérées pour la mission qu’ils leur confient, et pas d’universitaires farcis de savoirs.

    Pour exercer une spécialité, il suffit d’acquérir des connaissances supplémentaires. Par exemple : comme je suis psychologue et que je sais comment fonctionne la communication du cheval, je suis entièrement légitime pour proposer un suivi psychologique médiatisé par le cheval à mon patient avec retard de langage ; mais je suis illégitime pour proposer un travail psychomoteur puisque ma formation initiale ne m’a pas qualifié pas pour ce domaine et que ma formation en TAC était une spécialisation et n’avait donc pas pour but de valider cette compétence.
    Pour exercer un métier, il faut des compétences, autrement dit pouvoir mobiliser des connaissances dans un but définit et propre au métier d’équithérapeute. Par exemple, être capable de concevoir un projet de prise en charge en équithérapie adapté à une demande, ou être capable de choisir une cavalerie répondant aux besoins d’un public. C’est pourquoi nous ne proposons pas une formation « en équithérapie » mais bien une formation « d’équithérapeute ». Et c’est pourquoi le diplôme de l’IFEq, contrairement au diplôme de la Fentac, est un diplôme professionnalisant car il s’acquiert sur évaluation de compétences.
    D’autre part, les DE se valident bien par évaluation de compétences et non pas sur seul examen de connaissances : c’est d’ailleurs bien pour cela qu’ils sont des diplômes professionnalisants, inscrits au RNCP et qu’ils permettent de valider un titre (contrairement à la plupart des cursus universitaires). Et le point commun entre 2 diplômés de 2 DE différents, c’est leur compétence à exercer le même métier, et non pas d’avoir les mêmes connaissances (puisqu’ils ont potentiellement suivi des enseignements avec des contenus très différents).

    Enfin concernant la question des prérequis, ceux de la Fentac ne sont pas d’être dans le soin (ce qui exclurait notamment les travailleurs sociaux et les psychologues) mais plus exactement d’être dans la relation d’aide.
    Les prérequis de la Fentac sont donc finalement tout à fait comparables avec ceux de la SFE, de l’IFEq, voire même de la FNHC : notre seule différence est dans notre conception plus ou moins restrictive de la notion de relation d’aide, qui se traduit dans le fait d’annoncer que des professionnels avec un parcours plus ou moins moins strictement académique peuvent ou non accéder à nos formations respectives.

    Bien cordialement

    avatar
    Aurélie
    décembre 11th, 2012 at 11:40

    Merci Monsieur EMOND pour cette excellente intervention.
    Longue vie à IFEQ !

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