Il s’agit de la dernière intervention de la table ronde « L’animal dans la famille » et du colloque.
Comment est venue l’idée des chiens d’assistance?
Bonita Bergins a imaginé cette méthode dans les années 70, quand en voyage en Turquie, elle voit des personnes handicapées s’aident de petits ânes pour se déplacer. Revenant aux Etats-Unis, elle commence à écrire une méthode complète de l’achat du chiot à l’attribution aux personnes handicapées. La CCI (Canine Companion for Independance) est alors créé en 1975, et les premiers chiens attribués.
C’est en 1986 qu’une émission de télévision française présente le travail de ces chiens. Elle souligne notamment qu’en France les personnes en situation de handicap ne bénéficient pas encore de ce type d’aide. Marie-Claude Lebret, alors professeur de biologie (bovine) au lycée agricole d’Alençon, était (bien lui en pris) devant son téléviseur ce jour-là. Enthousiasmée, elle décide de s’engager dans un tel projet et de le monter au sein de son lycée avec l’objectif de former 3 à 4 chiens par an qui seraient attribués à des personnes en situation de handicap moteur.
Après des prises de contacts difficiles avec la CCI et une formation longue à ces méthodes, Marie-Claude fonde l’ANECAH ( Association Nationale d’Éducation de Chiens d’Assistance aux personnes Handicapés) en 1989, qui deviendra en 2005 Handi’Chiens.Les 4 premiers chiens seront attribués en 1991, puis 8 chiens en 1992… ce projet prend de l’ampleur, aujourd’hui, Handi’chiens compte 40 salariés et remet environ 150 chiens par an.
La base de notre travail est le chien d’assistance mais, dès 1992, des établissements nous ont contactés afin de pouvoir intégrer des chiens dits, aujourd’hui, d’accompagnement social.
Des parents ont également souhaité que leurs enfants polyhandicapés, autistes, ou trisomiques bénéficient de la présence de tels chiens et de leurs bienfaits.
Les parents de Perle, petite fille, présentant des troubles autistiques, font une demande dès 1992, Marie-Claude, lui remettra cette même année Fistoulic qui sera le 1er chien d’éveil de l’association, et qui permettra à de nombreux enfants de bénéficier de cette aide et de cette présence au quotidien.
Les chiens, sont sélectionnés et travaillés spécifiquement avant l’attribution pour permettre aux parents un apport de qualité. Le choix du chien est fait au contact de l’enfant, nous parlons de relation, donnant//donnant, ou positif//positif, le chien ne pourra provoquer des réactions que si il est lui même dans le bien-être.
Ce « travail » au quotidien permet aux parents de voir leurs enfants différemment et de pouvoir parfois créer ou recréer une relation… l’animal est alors au cours des interactions familiales et un membre de la famille à part entière.
Témoignage Isabelle MAURIN
Isabelle est la maman de Antton jeune garçon polyhandicapé suite à une méningite à l’âge de 18 mois. Elle apporte son témoignage sur ce que le chien d’éveil remis à son fils lui a permis. En effet, suite au diagnostic, Isabelle (professeur d’éducation physique) perd petit à petit le lien avec son enfant. Elle qui est dans la dynamique du corps, dans le mouvement, elle ne sait pas plus communiquer avec lui. Très vite, les échanges se font techniques et sans émotion.
L’arrivée de Enver , chien d’éveil formé sur le centre Handi’Chiens de Lyon, permet à la famille de reprendre pied, de voir le corps de Antton bouger pour aller prendre une caresse… Enver va au contact de Antton et le sollicite.
Pour Antton, c’est un ami, un sourire… pour ses parents, c’est aussi un nouvel élan… ils redécouvrent leur fils, et de nouvelles possibilités d’améliorer le quotidien de leur enfant. L’arrivée d’Enver à permis un apaisement de chacun, et un lien entre chaque membre de la famille.
Afin d’entendre le témoignage d’Isabelle, nous vous conseillons de voir ou de revoir l‘émission Les maternelles diffusée en mars dernier, Isabelle était invitée sur le plateau. Pour cela, cliquez sur le lien qui suit: « Quand les animaux soignent les enfants. »
Florian Auffret et Isabelle Maurin
+++ A lire:
Précédemment:
- le discours d’ouverture du colloque par le Président de Résilienfance, Nicolas Perez: Les Actes du Colloque Résilienfance # 1: C’est parti!
- la première intervention de la table ronde « Approches conceptuelles » par Sandie Bélair: Le Pays d’Osons!
- le seconde intervention de la table ronde « Approches conceptuelles » par Jean-Claude Barrey: L’enfant, l’adolescent, l’adulte parent, les animaux médiateurs: vers des affectivités entrelacées.
- la troisième intervention de la table ronde « Approches conceptuelles » par Patrick Ben Soussan: La parentalité, un concept fourre-tout?
- la première intervention de la table ronde « Parents acteurs » par Émilie Labau-Lalande et Céline Vigues: Et les parents dans tout ça?!
- la seconde intervention de la table ronde « Parents acteurs » par Anabelle Deluc et Cathy Paolin: Le P.H.A.R.E de l’Eyre
- la troisième intervention de la table ronde « Parents acteurs » par Christine Riberolles: Quand l’équithérapie questionne le lien avec la famille d’accueil
- la première intervention de la table ronde « Retour d’expériences » par Sandie Bélair et Vanessa Laborde: Un moment privilégié avec son enfant autour du chien/du cheval
- la seconde intervention de la table ronde « Retour d’expériences » par Annick Labrot: A Lundi à ânikounâ! L’asino-thérapie : un dispositif de prise en charge de la dyade mère-enfant.
- la troisième intervention de la table ronde « Retour d’expériences » par Marie-Anne Butlingaire et Monique Le Bon: L’entre eux deux : corps et espaces dans une re-médiation père / fils.
- la première intervention de la table ronde « L’animal dans la famille » par Claire Lerner: Processus d’attachement au travers des interactions interspécifiques : l’animal dans la famille et approche des situations de violence