Brigitte Martin juin - 23 - 2018
avatar

Vous trouverez ci-dessous l’intervention à deux voix de la FENTAC au Salon du Bien-être avec le Cheval, qui s’est tenu du 1er au juin derniers, avec Brigitte Martin et Agnès Molard! Bonne lecture!


Agnès : Pourquoi la médiation du cheval  auprès des enfants présentant des handicaps psychiques ?

Brigitte : Ces enfants présentent souvent des difficultés de communication et pour favoriser la relation, l’introduction d’un tiers nous semble pertinente.

L’enfant qui n’est pas dans le langage verbal peut  être approché par le biais de la communication sensori-motrice, communication  propre  à l’animal.

Ceux qui présentent des difficultés d’attachement nous amènent aussi à proposer le cheval comme attracteur de la relation. Le cheval, animal sociable, vient chercher le contact avec les autres êtres vivants non prédateurs pour lui et avec lesquels il a certaines qualités identiques, sans être intrusif. Son mode d’entrée en communication par le rituel naso-nasal avant de pénétrer dans l’espace projectif virtuel ou personnel  de l’autre permet aux personnes en contact avec lui de ne pas se sentir oppressées.

Certains enfants  semblent manifester  des angoisses de types psychotiques, démantèlement,             manque d’enveloppe, d’effondrement, d’intrusion…en lien avec des perturbations de l’image du corps. Ils semblent parfois repliés dans une carapace corporelle protectrice. Nous ne pouvons pas les toucher.

Ces perturbations de l’image du corps sont souvent en lien avec une impossible séparation et individuation. Le portage procuré par l’animal dans un dialogue tonique  permettrait une élaboration progressive de cette séparation. (Kevin)

Petite histoire de Kevin

Kevin est un petit garçon de 5 ans. Il vient à l’hôpital de jour avec sa maman pour sa première journée. Il ne manifeste aucune émotion lorsque sa mère le quitte, alors qu’il ne connaît ni les lieux ni les personnes.

Dans ses mains, une petite cuillère qu’il tourne et retourne. Malheur si cette dernière tombe ! Kevin hurle ; il s’effondre, il ne tient plus (physiquement et psychiquement). L’expression « il est à ramasser à la petite cuillère » prend là tout son sens. Il n’a d’ailleurs pas de stratégie pour la retrouver, cette petite cuillère ! Il n’a pas la notion de permanence de l’objet. Comme il est aveugle, la chute de la cuillère équivaut à une disparition.

C’est donc l’adulte qui doit la lui redonner afin de mettre fin  à cette terreur.

L’indication de la thérapie avec le poney est rapidement posée, aux vues de son anamnèse où se mêlent difficultés massives d’accordage affectif avec sa mère, abandonnée par le père, dès le diagnostic de cécité posé.

Comme de nombreux enfants psychotiques, Kevin a été un bébé hypertonique dont le corps ne se moulait pas dans les bras de sa mère, ce qui n’encourageait pas cette dernière à avoir des moments intimes de contacts corporels. Elle le nourrissait au biberon  en le tournant vers l’extérieur, ne supportant pas ce regard vide et ce corps dont la carapace tonique extrême n’engageait pas à la relation. 

Le choix de la médiation a son importance.

Prince, son poney, s’intéresse à lui mais sans insistance. Il est simplement à ses côtés. Il n’a aucune demande. Il n’est pas vécu comme intrusif. Sa présence permet à Kevin de mettre au travail son histoire personnelle faite de séparations répétées (l’abandon de son père, les hospitalisations précoces).

A cheval, il n’a de cesse de revisiter cette interrogation sur la séparation/disparition en cherchant à tout moment à tomber de son poney. L’adulte à ses côtés doit faire preuve de vigilance extrême afin que ses expériences de chute soient toujours accompagnées physiquement (nous le ralentissons dans sa chute et l’empêchons de se faire mal) et psychiquement en mettant en mots notre capacité à l’accueillir là où il en est, et en lui assurant que nous ne le « laisserions pas tomber ».

La permanence de notre présence et notre tolérance sont payantes.  Un beau jour, à cheval, il nous  dit « tu te tiens », faisant sienne la phrase que nous lui répétions « pour ne pas glisser, tu te tiens », intériorisant cette possibilité d’avoir recours à ses propres compétences. Et, alliant gestes à la parole, il s’agrippe aux crins fournis de Prince, nous confiant toute la durée de la séance, sa petite cuillère !

A partir de cette séance, il s’est autorisé à expérimenter avec beaucoup de plaisir des situations de portage diverses (en amazone, en marche arrière, couché, etc.). Petit à petit le dialogue tonique s’est amélioré, à pied comme à cheval, il a pu se risquer à trouver un autre rapport à son corps, à moduler ses états toniques, reflets de son état psychique.

Puis, il s’est intéressé à Prince, acceptant de le brosser en début de séance et en le récompensant avec du pain dur dans lequel il croquait lui aussi, tel un véritable partage, un com-pagnonnage ;  A son arrivée à l’hôpital de jour, il se nourrissait de façon exclusive de Danette au caramel !

Le  dialogue corporel dans le lien affectif avec l’animal  à pied ou à cheval peut servir de support à l’étayage narcissique et au remaniement du schéma corporel et de l’image du corps.

 

 

 

Peux- tu illustrer, Agnès, ce propos avec l’histoire de jules ?

Agnès: Jules est un petit garçon de 5 ans au moment où nous commençons à travailler avec les poneys. Sa naissance a été difficile avec suspicion de séquelles neurologiques non confirmées par la suite. Les parents de jules ont évoqué leur grande anxiété pendant toute la première année.

Jules ne parle pas, il marche sans regarder où il va, toujours de travers, évitant le contact ; Il présente une hypertonie de l’ensemble du corps. Ses épaules sont fermées  et tendues, les poings serrés, il semble s’être constitué une carapace musculaire pour se protéger des contacts avec les autres. Il fredonne des airs de musiques en permanence dont il se saoule de la mélodie et qui viennent encore faire  écran à la relation à l’autre.  Le contact par le toucher est très difficile, il l’évite soigneusement et quand il se trouve contraint d’être porté il devient raide comme un bout de bois. Les contacts entre sa mère et lui sont très brusques. Il n’y a pas de dialogue tonique harmonieux lorsqu’il est dans ses bras. La médiation du poney nous semble une voie possible pour permettre une relation moins menaçante pour Jules.

Notre cadre était un travail individualisé dans un petit groupe de quatre enfants. Chaque enfant ayant un adulte référent. J’étais donc cette personne référente pour Jules. Les poneys étaient en liberté dans le manège et les enfants  avaient la possibilité d’entrer en  interaction avec eux à pied ou signifier leur désir de monter sur leur dos. Pendant de longues semaines Jules arpenta le manège dans lequel nous emmenions les poneys sans les approcher ni les regarder vraiment, il restait en marge tournait autour puis rétrécit progressivement son cercle jusqu’à venir les frôler, toujours sur le côté, le regard en biais. Un jour il accepta de s’asseoir à côté de moi sur un gros domino de plastique posé au sol. Le poney s’est approché de nous le chanfrein tout près de notre visage. Je lui caressais les naseaux montrant à l’enfant la douceur et la chaleur de cet endroit. Il le regardait par intermittence, l’œil furtif et parfois sa main venait frôler les naseaux. Son geste maladroit et rapide pouvait être  empreint d’une certaine violence, mais tout en protégeant le poney, je continuais à guider l’enfant vers ses naseaux.  Etonnamment, tout le groupe d’adultes et d’enfants  s’était mobilisé autour de ce poney et formait comme une matrice nous enveloppant. A un moment donné, Jules regarda intensément l’animal et se mit à le toucher de plus en plus longuement avec beaucoup plus de douceur et finit par mettre ses mains à l’orifice des naseaux du poney, se laissant caresser par son souffle chaud. Pendant ce temps l’état tonique de Jules se modifiait, je le sentais progressivement s’assouplir, se blottir contre moi jusqu’à être dans une hypotonie axiale tel un nourrisson que l’on est obligé de soutenir. Je le pris dans les bras pendant qu’il continuait de s’intéresser au poney, et là  penchant le visage vers celui-ci et le regardant intensément il prononça avec une toute petite voix  « ma maman, ma maman!» c’était la première fois qu’il prononçait le mot maman et relâchait ainsi sa tension corporelle en s’adressant à un autre avec le regard.  Nous restituâmes le soir, à la mère ces mots qui lui étaient adressée et Jules renouvela alors ses paroles. Ce fut un grand moment d’émotion entre eux. Les séances suivantes  Jules approcha plus facilement le poney et put  accepter de monter dessus. Il était rarement à califourchon mais dans un double portage par l’adulte et le poney. Appuyé contre les bras de l’adulte, allongé, il remontait ses jambes pour aller enfouir ses pied dont il avait fait tomber les bottes, dans la crinière. Il restait peu à cheval ; ce temps de complète détente dans la relation à l’autre, adulte ou animal ne pouvait encore durer trop longtemps.

Depuis ce jour les relations avec Jules ont beaucoup évolué au sein de l’institution. Nous avons pu mettre en place un travail avec le hamac, la proximité corporelle est devenue possible et moins menaçante pour lui, et il a même instauré dans son groupe de vie un véritable jeu de bagarre avec un enfant.

Avec sa mère le dialogue tonique s’est instauré progressivement, la mère et l’enfant étant l’un et l’autre  beaucoup moins sur le qui-vive !

Brigitte : Que s’est-il passé dans cette relation avec l’animal ? Que pouvons-nous essayer de comprendre ?

Agnès :

Du côté du poney:

Ses qualités physiques  ont sollicité fortement  l’enfant sur le plan sensoriel, chaleur, odeur, douceur du poil, des naseaux, mais aussi douceur du regard, non intrusif. Son intérêt et son attention particulière à l’enfant fragile et sa constance ont servi d’attracteur de la relation et tous ces éléments ont réveillé chez l’enfant des réactions très archaïques de nourrisson. Époque de sa vie qu’il n’a pu vivre sereinement et en sécurité.  Il a été un  médium suffisamment malléable selon l’expression de R. Roussillon supportant les manipulations et les gestes brusques de l’enfant et son omnipotence.

Le portage en commun avec celui de l’adulte ont contribué à l’aider  à lâcher sa carapace tonique.

Du côté du cadre :

Un espace de liberté, une contenance et une fiabilité permettant à Jules de maitriser son approche de l’autre, puis de se laisser aller en confiance.

Du côté du thérapeute :

Un holding complémentaire à celui du poney, une attention et disponibilité non intrusive, un rôle de présentation du médiateur et de symbolisation de la situation.

 Nous pouvons faire l’hypothèse que ce contexte a  permis à Jules de remettre en jeu une relation primaire, voire primordiale, dans un contexte rassurant et détoxiqué des angoisses de l’environnement. 

J’ai parlé des qualités du poney ;  peux-tu nous les citer Brigitte ?

Brigitte: La plus importante est le côté vivant de ce  médiateur ; Il peut réveiller des pulsions de vie et l’émergence d’un désir. Il est sensible, il s’intéresse à nous, sans être intrusif, il est réactif à nos mouvements, à nos déplacements, à nos émotions et il nous transmet aussi son état affectif. Ses qualités physiques comme, la chaleur, l’odeur, la douceur, peuvent renvoyer à des expériences primitives du côté des imagos maternelles et sa solidité, sa puissance, sa force  du côté  des imagos paternelles. Il est lui-même une expérience sensorielle forte, il stimule le toucher, l’odorat, la vue, l’ouïe et la proprioception.

Le cheval est le seul animal sous nos contrées à être porteur ! Il va donc donner la possibilité de vivre des portages différents adaptés au besoin de chaque enfant. Portages du côté de la régression ou de l’autonomisation dans la verticalisation. Dans tous les cas ce portage lui sert d’étayage.

Cette capacité de portage renvoie aux notions de holding Winnicottien, et de dialogue tonique tel qu’Ajurriaguerra l’a élaborée.

Comme tous les animaux son langage est corporel, sa communication est sensori-motrice,  olfacto-tactile et tonico-émotionnelle. Ceci  permet la restauration d’une communication primaire, des possibilités de projections des fantasmes et des états internes  des enfants. Le cheval ne juge pas mais il communique ses sensations et renvoie aussi à l’enfant les effets de son comportement avec lui ; Il introduit donc d’emblée  de la réalité et de l’altérité dont l’enfant pourra se saisir lorsque son cheminement le lui permettra. (…)

Mais il ne suffit pas pour le cheval d’avoir ces qualités pour  qu’une action thérapeutique se mette en place ! Peux-tu nous en dire plus, STP ?

Et oui, vous l’avez déjà vu au travers de l’illustration clinique et des points clés qui ressortent, le cheval à lui tout seul ne suffit pas ! Sans le thérapeute et sans le cadre thérapeutique, il peut y avoir une belle rencontre mais pas la possibilité pour l’enfant de remettre en scène des situations anciennes  lui permettant de faire advenir dans une relation transférentielle des expériences constructives et  chargées de sens.  C’est le cadre de soin élaboré et mis en place en lien avec le projet individualisé  de l’enfant, qui va lui permettre de vivre ce qu’il a à vivre en fonction de ses besoins. C’est la présence,  la qualité d’écoute et d’attention du thérapeute, ses mots qui vont  permettre la l’élaboration  d’un processus de symbolisation.

Il ne s’agit pas comme dans une séance d’équitation de  proposer aux enfants de faire des exercices, mais d’être avec l’animal, introduit par le thérapeute qui le considère  et l’utilise comme un partenaire de  soin, nous y reviendrons. Le thérapeute propose éventuellement des situations relationnelles et l’enfant peut ou non se les approprier. Le cheval est présenté nu, sans selle, avec juste un licol sur lequel nous pouvons au besoin attacher des rênes. Le travail à pied, autour et avec le cheval sont des moments forts. Le cheval est alors en liberté. S’il y a monte, l’allure du pas est privilégiée.

C’est dans cet espace,  que Winnicott nomme l’aire de l’illusion que la réalité intérieure de l’enfant va pouvoir être  projetée et reliée à la réalité extérieure représentée par le cheval et le thérapeute. Le thérapeute sera attentif à la façon dont l’enfant va se saisir de l’objet cheval pour représenter son monde interne. Le thérapeute doit aussi  être attentif à ses propres éprouvés émotionnels   dans le cadre de cette relation transférentielle, éprouvés qui lui serviront à mieux  comprendre ceux de l’enfant.

Roussillon nous dit : « Un dispositif clinique ne vaut comme tel que s’il organise en son sein un espace de liberté pour le patient ».

 

 

© Photo Résilienfance

Agnès : Nous allons voir encore avec la vignette d’Hélène que tu vas nous présenter, comment peut advenir une situation favorisant l’émergence d’une relation étayante  et subjectivante.

Brigitte: Hélène est une petite fille de 8 ans, porteuse d’une anomalie chromosomique qui a provoqué une surdité moyenne bilatérale, un retard de développement sur une hypotonie de fond. Elle présente une hémi-négligence à droite. Elle a des traits autistiques et est mutique.

Peu expressive, elle ne s’exprime ni oralement, ni en langue des signes française que nous pratiquons à l’Hôpital de Jour. Elle ne semble s’animer que lorsqu’elle  regarde les autres courir, faire du tricycle… Elle vit un peu par « procuration », à travers  son regard.

L’équipe est unanime  pour lui proposer une thérapie avec le poney, espérant la mobiliser émotionnellement et corporellement grâce à la présence du poney et les expériences psychomotrices que nous allons lui proposer.

Le pansage ne l’intéresse pas ; lorsque nous lui tendons une brosse, elle la tient si mollement que celle-ci tombe quelques secondes plus tard. C’est comme si elle n’avait pas intégré ses mains dans l’image de son  corps. Elle n’a pas de coordination oculo-manuelle. Elle a du mal à rester près de sa ponette et préfère, comme souvent,  aller regarder ce que font les autres.

En pénétrant dans le manège, nous lâchons les poneys en liberté. Le fait de les voir se rouler puis ensuite dépenser leur énergie en galopant, décochant des ruades la réjouit. Elle sourit, émet des sons pour exprimer sa joie et sautille en se rapprochant d’eux.

A cheval, au pas, elle assure assez bien son équilibre. Elle ne se tient ni à la crinière, ni à nous. Par contre, nous nous apercevons, à ses dépens, qu’elle « s’accroche » en fait à notre regard (ce canal sensoriel est une des composantes de l’étayage que nous proposons à nos patients, et pour cela, nous marchons à reculons de façon systématique). Ce regard de l’adulte symbolise du côté du thérapeute le portage du poney, comme dans le contexte d’un holding Winnicottien.

Alors que nous nous détournons, Hélène s’écroule et se retrouve par terre, comme un bloc ! Elle n’a pas cherché à s’amortir. Elle ne cherche pas non plus à se relever. Elle ne pleure pas…

Cela se reproduit encore au cours de la séance suivante.

Nous faisons donc l’hypothèse que cet agrippement et ce besoin du regard de l’autre lui permet de lutter contre l’effondrement physique mais aussi psychique et nous devenons très vigilants, nous interdisant de la quitter des yeux.

Pour atteindre Hélène, l’animer un peu, nous sommes obligés de donner beaucoup de notre personne, de théâtraliser notre communication, peut-être pour nous sentir exister. Elle est tellement lisse, tellement inexpressive !

Il nous a fallu : l’ACCEPTER  de façon inconditionnelle, adapter notre prise en charge en fonction de ce qu’elle  nous a  exprimé a minima à travers son corps ;

Afin de l’étayer psychiquement, nous y avons répondu par un INVESTISSEMENT EXCESSIF DU NÔTRE.

Au fil des années, Hélène semble trouver des ressources en elle pour assurer son équilibre seule. Nous nous autorisons donc à baisser notre garde. Elle semble avoir intériorisé la fiabilité du cadre ; son corps tient.

Le pansage commence à l’intéresser. Elle tient la brosse plus fermement et empaume aussi le cure-pied de façon plus tonique. La coordination oculo-manuelle se met en place. Elle investit son corps jusqu’au bout de ses doigts.

Elle imite ses partenaires qui sont à cheval comme elle et commence à s’autonomiser : elle tient plus fermement  les rênes  qu’elle ne lâche plus et peut indiquer à sa ponette la direction à prendre. Des échanges ont lieu avec les 2 autres enfants ; échanges de regards bien sûr, de sourires, et même d’objets. Elle est enfin active et reconnaît les autres comme des partenaires.

Le bénéfice de ce soin sur les remaniements de l’image de son CORPS a pu  l’amener vers une Meilleure CONFIANCE en elle.

Ceci  a pu lui donner  accès à  une AUTONOMISATION, et une SUBJECTIVATION

lui permettant de s’inscrire  et prendre plaisir dans des propositions ludiques.

Lors de la dernière séance en Juin 2013, pour clore ce qui est,  pour elle, sa troisième année de prise en charge, nous réunissons les 2 groupes d’enfants qui sont en thérapie avec le cheval et nous partons nous promener dans la forêt proche, les uns à pied, les autres à cheval, et nous inter-changeons à mi-parcours.

Hélène part du manège  sur sa ponette habituelle. Je la confie à la stagiaire qui a l’habitude d’accompagner les enfants de l’autre groupe. Elles se connaissent donc peu. Dès le seuil, Hélène est par terre !! Elle sanglote ; de grosses larmes coulent sur ses joues…

Pouvons-nous faire l’hypothèse que les liens de confiance en une figure d’attachement que je représentais sont devenus plus forts qu’un regard bienveillant d’une personne non familière ? Cet effondrement nous a permis de comprendre combien ce processus  a participé à la rendre plus humaine.

Le cheval a été ici  pour toi, comme pour moi avec Jules, un partenaire de soin, ce qui est propre à cette  médiation. Tu peux nous le préciser ?

Agnès: Un partenaire de soin a une dimension supplémentaire  à celle du médiateur thérapeutique ;  c’est sa qualité d’être vivant qui lui confère une place active dans la relation thérapeutique. Le thérapeute peut laisser le cheval interagir avec l’enfant (le suivre, le solliciter du bout du nez, le sentir) et s’inscrire à certains moments dans cette relation pour l’amener, de séances en séances, vers une élaboration symbolique. Le dispositif thérapeutique passe d’abord par un « travail de mise en signe » comme le dit R Roussillon, de ce qui émerge au cœur du dispositif proposé et puis il nous faut chercher à comprendre dans quel contexte ce signe prend place, le dégagement du sens pouvant alors être possible. 

En guise de conclusion et avant vos questions, nous tenons à préciser que le thérapeute, en plus de ses connaissances en psycho-pathologie, doit avoir un savoir approfondi sur le  cheval et son mode de vie.  Il s’appuie sur son expérience du monde sensoriel et relationnel du cheval pour le présenter aux enfants. Il doit être cavalier ou l’avoir été pour savoir de quoi il parle et surtout pour avoir vécu ce qu’il fait vivre à son tour aux patients. Il ne propose en aucun cas un apprentissage de l’équitation, ni du loisir ou  du sport adaptés.

 Il se sert de son expérience clinique et  de son propre lien à l’animal pour accompagner l’enfant et comprendre la façon dont celui-ci  utilise l’animal dans le dispositif thérapeutique.

Nous souhaitons préciser enfin que ce n’est pas le cheval en lui-même ou le fait d’être à cheval qui est thérapeutique mais que le cheval est un outil (au sens noble du terme) pour le thérapeute dans un cadre de soins.

Si nous avons fait le choix aujourd’hui de vous présenter le travail avec des enfants il faut préciser qu’il peut bien sûr se décliner avec des adolescents, avec des adultes, et même avec des personnes âgées…

Brigitte MARTIN et Agnès MOLARD

+++ Sur le même thème:

Histoires courtes en Thérapies avec le Chien

Les histoires courtes en thérapies avec le cheval

Les histoires courtes en thérapies avec l’âne

Leave a Reply

Recevez les articles par mail

A propos

La Médiation Animale ? Telle est la question pour un grand nombre de personnes … Le but de cette pratique, en quelques mots, est la recherche des interactions positives issues de la mise en relation intentionnelle homme-animal. Elle est donc associée à une intentionnalité ... Lire la suite

Sandie

Recherchez sur le blog

A découvrir

Bibliographie

Définition Médiation Animale