Sandie Bélair juillet - 26 - 2017
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Le dernier billet avant la pause estivale… et un livre que je vous recommande!

Il y a quelques années déjà, Jean-Claude Barrey, scientifique et éthologue, avait évoqué, lors de l’un de ses cours, le fait que la  « 6ième crise d’extinction de masse » était probablement en cours. Il avait parlé notamment des conséquences terribles pour notre planète et notre humanité. Il s’agissait alors de cette fameuse étude d’écologues qui avait ensuite fait l’objet d’un article paru dans Nature en 2011. Un constat alarmant et surtout des prédictions dramatiques pour notre avenir… Lors de nos nombreuses conversations téléphoniques, il nous arrivait avec Jean-Claude de parler de cela, je le questionnais sur les avancées, la confirmation ou pas de cette étude, les actions que nos sociétés devraient mettre en œuvre pour éviter le pire… en parallèle je continuais et je continue, toujours, à militer, à ma façon et donc à toute petite échelle, pour un monde plus juste et pour le respect de la vie sous toutes ses formes… (Même si je sais que j’ai encore des progrès à faire en terme de gestes écologiques dans mon quotidien, j’essaie de tendre vers un mieux…)

 

 

Puis Jean-Claude nous a quittés… je garde avec moi tous ses enseignements en éthologie certes mais également ceux sur l’écologie, le monde du vivant en général… ils font écho avec ce que mes parents m’ont transmis et ont indéniablement enrichi mon rapport à la nature et à la vie. Je remercie d’ailleurs ma bonne étoile d’avoir mis Jean-Claude sur mon chemin et je réalise la chance d’avoir pu échanger avec lui sur ces sujets. Il m’a ouvert d’autres horizons et m’a permis de rencontrer d’autres hommes et femmes de science !

Et en ce début d’été, je découvre comme vous tous, les résultats d’une étude de trois auteurs (Gerardo Ceballos (Université nationale autonome du Mexique), Paul Ehrlich et Rodolfo Dirzo (Stanford)), parue dans Proceedings of the National Academy of sciences (PNAS), et relayés par de nombreux médias, sinon tous.

Cette étude nous apprend que nous sommes effectivement sur la  voie de cette « 6ième extinction » mais que de surcroît « l’anéantissement biologique » s’est accéléré. Elle confirme, d’ailleurs, celle du WWF d’octobre 2016 qui précise que 50% des populations de vertébrés ont disparu en  40 ans… Le temps de ma vie…  ce qui n’est rien à l’échelle de l’histoire de la Terre. Jean-Claude n’est plus là pour m’expliquer le jargon scientifique de cette étude et je sens, à la découverte de ces éléments, que mes engagements vacillent un peu… Cette incroyable et dramatique information, je l’apprends, juste après avoir terminé le livre d’Allain Bougrain-Dubourg intitulé Il faut continuer de marcher (lors d’un beau week-end sur la côte basque dans une maison qui affiche la charte LPO…), livre qui m’a d’ailleurs passionnée et qui nous invite à poursuivre nos combats.

 

 

Pour résumer, très brièvement, une crise d’extinction de masse, c’est la disparition d’au moins les trois quarts des espèces marines et continentales sur un temps court, soit entre un demi-million d’années et quelques millions d’années. La dernière est celle qui a vu disparaître les dinosaures. Actuellement, au total, 32% des espèces étudiées par cette dernière étude déclinent en termes de population et d’étendue et 30% sont des espèces en déclin sont communes c’est-à-dire qu’elles sont encore classées en tant que « faible préoccupation » et non pas « en danger » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). « Qu’autant d’espèces communes voient leurs effectifs diminuer est un signe fort de la gravité de l’épisode d’extinction biologique actuel », a précisé Gerardo Ceballos. Tous les continents sont concernés par cette érosion de la biodiversité !

 

Infographie Le Monde

 

Lors du colloque « Nous et l’Animal » en févier 2014, au Sénat, (voir mon article : Colloque « Nous et l’Animal », un petit retour à chaud…),Yves Coppens parlait de l’environnement que nous avons « sur-pris » et « surpris », cela illustre bien, je trouve, l’accélération de l’anéantissement biologique que nous connaissons aujourd’hui et qui est révélé au grand public !

Une publication alarmante et une situation dont l’homme est responsable. Les causes : la destruction des écosystèmes avec notamment l’exploitation forestière, l’urbanisation, l’agriculture intensive, mais aussi la surexploitation des espèces (pêche, braconnage, chasse…), la pollution, le changement climatique mais surtout la surpopulation humaine et la surconsommation par les plus riches. Sans oublier, l’influence massive des lobbys qui n’ont que faire de ces études et qui ne favorisent pas l’évolution de notre monde.

Toutefois, tout notre système, toute notre économie sont basés sur le vivant… si la biodiversité disparaît… nous disparaissons également et nous faisons partie de cette biodiversité ! Je poursuis avec cette citation tiré du livre de Mr Bougrain-Dubourg : « Protéger la faune, la flore ou les milieux naturels, c’est investir dans notre économie. A la demande de l’ONU, plus de 3000 experts se sont penchés sur les avantages économiques de la biodiversité (Evaluation des écosystèmes pour le millénaire). Ils ont révélé que 40% de l’économie mondiale reposent sur les services rendus par la nature (le WWF évoque jusqu’à 145 000 milliards de dollars par an). Ces services sont multiples : la pollinisation, le bois, les ressources halieutiques, la santé… Or ils sont en déclin de 60% en raison de la désertification, de la surpêche, de la perte des forêts, etc. Préserver la biodiversité contribue donc directement au maintien de l’économie mondiale. »

Selon les auteurs de cette étude alarmante de juillet 2017, nous avons seulement 2 ou 3 décennies pour agir ! La faune sauvage et la biodiversité ne sont pas intégrées à notre mode de vie dans un esprit de partage. Alors qu’attendons-nous ?

Et si l’on commençait, en France, par cohabiter avec les loups au lieu d’ordonner de nouveaux tirs? Et si l’on se préoccupait de l’extinction de populations de grenouilles et de hérissons? Aujourd’hui mettre son bulletin de vote dans une urne ne suffit plus : l’engagement citoyen doit également être ailleurs… Penser, vivre et consommer autrement me semblent possibles, c’est là qu’est le pouvoir de chaque citoyen. Les problèmes d’écologie ne peuvent pas être gérés seulement à l’échelle d’un état ou d’un continent mais « Le Penser Global, Agir Local » me semble toujours adapté. Et répétons-le haut et fort : « La biodiversité, ce  n’est pas une affaire d’écolos farfelus » comme le dit très justement Gilles Bœuf, biologiste et enseignant à l’université Pierre-et-Marie-Curie à Paris, ex-président du Muséum national d’histoire naturelle, il préside le conseil scientifique de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) !

Avant de vous souhaiter de bonnes vacances, deux lectures à vous soumettre pour poursuivre les réflexions :

  • L’interview (justement) de Gilles Bœuf par le Journal Libération du 11 juillet 2017 : « La biodiversité, ce n’est pas une affaire d’écolos farfelus ». Elle résume plutôt bien la situation et l’urgence à agir… lisez-la, partagez-la…
  • Et le livre d’Allain Bougrain-Dubourg : « Il faut continuer de marcher. Mémoires ». Un livre passionnant sur un homme d’engagement qui se livre avec générosité sur ses points forts mais aussi ses points faibles ! Il a été de tous les grands combats pour la cause animale, la biodiversité… Il y parle aussi de ses découragements, de ses espoirs déchus, de ses engagements qui vacillent, il est authentique et inspirant et surtout il nous dit qu’« il faut continuer de marcher », ne pas renoncer, poursuivre nos combats ! J’ai eu la chance de rencontrer Mr Bougrain-Dubourg sur le salon Animal-Expo en octobre à Paris, il dédicaçait son livre avec moi (je représentais la revue Spirale n°77 « Les tout-petits et les animaux » et ses auteurs) sur le stand de l’Arche des Associations ! Une belle rencontre que m’a permis Animalis, Résilienfance et ce blog que vous êtes toujours plus nombreux à lire ! Merci !
 

 

Je vous laisse sur ce billet alarmant, certes, mais je suis sûre que vous y avez vu aussi une lueur d’espoir et un appel pour continuer (ou commencer) de marcher ou bien de courir, maintenant, au regard de l’urgence de la situation !

« Rien n’arrête une idée en marche lorsque son temps est venu » Victor Hugo

Je vous souhaite un bel été : des lectures, des inspirations, des rires, des contemplations, des émerveillements…

A très vite !

Sandie

+++ Il faut continuer de marcher. Mémoires de Allain Bougrain-Dubourg – 20.90 euros – 448 pp aux Editions de La Martinière
 
+++ Les derniers ouvrages conseillés par l’équipe du blog

L’enfant, l’animal, une relation pleine de ressources

« Le Cheval Médiateur » – Isabelle CLAUDE

Les tout-petits et les animaux

La corrida: Ni art Ni culture, pourquoi? de Isabelle Nail

Les activités équestres à intention thérapeutique » du Dr Marie-Dominique Turmel-Turrou

« Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler », un roman de Luis Sepulveda

Bête à mourir180 jours ou la vie d’un porc d’élevage de sa naissance à sa mort

Le chien – Histoire d’un objet de compagnie

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La Médiation Animale ? Telle est la question pour un grand nombre de personnes … Le but de cette pratique, en quelques mots, est la recherche des interactions positives issues de la mise en relation intentionnelle homme-animal. Elle est donc associée à une intentionnalité ... Lire la suite

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